En 1978, l’Argentine a disputé sa première Coupe du monde à domicile et l’a gagné. Cependant, le titre est encore contesté à ce jour en raison du match suspect contre le Pérou que les Argentins ont remporté sur le score retentissant de 6 à 0, un match que les Péruviens, qui réalisaient jusqu’alors une excellente Coupe du monde, auraient laisser filer. Cette affaire a fait mal aux Argentins, qui cherchaient une occasion de mettre fin aux polémiques en remportant un Mondial sans contestation possible. Puis, en 1986, le moment tant attendu est arrivé. Avec une équipe beaucoup plus équilibrée et technique qu’en 1978, et un joueur exceptionnel (Maradona), l’Argentine a remporté 5 de ses 6 matchs disputés pour s’adjuger son deuxième titre mondial. Est-ce qu’il y a eu des polémiques lors du deuxième titre argentin ? Oui, le but de la main de Maradona. Mais, dans ce même match où il a marqué le fameux but « avec la main de Dieu », l’Argentin a également inscrit l’un des plus beaux buts de l’histoire de la compétition et de l’histoire du football mondial, en dribblant la moitié de l’équipe anglaise. Maradona a été incroyable, on peut quasiment dire qu’il a gagné une Coupe du Monde à lui tout seul, tout comme Garrincha en 1962 et Romário en 1994. Mais toute l’équipe argentine a contribué à remporter ce titre mondial. Rendons hommage à cette équipe de légende.
L’Argentine de Diego Maradona
Lors de la Coupe du monde 1982, l’Argentine a eu la malchance d’être tirée dans un groupe très difficile lors de la deuxième phase, aux côtés de l’Italie et du Brésil. L’équipe n’est alors pas parvenu à montrer tout son potentiel, malgré la présence de Maradona, elle a perdu les deux matchs et a donc été éliminée. Cet échec a été une source d’inspiration pour renverser la situation et aller tambour battant à la Coupe du monde 1986. Avec Maradona désormais capitaine, l’équipe entame la compétition avec beaucoup d’espoir. Après tout, Dieguito était au sommet de son art et extrêmement désireux de montrer au monde entier à quel point il était bon.
A la recherche d’un titre mondial incontestable
Comparée à ses équipes précédentes, l’Argentine de 1986 arrive avec un effectif mieux armé. Avec une défense solide (Ruggeri, Brown et Cucciufo), un milieu de terrain accrocheur (Enrique et Batista) et une attaque dévastatrice avec Burruchaga, Valdano et Maradona, l’équipe possède l’équilibre, la technique et l’habileté nécessaires pour faire bonne figure lors de la Coupe du monde. L’équipe joue dans une nouvelle formation en 3-5-2, qui donne à Maradona la liberté et la sécurité nécessaires pour détruire les défenses adverses.
L’équipe est tombée dans le groupe A, avec l’Italie, alors championne en titre, la Bulgarie et la Corée du Sud. Les Coréens ont été leur premier adversaire, et l’Argentine n’a eu aucune difficulté à s’imposer 3-1, avec des buts de Valdano (x2) et Ruggeri. Lors du match suivant, l’Albiceleste a fait match nul 1-1 contre l’Italie, avec Maradona qui a marqué pour les Argentins et Altobelli pour les Italiens. Dans le match décisif de la première phase, ils ont gagné 2-0 contre la Bulgarie, avec des buts de Valdano et Burruchaga. L’équipe était qualifiée en huitième de finale.
Le clasico contre l’Uruguay
L’Argentine a rencontré son grand et classique rival, l’Uruguay (de Francescoli) en huitième de finale. Comme on pouvait s’y attendre, le match a été âprement disputé, mais l’Argentine est parvenue à trouver la faille par l’intermédiaire de Pasculli, qui a inscrit le seul but du match juste avant la pause et a garanti la qualification de son équipe en quart de finale. L’adversaire serait l’Angleterre, de Lineker, Sansom, Shilton et Waddle.
Un match pour l’histoire
L’Argentine a joué un match historique contre l’Angleterre. C’était la première confrontation entre les deux équipes après la guerre des Malouines, qui a impliqué les deux pays. L’atmosphère avant et pendant le match était tendue, obligeant la police mexicaine à mener une opération complexe autour du stade Azteca pour prévenir tout trouble éventuel. Cependant, sur le terrain, on a assisté à l’une des plus grandes performances d’un joueur dans l’histoire de la Coupe du monde. La première mi-temps a été morne, mais après la pause… Maradona, d’un geste emblématique, a ouvert le score après avoir légèrement touché le ballon du poing, dans un duel aérien avec le gardien anglais. Malgré les contestations, le but a été validé par l’arbitre tunisien Ali Bin Nasser, qui n’a pas vu la « main de Dieu ».
Quelques minutes plus tard, la star a fait oublier la controverse en inscrivant un but hors du commun ! Après avoir reçu le ballon au milieu de terrain, l’Argentin a dribblé cinq joueurs anglais puis le gardien avant de pousser le ballon dans le but vide : Argentine 2, Angleterre 0. Un but si beau, si fantastique, qu’il a été élu en 2002 plus beau but de l’histoire de la Coupe du monde. Et c’est mérité ! L’Angleterre a ensuite réduit l’écart avec un but de Lineker, mais c’était bel et bien le jour de Maradona : Argentine 2×1 Angleterre.
La vengeance des Argentins s’est faite via le football, de la manière la plus délicieuse qui soit. À la fin du match, Maradona a même donné un nom au premier but qu’il avait marqué : « s’il y a eu main, c’était la main de Dieu« .
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La revanche et un ticket pour la finale
L’Argentine a retrouvé la Belgique en demi-finale. Maradona en voulait aux Belges de lui avoir trop mis de coups lors de la Coupe du monde 1982 en Espagne. Bien qu’il ait pris les mêmes coups, Diego était en feu et a marqué les deux buts de la victoire 2-0 de l’Argentine, qui a remporté son ticket pour disputer une nouvelle finale de rêve huit ans plus tard.
Le sacre d’un génie
En finale, l’Argentine a affronté l’Allemagne, une sélection toujours compétitive et dangereuse, qui avait éliminée l’équipe de France de Platini, Amoros, Papin, Tigana et Giresse. Les Allemands comptaient dans leurs rangs des cracks comme Rummenigge, Matthäus, Brehme, Magath et Schumacher. Connaissant la qualité de ses adversaires, l’Argentine s’est appuyée sur la force de son groupe et sur le génie d’un Maradona au sommet de son art. L’Allemagne, quant à elle, a misé sur le marquage individuel de la star argentine par Matthäus. Cette stratégie a fonctionné, mais pas pendant 90 minutes. L’Albiceleste a ouvert le score puis a creusé l’écart grâce à des buts de Brown et Valdano, mais Rummenigge et Völler ont permis aux Allemands d’arracher l’égalisation.
Les Allemands, visiblement fatigués par le soleil ardent du Mexique, ont tenté de calmer le jeu, mais l’Argentine ne l’entendait pas de cette oreille et voulait en finir. Et lorsque Matthaus a laissé s’échapper Maradona, le Pibe de Oro a fait la différence avec une passe qui a permis à Burruchaga de marquer le troisième but argentin, qui a scellé la victoire 3-2. Fin du match. L’Argentine est championne du monde, et cette fois, personne ne peut le contester.
Comme en 1970, le Mexique a assisté à la consécration d’une autre légende du football. Si en 70, c’est Pelé et sa légion de stars qui ont brillé avec la Canarinha, en 86 c’est Maradona et son équipe albiceleste qui ont ébloui le monde du football. L’Argentine était double championne du monde et Maradona en était le principal étendard.
2022, l’année du triplé ?
Après avoir soulevé le trophée en 1986, l’Argentine a eu l’opportunité de remporter un troisième sacre mondial en 1990, lorsqu’elle a de nouveau affronté l’Allemagne en finale. Mais cette fois, ce sont les Allemands qui ont remporté une victoire étriquée sur le score de 1 à 0, sur un penalty transformé par Brehme. Depuis lors, l’Argentine n’a jamais brillé en Coupe du monde. Des grands joueurs ont émergés dans les années 90 comme Redondo, Batistuta, Ortega, Simeone, Zanetti, Sorin, ainsi que dans la décennie 2000 avec Tévez, Agüero, Cambiasso et, surtout, Messi. Mais aucun d’entre eux n’a réussi à mener l’Argentine au titre. La sélection a atteint la finale de la Coupe du monde 2014, mais l’Allemagne a été une fois encore le bourreau. En 2022, les Argentins espèrent retrouver l’équipe qui les a tant fait rêver, une équipe qui mêlait combativité, application tactique et technique et bien sûr la magie d’une star avec pourquoi pas le rôle de Maradona joué par un certain Messi.
Les protagonistes de cette Argentine 1986
L’équipe type : Pumpido ; Cuciuffo, Brown et Ruggeri ; Giusti, Burruchaga, Batista, Héctor Enrique et Olarticoechea; Maradona et Valdano.
Sélectionneur : Carlos Bilardo.
Pumpido : il a gardé le but argentin avec assurance pour aider son équipe à remporter le titre. Il a également été une pièce maîtresse de l’équipe de River Plate qui a remporté la Copa Libertadores et la Coupe intercontinentale en 1986. Il devait être titulaire lors de la Coupe du monde 1990, mais une fracture à la jambe l’a empêché de disputer la compétition.
Olarticoechea : également connu en tant que « El Vasco » (le Basque) en raison de son ascendance basque, il a été le patron du côté gauche de l’Argentine lors de la Coupe du monde, en étant aussi précis au marquage qu’au soutien de l’attaque. Il a joué pour les principaux clubs du pays.
Brown : son nom ne sonne pas du tout argentin, mais sa combativité montrait que c’en était bel et bien un. José Luis Brown était l’un des défenseurs du 3-5-2 argentin lors de la Coupe du monde. Il a joué de 1983 à 1990 avec l’équipe nationale et a été deux fois champion d’Argentine avec Estudiantes.
Ruggeri : Óscar Ruggeri, ou « El Cabezón », fait partie des meilleurs défenseurs de l’histoire de l’Argentine. Il a joué un rôle important lors du sacre de 1986 en étant l’un des grands leaders de l’équipe. Il faisait partie du grand River Plate de 1986, champion d’Amérique et du monde. Il est l’un des détenteurs du record de matchs disputés avec l’équipe nationale argentine, avec plus de 95 matchs joués.
Cuciuffo : il était le défenseur qui fermait le mur de la défense centrale argentine. Très efficace, il a apporté la sécurité nécessaire pour que les attaquants puissent briller lors de cette Coupe du monde.
Giusti : Milieu de terrain défensif et latéral droit, Ricardo Giusti a été l’un des grands défenseurs de l’Argentine championne du monde en 1986. Il a également brillé pour Independiente, en aidant l’équipe à remporter sa septième Copa Libertadores en 1984, ainsi que sa deuxième Coupe intercontinentale la même année.
Héctor Enrique : « El Negro » a été l’un des meilleurs milieux de terrain de la Coupe du monde 1986, avec un nombre incalculable de ballons récupérés. Il est l’auteur de la passe à Maradona avant que ce dernier ne réalise son chef-d’œuvre contre l’Angleterre en quart de finale. Il était également présent lors du triomphe de River Plate en Amérique et au Japon, également en 1986.
Sergio Batista : milieu de terrain défensif qui s’imposait par sa présence physique, Batista était le symbole de la combativité du milieu de terrain argentin. Il a fait partie de l’incroyable équipe d’Argentinos Juniors qui a remporté la Libertadores en 1985, le plus grand exploit du club qui a révélé Maradona. Après avoir raccroché les crampons, il a été l’entraîneur de l’équipe nationale argentine qui a remporté la médaille d’or aux Jeux olympiques de Pékin en 2008, et a dirigé la sélection A de 2010 à 2011.
Burruchaga : « Burru » a été génial lors de la Coupe du monde 1986. Il a marqué des buts, offert des passes décisives, dribblé et a joué un rôle clé dans la conquête du deuxième titre de champion du monde de l’Albiceleste. Lors de la finale, il a été l’homme du match, meilleur même que Maradona, et a marqué le but du titre. Rapide et très adroit, Burruchaga a été un élément important de l’Independiente dans les années 80, qui a remporté de nombreux titres, dont la Libertadores et la Coupe intercontinentale en 1984.
Maradona : que dire du meilleur joueur de l’histoire de l’Argentine, qui a choisi précisément une Coupe du monde pour exploser ? Maradona pouvait dire qu’il a pratiquement gagné la Coupe du monde 1986 à lui tout seul. La façon dont « Dieguito » a joué durant cette Coupe du Monde est indescriptible. Il a marqué un but anthologique en dribblant la moitié de l’équipe d’Angleterre, a marqué un but avec « la main de Dieu » et a délivré plusieurs passes décisives, dont celle qui a donné le titre à l’Argentine. Capitaine, enthousiaste et brillant, il a été plus qu’important pour l’Argentine durant ce Mondial. Sans lui, l’Argentine aurait difficilement passé les quarts de finale. Il est à jamais gravé dans l’histoire du football comme l’un des meilleurs joueurs que le monde ait jamais vu. C’était un génie.
Valdano : il a été un autre élément important dans la victoire de l’Argentine en Coupe du monde. Attaquant coriace et techniquement doué, Valdano a marqué des buts importants lors de la compétition, dont le deuxième but en finale contre l’Allemagne. Il a brillé au Real Madrid, avec qui il a remporté deux championnats d’Espagne et deux Coupes de l’UEFA (aujourd’hui appelée Ligue Europa). Il a mis fin à sa carrière prématurément, à l’âge de 31 ans, en raison d’une hépatite. Il s’est fait connaître comme un philosophe du football, pour ses phrases mémorables sur ce sport.
Carlos Bilardo (sélectionneur) : Milieu de terrain à succès dans les années 60, lorsqu’il a remporté trois Copa Libertadores consécutives avec Estudiantes (ARG), Carlos Bilardo est devenu entraîneur et a brillé avec la sélection argentine, mettant en place la formation 3-5-2 qui avait connu un grand succès au Danemark lors de l’Euro 1984. Le système a parfaitement fonctionné avec l’Argentine en 1986, permettant à Maradona de briller. Il a géré l’équipe nationale de main de maître, même lors de la Coupe du monde 1990, où elle a été finaliste. Il a été élu deux fois meilleur entraîneur d’Amérique du Sud, en 1986 et 1987.
Tous les matchs de l’Argentine lors de la Coupe du monde 1986
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