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FIFAGATE : au royaume du ballon rond, l’argent est roi

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FIFAGATE : au royaume du ballon rond, l’argent est roi

Après plusieurs années de procédure, il semblerait que le scandale du Fifagate, avec ses ramifications (Qatargate…), touche à sa fin. Si les instances de football ont longtemps été soupçonnées de corruption, notamment lors des attributions des Coupes du monde, ce scandale a révélé les coulisses de l’instance la plus puissante du football mondial.

Mais au juste, c’est quoi le Fifagate ?

Laissez tomber vos calculettes, cette affaire est plutôt simple à comprendre. On parle de pots-de-vin versés par des sociétés de marketing sportifs pour récupérer les droits télés. Ces derniers sont une véritable rente pour la FIFA. Pour la seule période 2015-2018, elle a empoché plus de 3 milliards de dollars de droits télé. De plus, certains responsables sont suspectés de corruption pour l’attribution de la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010.

À partir de mai 2015, les justices américaine et suisse lancent une procédure commune pour arrêter les suspects de cette sombre affaire de corruption. À Zurich, les autorités suisses perquisitionnent le siège de la FIFA et arrêtent 7 hauts responsables pour blanchiment d’argent et gestion déloyale.

Dans le même temps, la justice américaine arrête 9 élus et 5 fonctionnaires de la FIFA pour des malversations financières qui auraient lieu lors les 24 dernières années. Le siège de la CONCACAF (la confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes) est lui aussi perquisitionné. Au total, 42 personnes ont été inculpées par la justice américaine.

L’enquête s’est largement appuyée sur Charles Blazer, ancien secrétaire général de la CONCACAF.  En délicatesse avec la justice, il a préféré collaborer. Il aurait touché des pots-de-vin pour l’attribution des Coupes du monde 98 et 2002. Sentant le vent tourner, il a préféré négocier avec les enquêteurs américains et reçu une jolie proposition pour devenir informateur du FBI et du fisc américain.

Accusés, levez-vous !

Au final, après plusieurs années d’enquête, seul le tribunal de Brooklyn va condamner des suspects à de la prison ferme. Ainsi, José Maria Marin, 86 ans et ancien dirigeant de la fédération brésilienne de football, a été condamné à 4 ans de prison. Il a été jugé coupable de six chefs d’inculpation pour participation à la corruption, fraude bancaire et blanchiment d’argent. Au total, il a reçu la coquette somme de 6.55 millions de dollars de la part de plusieurs sociétés de marketing sportif.

Juan Anel Napout, 59 ans et ancien président de la Confédération de football d’Amérique du Sud, la Conmebol, a été condamné à 9 ans de prison et a dû restituer 3.3 millions de dollars à la justice américaine. Sa ligne de défense a été plus originale, mais moins efficace que son ex-collègue de la FIFA puisqu’il a déclaré au juge « qu’il était un gentil, tout en touchant des pots-de-vin»…

Enfin, José Hawilla, fondateur de deux sociétés de marketing sportif, a été condamné à 500 000 dollars pour sa participation à une corruption active auprès des dirigeants de la FIFA.

Et c’est tout… La justice suisse a été moins prolifique. Après des mois d’enquête, plusieurs procureurs ont été récusés. Les révélations des FootballLeaks ont permis de mettre en lumière les relations ambiguës entre certains fonctionnaires de la justice suisse et la FIFA.

Selon ces informations, le procureur général suisse,Michael Lauber, aurait rencontré plusieurs Gianni Infantino, nouveau président de la FIFA depuis 2016. Ainsi, les accusations contre Jérôme Valcke, ancien bras droit de Sepp Blatter, risquent d’être abandonnées. Ce dernier est suspecté d’avoir participé à transférer 10 millions de dollars à Jack Warner, ancien vice-président de l’organisation en 2008 à la demande du gouvernement sud-africain pour « aider la diaspora africaine dans les Caraïbes ». 

Beaucoup de bruit pour rien ?

Finalement, les hauts responsables de la FIFA n’ont pas été inquiétés. Sepp Blatter, président quand le scandale a éclaté, a toujours juré qu’il n’a jamais été au courant de pratique de corruption. Il a même déclaré au journal l’Equipe qu’il était innocent et n’avait rien à se reprocher en ajoutant « j’ai été victime de ma bonté ». Saint Blatter, priez pour lui…Sous la pression, il a dû démissionner de son poste de président.

Les sponsors de la FIFA, comme Coca-Cola ou Mc Donald’s, ont bien, un temps, demandé à l’organisation plus de transparence. Mais les places coûtent cher et les contrats de plusieurs dizaines de millions d’euros sont trop précieux pour gâcher sa relation avec la FIFA…

Après tout ça, il reste le succulent scandale du Qatargate à venir. Le président du PSG et du média BeIN média, le Qatari Nasser Al-Khelaifi, est toujours suspect dans un « nouveau » scandale de corruption autour de l’attribution des droits télés des Coupe du monde 2026 et 2030. L’enquête suit toujours son cours.

Dès le début de sa présidence, Gianni Infantino a déclaré qu’il allait doter la FIFA de nouvelles institutions de contrôle. En 2017, il a remplacé les chefs des deux commissions d’éthique… Comme changement, on a vu mieux. Dans le fond, peu de choses ont changé à la FIFA. Le président, s’il veut changer l’image de la FIFA, devra prouver par des réformes ambitieuses que son discours est bien différent de son prédécesseur.

Le mot de la fin revient à la ministre de la Justice américaine, Loretta Lynch, en poste en 2016. Elle décrit la FIFA comme « une organisation qui connaît une corruption rampante, systémique et profondément ancrée ». Ah bon ? Mais Blatter nous dit qu’il ne savait rien !

Sources utilisées

  • « Fifagate : 4 ans de prison pour l’ex patron du foot brésilien », L’Express, 22 août 2018.
  • « Tout savoir sur le Fifagate », Les Echos, 29 mai 2015
  • « Fifagate : 9 ans prison Juan Angel Napout », Le Temps, 30 août 2018
  • « Fifagate : deux sociétés marketing sportif condamnées 500000 dollars amende », La Croix, 19 mars 2019.
  • « Deux ans après Fifagate », Le Temps, 13 juin 2017
  • « Rapport financier de la FIFA 2018 », FIFA, 2018. 

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