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Corinthians – Palmeiras : histoire du Derby Paulista

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Corinthians et Palmeiras sont deux clubs qui trouvent leur origine dans les classes populaires de São Paulo à une époque où le football était totalement élitiste, au début du XXe siècle. Les alviverdes (vert et blanc) sont apparus dans les colonies italiennes réparties principalement dans les quartiers de Bixiga, Brás, Mooca et Barra Funda, tandis que les alvinegros (noir et blanc) ont grandi parmi les couches plus populaires, d’ouvriers, de Bom Retiro. Comme elles monopolisaient quasiment tous les supporters de la capitale, les confrontations entre les deux équipes sont vite devenues des clássicos. D’autant plus à partir de 1918, quand les joueurs et les supporters ont commencé à se provoquer.

Quelques chiffres sur le Derby Paulista

Quand tout a commencé : la première confrontation a eu lieu le 6 mai 1917, avec une victoire de Palestra Itália 3-0 contre le Corinthians, grâce à un triplé de Caetano. Mais la rivalité est née juste après la rencontre du 13 mai 1918, pour le championnat Paulista. Avant le match, des supporters de Palestra ont jeté un os par la fenêtre d’un restaurant où les joueurs du Corinthians déjeunaient, dans le centre-ville de São Paulo, avec une note qui disait : “O Corinthians é canja para o Palestra” que l’on peut traduire littéralement par « Le Corinthians est de la soupe pour le Palestra », dans le sens où ils allaient être facile à battre.

À ce moment-là, Palestra n’avait pas encore connu la défaite contre le Corinthians après quatre matchs disputés. Après avoir été mené 1-0 et 3-2, le Corinthians a arraché un match nul héroïque sur le score de 3-3. Il était temps de répondre. Le Corinthians a répondu avec un message sur le même os : “Esse osso era para a canja. Mas não cozinhou por ser duro demais” (Cet os était pour la soupe. Mais il n’a pas cuit parce qu’il était trop dur). Voilà comment a commencé le Derby.

Meilleur buteur : Cláudio (Corinthians): 21 buts

Qui a le plus gagné : les deux équipes sont actuellement à égalité ! Les deux ont gagné 128 matchs (jusqu’en septembre 2020). Il y a eu 111 matchs nuls.

Plus larges victoires : Palmeiras 8-0 Corinthians, le 05 novembre 1933

  • Palmeiras 6-0 Corinthians, le 25 avril 1948
  • Corinthians 5-1 Palmeiras, le 27 août 1952
  • Corinthians 5-1 Palmeiras, le 1er août 1982

Corinthians – Palmeiras : un duel centenaire

Le Derby entre Palestra Italia et Corinthians dans les années 20.
Le Derby entre Palestra Italia et Corinthians dans les années 20.

Les deux équipes sont nées avec le même idéal : amener le football dans les classes les plus populaires de la société de São Paulo. Elles fréquentaient les mêmes quartiers. Elles ont eu des constellations de stars à des époques différentes. Un match entre les deux vaut plus qu’un titre, et si elles s’affrontent pour un titre, le trophée n’est qu’un bonus. La victoire sera toujours plus savourée. C’est un choc suivi par des millions de personnes.

Le Derby Paulista est une confrontation centenaire, dont les histoires se transmettent de père en fils. C’est un match toujours équilibré, même quand l’un va bien tandis que l’autre va mal. Et de pure explosion quand les deux sont dans des périodes de grâce, comme dans les années 30, 40, 50, 90 et 2010.

La naissance du derby paulista

Alors que le football était limité aux couches les plus nobles de São Paulo, Palmeiras et Corinthians ont construit ensemble les bases solides pour populariser ce sport auprès des classes populaires. Tout le monde avait le droit de supporter et de vibrer.

En 1910, le Sport Club Corinthians Paulista a été fondé par des travailleurs de Bom Retiro, inspirés par la tournée au Brésil du Corinthian FC, un club anglais venu de Londres. En 1914, le club tout récemment créé a été champion invaincu avec 100% de victoire dans le Championnat Paulista de la Ligue Paulista de Football. Cette même année, au mois d’août, un groupe d’immigrants italiens, motivé par la présence au Brésil de deux clubs italiens (Pro Vercelli et Torino), a fondé le Palestra Itália, qui allait représenter dans le football, les nombreux Italiens présents à São Paulo. Du coup, de nombreux Italiens qui soutenaient le Corinthians ont fini par retourner leur veste et embrasser les couleurs du nouveau club, strictement lié à l’Italie et pas aussi diversifié que l’équipe alvinegra.

D’année en année, les deux clubs ont commencé à devenir populaires parmi les classes inférieures de la ville et, en 1917, ils se sont affrontés pour la première fois. Et c’est le novice Palestra qui s’est imposé 3-0 face à une équipe de Corinthians déjà expérimentée, grâce à trois buts de Caetano, dans un stade de la Barra Funda appelé Parque Antárctica. Lors des premières rencontres, l’alviverde n’a subi aucune défaite face au alvinegro avec trois victoires en quatre matchs (3-0, 3-1, 3-3 et 4-2). Avant le cinquième duel, cependant, l’atmosphère relativement amicale qui régnait entre les deux clubs a commencé à changer pour toujours après le « caso do osso » (cas de l’os) que nous avons évoqué en début d’article.

Des menaces de coups de ceinture

À partir de cette année-là, les alviverdes et les alvinegros ont définitivement lancé l’un des clássicos les plus importants, les plus chauds et les plus équilibrés du Brésil et du monde. En septembre 1920, quatre jours après le 10e anniversaire du Corinthians, un clássico entre les deux a connu les premiers ingrédients de tension impliquant des joueurs sur le terrain. Lorsque le Corinthians a battu son rival sur le score de 2-1, les esprits se sont chauffés entre l’alvinegro Neco et l’alviverde Primo et cela a engendré une bagarre générale. Au cours de la bagarre, Neco a enlevé la ceinture qui maintenait son short (les uniformes étaient différents à ce moment-là) et a menacé son rival. Cela a rempli de fierté les supporters de Corinthians, qui ont commencé à crier « enlève ta ceinture ! » à leur idole lors des matchs qui ont suivi. Néanmoins, cette même année 1920, c’est le Palestra qui a remporté son tout premier championnat Paulista.

Neco, première idole du Corinthians

En 1922, les rivaux ont disputé un match amical qui valait un trophée pour la première fois : la Taça Cântara Portugália. Le Corinthians a gagné 2-0 (buts de Gambarotta et Neco) et a remporté le premier trophée de l’histoire dans un duel contre le rival.

Palestra champion Paulista de 1920.

Au début des années 1930, la rivalité est encore montée d’un cran avec la bonne phase de Palestra. Entre juillet 1930 et août 1934, l’alviverde a remporté 11 victoires et fait un nul en 12 matchs, ce qui est devenu la plus grande série d’invincibilité de l’histoire de l’équipe face à son grand rival. L’attaquant de Palestra, Romeu, était alors la terreur des Corinthianos, comme le montrent ces quelques résultats de cette série et les buteurs :

  • 24 août 1930 : 4-0 (Serafini, Romeu, Ministrinho et Heitor)
  • 29 mars 1931 : 3-1 (Gagliardo, Romeu et Heitor)
  • 07 septembre 1931 : 2-0 (Romeu et Heitor)
  • 15 novembre 1931 : 3-2 (Heitor, Osses et Romeu)
  • 06 novembre 1932 : 3-0 (Sandro et un doublé de Romeu)
  • 07 mai 1933 : 5-1 (doublé de Romeu, doublé de Gabardo et un but de Carazzo)
  • 05 novembre 1933 : 8-0 (quadruplé de Romeu, triplé de Imparato et un but de Gabardo)
L’attaquant Romeu (à gauche), terreur des alvinegros lors de la goleada 8 à 0.

Le stade incendié après une défaite historique

Rien que dans ces sept matchs, Romeu a marqué 11 buts ! Et les quatre qu’il a marqués dans la victoire 8-0 n’ont jamais été surpassés jusqu’à aujourd’hui. D’ailleurs, ce résultat est la plus grande défaite de l’histoire du clássico et a causé de sérieux dommages au Corinthians. Il y a eu de la casse au Parque São Jorge après le duel et la foule alvinegra a même incendié une partie du stade en guise de protestation. Tout le conseil d’administration du Corinthians est tombé, y compris le président Alfredo Schurig. Et, pour aggraver les choses, dans le match qui a précédé cette rencontre entre les équipes B de Corinthians et Palestra, l’alviverde s’était déjà imposé 4 à 0. Autrement dit, en une seule journée, cela a donné 12-0 pour Palestra contre Corinthians. Pour terminer cette époque inoubliable, Palestra a également remporté le championnat Paulista de 1936 face à son rival, avec une victoire 2-1 en finale.

Le « Jogo das Barricas »

En 1938, les deux rivaux ont participé avec la Portuguesa à un tournoi organisé par le club de São Paulo. Corinthians et Palestra ont fait match nul 0-0 et le Timão est allé en finale contre la Lusa (l’alvinegro a gagné 2-1) en raison d’un plus grand nombre de corners (2 à 0). Le match est devenu connu sous le nom de « Jogo das Barricas », les supporters déposant leur argent dans des barils avant d’entrer dans le stade. Tous les revenus ont été reversés à São Paulo, qui traversait une mauvaise passe financière. Mais il convient de préciser que les supporters n’étaient pas obligés de payer pour voir ces matchs, mais de contribuer s’ils pouvaient en achetant des « cartes souvenirs ».

Le Derby et ses matchs spectaculaires !

Palestra contre Corinthians dans les années 1940.

Palestra devient Palmeiras

En août 1940, Palestra et Corinthians ont disputé le dernier match de l’histoire du clássico au Parque São Jorge. Et le match a été emblématique ! Un supporter palestrino a amené un coq peint en vert au stade pour provoquer le Corinthians. Mais le Timão a gagné 2-0 et la foule alvinegra a chassé le coq et l’a déplumé. Deux plumes sont aujourd’hui encore conservées au club.

Au cours de cette décennie, Palestra a fini par changer son nom en Palmeiras en raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, car le club ne pouvait plus mentionner les pays de l’Axe (l’Italie), et n’a plus jamais rejoué un match dans le traditionnel stade alvinegro. C’est à cette époque aussi que le classique a gagné le surnom de Derby grâce au journaliste Thomaz Mazzoni, qui a comparé la confrontation au Derby d’Epsom, une célèbre course hippique anglaise organisée depuis le 18e siècle qui est devenue synonyme de principal événement sportif.

Les années 40-50 : la période des gros scores

Et c’est exactement à partir des années 40, avec l’inauguration du Pacaembu, que le clássico a connu de grands matchs et de nombreux buts marqués. Les scores comme 4-1, 4-2, 3-3 et 4-3 étaient assez courants.

Dans les années 1950, Palmeiras a remporté le Torneio Rio São Paulo de 1951 après deux victoires face à son rival en finale : 3-2 et 3-1, dont le match retour avec un show de Jair Rosa Pinto, auteur de deux buts. En 1952, l’équipe alvinegra a infligé ce qui était alors sa plus grande goleada au Verde : 5-1, avec quatre buts de Carbone et un de Cláudio. En 1953, un Derby époustouflant s’est terminé sur un 6-4 pour le Corinthians contre Palmeiras, ce qui est aujourd’hui encore la confrontation avec le plus de buts de toute l’histoire du Derby. En 1954, le Timão a pris sa revanche dans un match décisif. Le club a formé l’une de ses équipes les plus légendaires et a remporté le championnat Paulista du IVe centenaire de São Paulo juste après un match nul 1-1 contre Palmeiras.

L’attaque mythique du Corinthians qui a inscrit 103 buts en 30 matchs du Championnat Paulista en 1951 : Cláudio, Luizinho, Baltazar, Carbone et Mário.

Ces années 50 ont été marquées par une série de dix matchs (sept victoires et trois nuls) sans défaite du Corinthians contre Palmeiras, entre juillet 1952 et juillet 1954, et aussi par l’apogée du trio Cláudio, Luizinho et Baltazar, qui sont aujourd’hui encore les meilleurs buteurs du Timão dans le clássico avec respectivement 21, 20 et 19 buts.

Le championnat Paulista de 1963 a été le premier titre d’une génération qui allait être connue comme la Academia de Futebol

Dans les années 60, Palmeiras a commencé à équilibrer les débats avec une équipe emmenée par Julinho, Vavá, Servílio et Ademir da Guia, l’une des rares équipes au Brésil à avoir réussi à concurrencer le Santos de Pelé. Et c’est justement durant cette période que le Corinthians a connu sa plus grande période de sécheresse en termes de titres remportés, même si le club a quand même réussi à vaincre son rival à certaines occasions grâce à Flávio, Dino Sani et un joueur talentueux nommé Rivellino.

L’origine du surnom de « Porco »

En 1969, les alvinegros ont commencé à provoquer leur rival avec le surnom de « porco » (cochon), qui est apparu lorsque deux joueurs du Corinthians sont morts dans un accident de voiture et que le club a dû compter sur des votes à l’unanimité lors d’une réunion du conseil d’arbitrage de la Fédération Paulista de football pour inscrire deux nouveaux joueurs pour remplacer les défunts. Cependant, le représentant de Palmeiras a voté contre et a empêché leur inscription, provoquant l’indignation des Corinthiens, qui ont critiqué « l’esprit cochon » du dirigeant.

Lors de la première confrontation qui a suivi cette affaire, les supporters alvinegros ont commencé à appeler le rival de « porco » et le surnom est devenu la pire insulte pour les alviverdes, qui pendant des décennies ont détesté être surnommés ainsi. Ce n’est qu’à la fin des années 1980 qu’ils ont finalement adopté l’animal comme « deuxième mascotte » (avec la perruche, la mascotte traditionnelle depuis les années 1910) et que le ton péjoratif s’est transformé en encouragement dans des chants pour soutenir l’équipe.

Ademir da Guia et Rivellino, deux génies qui ont marqué l’histoire du Derby.

Le classico le plus équilibré du Brésil

Dans les années 70, le Derby a commencé à être plus disputé et avec moins de buts. Les scores-fleuves d’antan ont cédé la place à de nombreux matchs nuls et à des résultats avec peu d’écart de buts.

La deuxième Academia de Palmeiras

Au cours de cette décennie, les équipes ont disputé une autre finale du Championnat Paulista, en 1974, et c’est Palmeiras qui s’est imposé. Une victoire 1-0, avec un but de Ronaldo, lors d’un match qui a établi le record de spectateurs de l’histoire du Derby : plus de 120 000 personnes ont rempli le Morumbi, dont une grande majorité d’alvinegros, confiants de la victoire. Mais ils n’ont pas réussi à vaincre la deuxième Academia de Leão, Luis Pereira, Dudu, Ademir da Guia, Edu, Leivinha et compagnie.

La deuxième Academia de Palmeiras entre 1972 et 1974.

Après le match, les supporters ont chambré le rival en chantant « Zum, zum, zum… É 21 », faisant allusion aux années de sécheresse du Corinthians dans la compétition (ce n’est qu’en 1977 que celle-ci a pris fin). Une photo de ce match est restée marquée dans l’histoire, sur laquelle on voit Rivellino être consolé par le défenseur Palmeirense Luis Pereira. Cette image capturée par le magazine Placar est devenue la représentation de la défaite et a provoqué le départ du Reizinho do Parque, désigné comme le principal coupable de la déroute.

La photo de Placar qui a provoqué le départ de Rivellino du Corinthians.

Il s’avère que, contrairement à ce que l’on pensait, la consolation de Pereira n’a pas eu lieu à la fin du match, une fois la victoire alviverde consolidée. C’était un geste ordinaire, après que Rivellino ait réclamé une faute non sifflée par l’arbitre. Ce n’est que plus tard, lors d’une contre-attaque, que Palmeiras a marqué. Fait intéressant, l’entraîneur de Palmeiras à l’époque était Oswaldo Brandão, lui qui avait brillé avec le Corinthians dans les années 50.

C’est aussi dans les années 70 que les rivaux se sont rencontrés pour la dernière fois au Parque Antárctica : en janvier 1976, un match nul 1-1. Après ce match, ils se sont surtout affrontés au Morumbi, car le stade est plus grand, qu’il permet aux clubs de percevoir des revenus plus importants, et parce qu’il est neutre. Les rivaux ont joué sporadiquement au Pacaembu. Ce n’est que dans les années 2010, avec la construction des nouveaux stades des deux équipes, que le clássico a commencé à être disputé dans les stades respectifs des alviverdes et alvinegros.

La Democracia Corinthiana

Socrates, Casagrande et Wladimir

Dans les années 80, ce fut au tour du Corinthians de vivre de grands moments et au rival d’endurer une période difficile. En 1982, avec l’équipe devenue connue pour la Democracia Corinthiana, le noir et blanc a battu Palmeiras 5-1 pour le Paulistão de cette année-là avec trois buts d’un jeune Casagrande. Le Timão a également remporté quatre matchs consécutifs entre décembre 1983 et août 1985, mais Palmeiras, même dans des moments difficiles, a remporté cinq clássicos sur les sept disputés entre octobre 1985 et avril 1987, dont une goleada 5-1 en août 1986, juste après que Palmeiras ait adopté le cochon comme deuxième mascotte.

En 1988, il y a eu le premier décès impliquant des supporters des deux équipes dans l’histoire, du palmeirense Cleofas Sóstenes da Silva ; cela a également été le premier décès impliquant une bagarre entre supporters dans le football brésilien. Malheureusement, les bagarres et les cas de violence ont augmenté considérablement dans les décennies suivantes, en particulier dans les années 1990, lorsque le Derby a explosé en termes de rivalité.

Des matchs électrisants et des nerfs à fleur de peau

La provocation de Viola

Si dans les années 70 et 80 le clássico comptait peu de buts et voyait la rivalité se calmer un peu, dans les années 90, elle a refait surface pour durer. Tout a commencé à se réchauffer en 1993, lorsque Palmeiras, avec une importante contribution financière et plein de stars, a mis fin à un jeûne de 16 ans sans titre en battant son rival Corinthians en finale du Championnat Paulista de cette année-là sur le score de 4-0 avec plus de 104 000 personnes au Morumbi. C’était un certain 12 juin, le jour de la Saint-Valentin au Brésil et considéré comme le « jour de la passion palmeirense » par les supporters. En plus de laver l’âme des supporters, la goleada a servi à faire taire le rival et l’attaquant Viola, qui avait imité un cochon lors du match aller de la finale après avoir marqué le but de la victoire corintiana sur le score de 1-0.

Viola célèbre un but contre Palmeiras en imitant un cochon.

L’année suivante, les verts ont à nouveau fait la fête, après une victoire en finale du championnat brésilien de 1994, considéré aujourd’hui comme le plus grand tournoi de l’histoire disputé entre les deux rivaux. Avec des grands joueurs des deux côtés et des matchs électrisants, le Derby est redevenu énorme et le centre d’attention de la ville. En 1995, ce fut au tour du Corinthians de soulever une coupe face à son rival : le Paulistão. Cela a été le premier titre remporté par les alvinegros contre Palmeiras lors d’une finale officielle. Le Timão s’est imposé 2-1, avec des buts de Marcelinho et Elivélton.

La victoire de Palmeiras en Libertadores

L’année 1999 a été témoin de nouveaux chapitres tendus. Entre mai et juin de cette année-là, les rivaux se sont affrontés pour les quarts de finale de la Copa Libertadores et pour les finales du championnat Paulista. Dans la compétition sud-américaine, les rencontres ont été très équilibrées, avec une victoire de Palmeiras à l’aller (2-0) et une du Corinthians au retour (2-0). Le Verdão l’a finalement emporté après une séance de tirs au but (4-2), s’est qualifié pour les demies puis a fini par remporter son premier titre dans la compétition.

La vengeance du Corinthians et une bagarre générale

Un mois plus tard, les alvinegros ont pris leur revanche dans le Paulistão. À l’aller, le Timão s’est largement imposé sur le score de 3-0. Au retour, le match nul 2-2 a permis à l’équipe du Parque São Jorge de soulever le trophée.

Paulo Nunes fonce en direction d’Edílson après les provocations de l’attaquant du Corinthians.

Lorsque le match était en train de se finir, l’attaquant Edílson a commencé à faire des jongles et a provoqué la colère des palmeirenses, qui ont foncé sur lui et déclenché une bagarre générale qui est entrée dans l’histoire du clássico. C’était le feu ! Alors qu’ils vivaient tous les deux une grande phase (les équipes n’avaient jamais traversé des périodes dorées exactement au même moment), la rivalité était à son paroxysme, avec des provocations et des discours qui chauffaient encore plus les supporters avant chaque confrontation.

Edílson réplique et frappe Paulo Nunes, lors de la bagarre générale de 1999.

Paulo Nunes, Vampeta et Edílson ont beaucoup collaboré pour nourrir cette rivalité. L’attaquant de Palmeiras, après la finale d’État de 1999, a ironiquement déclaré : « Laissez-leur le Paulistinha, c’est ce qu’ils méritent ». Des années plus tard, en avril 2018, Vampeta a révélé au journaliste André Ranieri, de Jovem Pan, que les jongles de son coéquipier Edílson étaient prévues à l’avance.

«Nous sommes entrés dans ce match, avec les nerfs, car, un mois plus tôt, nous avions été éliminés par Palmeiras en Libertadores. De plus, lors du match aller de la finale, les gars sont entrés sur le terrain les cheveux teints en vert, car ils venaient de gagner la Libertadores. Seulement, nous avons gagné 3 à 0. […] Cette embrouille, ces petites jongles… Tout était prévu. Je me souviens que, lors d’une séance d’entraînement à Atibaia, Edílson a dit: « il faut se venger de ce chambrage ». Dinei a dit : « Eh bien, imitons la Tiazinha, la Feiticeira », car c’est ce que Paulo Nunes avait l’habitude de faire. Il a dit : « ça non … Faites-moi savoir quand le match est sur le point de se terminer, et je traverserai le terrain en faisant des jongles, quel que soit le score ». Et il l’a fait … Le score était de 2-2, ils ont crié du banc qu’il restait 15 minutes à jouer, et Edílson a fait les jongles. Puis c’est parti en bagarre ».

Le Corinthians United

Et cela ne s’est pas arrêté là. À la fin de cette année-là, juste avant la finale du Mondial des Clubs entre Palmeiras et Manchester United, des maillots provocateurs ont été confectionnés à São Paulo pour que les Corinthiens provoquent le rival : des maillots divisés en deux avec une moitié du Corinthians et l’autre moitié de Manchester. Et il semble que cela leur a porté chance, puisque le Verdão a perdu 1-0.

Le maillot double de 1999 qui a servi à chambrer Palmeiras pour la finale du Mondial des Clubs.

En 2000, les équipes se sont à nouveau affrontées en Copa Libertadores, cette fois en demi-finale. Au match aller, le Corinthians a gagné 4-3, et au retour, c’est Palmeiras qui s’est imposé 3-2. La qualification s’est donc jouée aux tirs au but, et c’est l’alviverde qui a été meilleur dans cet exercice en s’imposant 5-4, avec le dernier penalty tiré par Marcelinho qui a été sauvé par Marcos, dans l’un des matchs les plus excitants de l’histoire du Derby. En finale, Palmeiras a fini par perdre contre le Boca de Bianchi, mais les supporters considèrent aujourd’hui encore cette victoire face au rival comme un véritable « titre ».

Des relégations et un retour au top

Dans les années qui ont suivies, Palmeiras a traversé des moments difficiles, a connu une relégation en Série B en 2002, et a vu son rival au top jusqu’en 2005, année à partir de laquelle la donne a changé et c’est le Corinthians qui est descendu, en 2007.

Dans les années 2010, le clássico a repris du poids avec de nouvelles périodes de gloire pour les deux clubs sur la scène nationale. En 2011, le Corinthians a éliminé son rival aux tirs au but en demi-finale du Paulistão, et a par la même occasion brisé le tabou de ne jamais avoir battu Palmeiras aux tirs au but. Cette même année, le Corinthians a célébré son cinquième titre brésilien, et en plus de cela face au Verdão, au Pacaembu, après un match nul sur un score vierge et deux expulsions de chaque côté.

Pour éviter les confrontations entre supporters, les clássicos se jouent actuellement sans supporters visiteurs à l’Arena Corinthians.

En 2014, le Derby a eu lieu pour la première fois au nouveau stade du Corinthians, à Itaquera, et le Timão l’a emporté 2-0. L’année suivante, c’était au tour du nouvel Allianz Parque d’accueillir le Derby, et c’est le visiteur qui a gagné 1 à 0. Cette même année, les rivaux ont également disputé un très bon clássico qui s’est terminé sur un 3-3, sur la pelouse de Palmeiras.

C’est également le cas à l’Allianz Parque.

En 2017, année du centenaire du Derby, les rivaux se sont affrontés trois fois. Lors du premier match, à Itaquera, pour le Paulistão, Corinthians a gagné 1-0. Lors du second, pour le Brasileirão, le Timão a gagné 2-0 à Allianz Parque. Enfin, lors du troisième, à l’Arena Corinthians, c’est encore les alvinegros qui ont remporté la victoire, sur le score de 3-2.

En 2018, les rivaux se sont retrouvés en finale du Championnat Paulista au bout de 19 ans. À l’aller, à la Corinthians Arena, Palmeiras a gagné 1-0. Au retour, à Allianz Parque, victoire alvinegra 1-0. Aux tirs au but, le Corinthians a triomphé et célébré le titre en plein stade du rival.

Palmeiras a pris sa revanche en 2020, dans une autre finale du championnat régional, en s’imposant aux tirs au but après deux nuls (0-0 et 1-1), un titre qui a empêché le Corinthians de remporter quatre titres consécutifs dans le Paulistão (ce qui aurait été une première pour le club) ce qui a mis encore plus de piment dans un duel qui reste féroce, disputé, et très équilibré. Comme on dit, un Derby ne sera jamais un match ordinaire.

Quelques curiosités sur le Derby

  • Ademir da Guia est le joueur qui a le plus joué de Derby avec 57 matchs disputés ;
  • Le stade du Pacaembu est celui qui a accueilli le plus de confrontation de l’histoire (152 matchs), suivi du Morumbi (112);
  • Les rivaux se sont déjà unis lors de matchs amicaux contre d’autres équipes. Et ils n’ont jamais perdu.
    • En 1917, Palestra / Corinthians a battu le Paulistano 2-0 ;
    • En 1929, ils ont battu le Sírio (5-0);
    • En 1930, ils se sont unis pour affronter les Argentins de Tucumán (5-2);
    • En 1992, Corinthians / Palmeiras a remporté la rencontre contre l’union Flamengo / Vasco sur le score de 2-1;
  • En 1945, les rivaux se sont unis pour une cause politique. Ils se sont affrontés au Pacaembu lors d’un match de charité pour le Movimento Unificador dos Trabalhadores (MUT). Organisé à l’approche des élections de cette année-là, le match a également servi à lever des fonds pour le Parti communiste brésilien. Le match, connu sous le nom de « O Jogo Vermelho » (le Match Rouge) s’est terminé sur une victoire alviverde 3-1 ;
  • Le Corinthians a fini champion après des matchs décisifs contre son rival en 1954 (Paulistão), 1995 (Paulistão), 1999 (Paulistão) et 2018 (Paulistão);
  • Palmeiras a fini champion après des matchs décisifs contre son rival en 1936 (Paulistão), 1938 (Paulistão extra, disputé en période de Coupe du Monde), 1951 (Torneio Rio-SP), 1974 (Paulistão), 1993 (Torneio Rio-SP), 1993 (Paulistão) et 1994 (Brasileirão);
  • Plusieurs joueurs ont porté les couleurs des deux équipes dont : César Sampaio, Edmundo, Antonio Carlos, Edu Dracena, Emerson Leão, Gamarra, Luizão, Rincón, Rivaldo, Roberto Carlos, Rogério, Vágner Love, Paulo Nunes et Viola.
  • Corinthians et Palmeiras se sont déjà affrontés dans plus de 20 compétitions différentes, à l’exception de la Copa do Brasil et de la Copa Sudamericana;
  • Malheureusement, il y a déjà eu 11 morts les jours de clássicos;
  • Les deux équipes sont également rivales dans le carnaval. Les deux plus grands groupes de supporters organisés des deux clubs, Gaviões da Fiel et Mancha Verde, ont des écoles de samba dans le carnaval de São Paulo;
  • Le Monument en l’honneur de Duque de Caxias et la Catedral da Sé, deux constructions emblématiques du centre de São Paulo, ont bénéficié de l’aide provenant de Derbys;
  • Le score de 1-0 est le plus courant dans l’histoire du Derby : 65 en 369 confrontations.

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