Flamengo était déjà un club de régate traditionnel de la ville lorsque Vasco a commencé à lui faire concurrence dans les championnats d’aviron. Lorsque le football a commencé à rivaliser avec celui qui était alors le sport préféré des Brésiliens, Flamengo a également créé sa section foot après une embrouille interne entre des joueurs et des dirigeants de Fluminense. Après des années de rivalité avec le Flu, les rubro-negros ont vu Vasco créer une équipe de football en 1915 et remporter un titre d’État en 1923, avec une équipe composée de joueurs des classes sociales plus défavorisées, un affront à la soi-disant normalité de l’époque. De plus, en 1927, le cruzmaltino a inauguré le plus grand stade du pays.
Cette même année, le Jornal do Brasil, en partenariat avec la société d’eau minérale Salutaris, a organisé un concours dans la ville pour décerner un trophée symbolique du « club le plus aimé ». Les supporters devaient voter pour l’équipe qu’ils soutenaient et rapporter les bulletins au siège du journal. Conscients que Vasco gagnerait grâce à sa popularité et à l’importante colonie portugaise, des supporters de Flamengo se sont « déguisés en Portugais », ont imité leur accent et ont porté les couleurs du cruzmaltino au moment de rassembler les coupons de journaux le jour du dépouillement. Puis ils ont jeté de nombreux bulletins vascainos dans les toilettes du journal, et Flamengo a remporté le trophée.
Si l’on ajoute à cela les belles équipes que les deux clubs ont formées, le nombre de supporters qui n’a cessé de croître et les duels électrisants, c’était sûr que la rivalité n’allait faire que de grandir. Cette rivalité a gagné le Brésil et des millions de supporters se sont passionnés pour le rubro-negro et l’alvinegro. C’est devenu le « Clássico dos Milhões ».
L’histoire de la rivalité entre Flamengo et Vasco
Tout ce qui entoure la confrontation entre les deux équipes a toujours été grandiose. On compte pas moins de 50 à 60 millions de personnes passionnées par le rubro-regro et par l’alvinegro et sa croix de Malte. Du nord au sud du pays, et même à travers le monde, les supporters de ces clubs arrêtent tout lorsque leur équipe entre sur le terrain. Ce sont les deux équipes qui comptent le plus d’adeptes à Rio de Janeiro, le plus grand nombre de supporters, le plus grand nombre de titres, ainsi que certaines des plus grandes équipes de toute l’histoire du football brésilien, et même du football mondial.
La grandeur d’un match entre Flamengo et Vasco est unique, inexplicable. Il suffit de regarder l’histoire du clássico pour comprendre cette dimension. Les joueurs qui ont porté les couleurs rubro-negras et le maillot cruzmaltino, les quelques 150 000 personnes qui s’entassaient à la belle époque du Maracanã, les finales épiques, les hégémonies, les buteurs, les idoles, etc. On revient dans cet article sur l’un des derbies les plus chauds du monde.
De l’aviron au football
Flamengo et Vasco ont tous deux été fondés au tournant du 19e siècle en tant que clubs de régate et rivalisaient déjà lors des compétitions d’aviron au début des années 1900 à Rio. Flamengo est né en premier, en 1895, et était déjà l’un des clubs de régate les plus populaires de Rio lorsque Vasco a été fondé en 1898, à l’occasion du 4e centenaire de la découverte de la route océanique vers les Indes, un exploit réalisé par l’amiral Vasco da Gama, d’où le nom choisi par les jeune du quartier de Saúde.
En 1905, alors que le football gagne en popularité, les socios de Vasco décident de créer une section football après une excursion d’une équipe portugaise qui a égayé la colonie lusitanienne de Rio. En 1915, le club s’affilie à la Liga Metropolitana de Sports Athléticos et démarre en troisième division. Puis le club a grimpé jusqu’à atteindre l’élite. En 1923, le club remporte son premier titre carioca de manière historique, avec un positionnement opposé au style aristocratique du football de la ville, et devient le premier club en dehors de la zone sud de la ville ou de Tijuca (les quartiers les plus aisés), à remporter le tournoi régional. Ce titre a été obtenu grâce à une victoire 3-1 contre Flamengo, lors du premier match officiel entre les deux clubs. L’année précédente, dans le Torneio Início, Flamengo avait battu Vasco 1-0.
Une victoire contre les préjugés
Cette victoire de Vasco est cruciale pour le développement de la rivalité, parce que le club compte dans ses rangs des joueurs noirs, mulâtres, pauvres, marchands et ouvriers – du jamais vu dans les clubs de Rio de Janeiro à l’époque – ce qui lui vaut d’être qualifiée « d’équipe de commis et de noirs » et être victime de nombreux préjugés. À tel point que lorsque Flamengo l’emporte 3-2 contre Vasco dans ce même tournoi – une défaite du cruzmaltino que beaucoup voyaient décisive dans la course au titre – une grande fête est organisée dans les rues de la ville, sous les huées des supporters à l’égard de Vasco. Une statue de Pedro Álvares Cabral a été décorée avec des rondelles d’oignons et des marches ont eu lieu dans les rues comme s’il s’agissait de la finale du championnat. Tout cela pour rien, car au final, Vasco a été champion, brisant les paradigmes et scellant la victoire contre les préjugés et le racisme.
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Mais il est clair que « l’élite » n’allait pas laisser ce titre impuni. Peu après, Flamengo, Fluminense, América et Botafogo ont fondé l’Associação Atlética de Esportes Amadores (AMEA), dont Vasco était exclu. Le cruzmaltino insiste pour faire partie de l’entité, qui a enquêté sur la vie de chacun des joueurs pour invoquer la « pureté » de l’amateurisme. N’ayant rien trouvé, l’AMEA créa un autre obstacle : « les analphabètes ne peuvent pas jouer ». Vasco engage alors des professeurs pour apprendre à la plupart des joueurs à écrire au moins leur nom sur les feuilles de match. Face à toutes ces résistances, le club trouve alors un idée pour prouver sa grandeur aux yeux de tous : en construisant un stade. C’est ainsi qu’en 1927, Vasco inaugure le São Januário, le plus grand stade du Brésil à l’époque. En mai de cette même année, Flamengo s’y rend pour la première fois et concède une défaite 3-1 face à l’équipe locale.
La supercherie du “club le plus aimé”
Mais l’étincelle qui met définitivement le feu aux poudres et déclenche la rivalité est lié à la création de la fameuse Taça Salutaris en octobre 1927, visant à récompenser le « club le plus aimé du Brésil ». Le trophée serait remis à l’équipe ayant le plus de supporters, dans le cadre d’un concours promu par le Jornal do Brasil, en partenariat avec la société d’eau minérale Salutaris.
Les éditions du journal contenaient des coupons permettant aux supporters d’élire le club le plus aimé du pays. Grâce à l’importante colonie portugaise, à son stade récemment inauguré et à ses supporters de plus en plus nombreux parmi les classes populaires, Vasco était le grand favori. De plus, les Portugais achetaient de nombreux journaux directement chez les marchands de journaux avant que les exemplaires n’arrivent dans les rares kiosques de la ville, avec pour seul objectif de remplir les coupons. N’ayant aucune chance de faire face leurs rivaux, en tête des sondages avec plus de 60 000 voix, les supporters du Flamengo eurent l’idée de préparer une contre-attaque précisément pour le jour du dépouillement, en 1928.
Déguisés avec une moustache, un maillot de Vasco et imitant l’accent portugais, les Flamenguistas se sont stratégiquement positionnés devant le siège du journal, sur l’Avenida Central, afin de recevoir les sacs remplis de coupons des supporters de Vasco. Lorsque l’un d’entre eux reçoit un coupon, il le passe à un autre Flamenguista, qui se rend au siège du journal et regarde les papiers. Si le coupon porte le nom de Vasco, il finit dans les toilettes. S’il est vierge, ils écrivent Flamengo et le mettent dans l’urne. Après avoir fini par boucher les toilettes, les Flamenguistas ont trouvé une alternative pour se débarrasser des votes vascaínos : dans les cages d’ascenseur.
Après le dépouillement, Flamengo l’a emporté avec 254 850 voix contre 183 742 pour le club de São Januário. La Taça Salutaris a fini entre les mains du rubro-negro, au grand désespoir des Vascaínos, qui n’ont appris la supercherie que le lendemain, après avoir reçu un « cadeau » de leur rival : un pot de chambre avec plusieurs votes vascaínos. La rivalité entre les deux clubs était plus que consolidée.
Les résultats sur le terrain
En 1931, Vasco reçoit Flamengo à São Januário dans le cadre du championnat carioca et lui inflige la plus grosse goleada de l’histoire du clássico : 7 à 0, avec quatre buts de Russinho, deux de Mário Mattos et un de Sant’Anna.
Le match le plus prolifique de l’histoire du derby a eu lieu en 1939 avec une victoire 6-4 de Flamengo, avec notamment un show des Flamenguistas Leonidas da Silva (doublé) et Caxambu (triplé).
En 1941, le rubro-negro entame une incroyable série de 11 matches sans défaite contre son rival, avec sept victoires et quatre nuls entre le 1er juin 1941 et le 3 octobre 1943, date d’une victoire 6-2 du Fla, la plus large victoire rubro-negra de l’histoire du derby. La série de 11 matches sans défaite contre Vasco sera répétée entre 1971 et 1973 et entre 1994 et 1996.
L’année suivante, Vasco met fin à la série noire avec une victoire 5-2 lors du premier clássico de la saison, mais c’est bien Flamengo qui finit par remporter le championnat carioca de 1944 contre une équipe de Vasco considérée comme favorite et qui dispose déjà de l’ossature de ce qui allait devenir « l’Expresso da Vitória« , avec Rafagnelli, Lelé, Isaías, Chico, Ademir de Menezes et Djalma.
Lors d’un match disputé à Gávea, devant plus de 20 000 personnes, Flamengo s’impose 1-0 grâce à un but de l’Argentin Valido, revenu de sa retraite pour aider le rubro-negro dans la dernière ligne droite de la compétition. Le Mengo remporte le titre et les célébrations sont d’autant plus grandes car les Vascaínos se plaignaient d’une faute de l’attaquant sur l’action du but : « Ce titre a été une véritable épopée de passion et d’endurance. Vasco avait la meilleure équipe, mais nous nous sommes surpassés par pur amour du maillot« , a alors déclaré l’éternel Zizinho à propos de la victoire des Flamenguistas.
L’Expresso da Vitória qui a dégoûté les Flamenguistas
Mais comme on dit, tout va très vite dans le football, et ce fut au tour de Vasco de dominer les débats entre le 13 mai 1945 et le 25 mars 1951 avec la plus longue série d’invincibilité de l’histoire du classico : 20 matchs, avec 15 victoires et 5 nuls, dont huit victoires consécutives pendant cette période. Il était difficile de battre l’Expresso da Vitória à son apogée, avec Barbosa, Danilo, Ademir et tant d’autres cracks qui allaient former la base de la sélection brésilienne pour la Coupe du monde 1950.
En 1949, lors de la campagne pour le titre régional, Vasco s’impose même 5-2 contre son rival après avoir été mené 2-0. Cette défaite provoque une énorme crise à Flamengo, avec plusieurs manifestations de supporters qui ne supportent plus de voir leur équipe perdre contre les cruzmaltinos.
En 1952, alors que la dream team de Vasco vit ses derniers instants de gloire, l’équipe termine championne, tandis que Flamengo est vice-champion pour la première fois depuis 1923. Cela se reproduira en 1958. Dans les années 1960, avec la domination du Botafogo de Garrincha et compagnie, les deux clubs connaissent une période de creux et les grands clássicos n’ont fait leur retour que dans les années 1970.
L’âge d’or du Maracanã
Le Temple du football accueillait déjà le Clássico dos Milhões depuis septembre 1950, lorsque Vasco a gagné 2-1 contre Flamengo dans la foulée de la défaite de la seleção en finale de la Coupe du Monde, mais ce n’est que dans les années 1970 que le stade commence réellement à être le témoin de confrontations épiques et de finales à couper le souffle.
Zico vs Dinamite
En 1974, année du premier titre brésilien de Vasco, Flamengo est venu gâcher (avec plaisir) ce qui aurait été une saison parfaite pour son rival en remportant le titre carioca aux dépens des cruzmaltinos après un match nul 0-0 lors de la dernière triangulaire pour le titre. C’est la première fois que Zico et Roberto Dinamite s’affrontent dans un match décisif, des joueurs qui allaient devenir les porte-étendards de moments inoubliables pour les supporters.
En 1976, le record d’affluence de l’histoire du clássico est battu avec 174 770 personnes présentes au Maracana pour assister à la victoire 3-1 de Flamengo lors du tour préliminaire du championnat carioca. Dix-neuf autres matches ont attiré plus de 110 000 personnes dans les gradins, dont cinq plus de 150 000 !
Ces chiffres nous aident à comprendre le nom qui a été donné à ce derby, le Clássico dos Milhões, pour les millions de billets vendus et les millions de supporters disséminés dans tout Rio et le Brésil.
La confrontation anthologique de 1981
En 1977, Vasco prend sa revanche en remportant le championnat carioca aux dépens de Flamengo grâce à une victoire 5-4 aux tirs au but après un match nul 0-0 dans le temps réglementaire. Puis Flamengo remporte le titre en 1978, 1979 et en 1981 avec un duel emblématique entre Zico et Dinamite lors de ce dernier. Après les trois premiers tours, les deux équipes se sont retrouvées en finale et Vasco devait gagner trois matchs contre Flamengo pour être champion, vu que le rubro-negro avait gagné deux tours et les cruzmaltinos un seul (un règlement absurde !)
Dans la première confrontation. Roberto Dinamite réalise un doublé et donne à Vasco sa première victoire : 2-0. Lors du second match, trois jours plus tard, sous une pluie torrentielle, alors que le score était de 0-0 à la 88e minute et que les supporters flamenguistas criaient déjà « on est champion ! », Roberto voit le ballon tomber dans une flaque d’eau dans la surface et déclenche un missile qui a termine sa course dans le but flamenguista : 1-0. Vasco est toujours dans la course pour le titre ! Avant la rencontre, Zico avait déclaré que Flamengo perdrait difficilement deux clássicos d’affilée. C’est pourtant ce qu’il s’est passé ! Ce n’est que lors de la dernière confrontation que le Fla a fini par l’emporter 2-1. Et, grâce au règlement, Flamengo a remporté le titre. Quelques jours plus tard, le rubro-negro se rendait au Japon, où il s’est imposé contre Liverpool pour remporter le titre mondial, couronnant une année tout simplement magique.
Il n’y a pas de favoris dans un classico
Mais un clássico reste un clássico et il n’y a jamais de favoris. En 1982, Flamengo et son effectif champion mondial est le grand favori pour remporter le titre carioca. Mais c’était sans compter sur Vasco qui est monté en puissance tout au long du tournoi grâce à son esprit, à sa détermination et aux changements opérés par l’entraîneur Antônio Lopes, qui a écarté cinq titulaires – Mazarópi, Geovani, Nei, Marquinho et Rosemiro – pour les remplacer par Galvão, Acácio, Ivan, Ernâni et Jérson.
Les choix sont payants, car en novembre 1982, le cruzmaltino s’impose 3-1 contre son rival, puis 1-0 contre l’América avant de l’emporter une nouvelle fois 1-0 face au rubro-negro, grâce à un but de Marquinho qui donne le titre de champion d’État au Gigante da Colina.
En 1986, c’est Flamengo qui remporte le titre régional après une victoire 2-0 lors de la grande finale, puis Vasco est allé le rechercher en 1987 et 1988, la victoire la plus emblématique étant celle de 1988.
Le but de Cocada
Lors de cette finale contre Flamengo, disputée sur deux matchs, Vasco remporte le match aller 2-1, grâce à des buts Bismarck et Romário. Lors du match retour, un match nul suffit pour conserver le titre, mais Cocada en voulait plus. Entré en jeu à la 86e minute à la place de Vivinho, il marque le but de la victoire à la 89e minute (voir le but) et se fait expulser à la 90e minute pour avoir enlevé son maillot. Vasco est champion de Rio de Janeiro pour la deuxième année consécutive. C’est la consécration des jeunes joueurs de São Januário (qui ont remporté 21 des 27 matchs de l’équipe dans la compétition) et de Romário, qui termine deuxième au classement des buteurs avec 16 buts, à un but de Bebeto. Ce fut le dernier titre du baixinho sous les couleurs de Vasco, avant de partir au PSV Eindhoven.
L’année suivante, Vasco couronnait sa bonne phase avec le titre de champion du Brésil, avec Bebeto dans l’équipe après un départ mouvementé de Flamengo. L’attaquant est considéré comme un traître pour avoir porté le maillot de Vasco.
Le show d’Edmundo
Dans les années 90, Vasco est plus heureux que son rival pour ce qui est des titres. Bien que le club ait perdu le championnat carioca 1996 face au Fla, il rebondit parfaitement en remportant une victoire historique 4-1 sur Flamengo en demi-finale du championnat brésilien de 1997, avec un triplé d’Edmundo, qui a également délecté les supporters d’une petite danse pour provoquer le grand rival (voir la vidéo). En finale, Vasco s’est imposé et a remporté le titre brésilien.
L’année suivante, Vasco est allé chercher le titre d’État et, en 2000, le Vascão a infligé une inoubliable goleada 5-1 à Flamengo, avec trois buts de Romário. Il s’agissait alors de la plus large victoire dans le Clássico dos Milhões au cours des 50 dernières années, et depuis, elle n’a été égalée qu’une seule fois par Vasco, en 2001, dans le championnat brésilien. En plus de la goleada, Vasco a également chambré son adversaire avec Pedrinho, qui a fait quelques jongles et n’est pas passé loin de se faire cisailler par le défenseur Juan (voir la vidéo) ! Ce qui a engendré bien sûr beaucoup de confusion et de nervosité.
Ce qui est curieux, c’est que malgré ces titres dans les années 1990, Vasco rencontre des problèmes dans le clássico. Flamengo n’a pas perdu contre son rival dans 11 matchs entre 1994 et 1996 et, entre le 16 septembre 1990 et la victoire 5-1 de Vasco le 23 avril 2000, Flamengo a remporté 24 clássicos contre seulement 10 pour Vasco ! Au cours de cette période, il y a eu neuf matchs nuls. Tout cela était un avant-goût de ce qui allait arriver : Flamengo préparait une ère de revanche et de profondes souffrances à son rival…
L’hégémonie rubro-negra
Flamengo commence à écraser son rival à partir de 1999, et une finale remportée dans le championnat carioca. En 2000, bien que Vasco vivait une meilleure phase et disposait d’une meilleure équipe, c’est Flamengo qui remporte de nouveau le championnat. Et, en 2001, le Mengão avait l’opportunité d’enchaîner un troisième titre consécutif, avec un nouveau Clássico dos Milhões en finale du championnat carioca.
Le coup franc de Petkovic
Lors de cette finale de 2001, le scénario semble se diriger vers une fin différente, car Vasco peut être champion même en cas de défaite par un but d’écart. Sur le papier, le Gigante da Colina dispose d’une équipe supérieure à celle de son rival, d’une équipe expérimentée. Elle avait vécu des moments forts depuis 1997. Mais le rubro-negro a un objectif extra : le tricampeonato. Une chose rare dans le football de Rio, mais que Flamengo avait déjà réussi à trois reprises. Le Mengão veut son quatrième « tri » et l’occasion se présente devant lui. Une telle opportunité peut prendre des années, des décennies avant de se présenter à nouveau. Son dernier « tri » datait de 1979. Et le dernier dans l’État à avoir réussi la prouesse était Vasco, en 1994, un statut qu’il voulait conserver.
En plus de Zagallo sur son banc, un véritable talisman, un aimant à titre témoin des meilleurs moments du football brésilien, l’équipe compte un jeune gardien dans les buts, Júlio César, un grand défenseur, Juan, un magnifique buteur, Edílson, et un maestro avec le numéro 10, un numéro qui avait appartenu à son idole et qu’il portait si bien : Petkovic. Mais à la pause, le score est de 1-1, un résultat qui donne le titre à Vasco. Les supporters cruzmaltinos n’en pouvaient plus, ils en avaient marre de perdre contre le rival ! Une fois, ça arrive, deux fois, c’était déjà insupportable, mais trois fois ?
Puis la seconde période a démarré. Petkovic commence à se montrer. Il a le pied chaud sur les coups de pied arrêtés, mais il fait également mal dans le jeu, comme avec ce centre parfait pour Edilson qui a son tour place une tête parfaite dans les filets au tout début de la deuxième mi-temps. Alors que l’on semblait vers une victoire 2-1 du Fla, insuffisante pour conserver le titre, un coup franc est sifflé en faveur de Pet à la 88e minute de jeu. C’est la balle de match, celle des derniers espoirs. S’il marque, Flamengo est triple champion. Les supporters sont au bord de la crise de nerfs. Tout le monde sait que Pet est un spécialiste, mais le coup franc est assez lointain, et il faut également battre le très bon Helton dans les buts.
Pet s’élance. Il tire. La balle passe au dessus du mur. Helton plonge tel un chat, mais le ballon vient se nicher en pleine lucarne du but du Maracanã. But de Pet, but pour Flamengo ! C’est peut-être le coup franc le plus incroyable de l’histoire de ce stade et l’un des buts qui a le plus été crié de l’histoire de Flamengo, dans l’une des finales les plus épiques du Clássico dos Milhões.
Une hégémonie qui perdure
Et Flamengo ne s’est pas arrêté là. Le club a remporté absolument toutes les finales qu’il a disputées contre son rival au cours des années suivantes : Championnats cariocas de 2004, 2014 et 2019 et, en prime, la Copa do Brasil de 2006, la première finale nationale de l’histoire entre les deux clubs. Il est dommage qu’elle se soit jouée dans un Maracanã d’une capacité d’à peine plus de 45 000 personnes et plein de « trous » dans les tribunes en raison des travaux de rénovation qu’il subissait à l’époque. Malgré cela, cette confrontation a marqué une autre grande page de l’histoire du clássico. Flamengo a remporté les deux matchs : 2-0 à aller et 1-0 au retour. Ce n’est qu’en 2015 que Vasco a réussi à obtenir une petite vengeance en éliminant son rival en huitième de finale de la Copa do Brasil après une victoire 2-1 sur l’ensemble des deux matches.
Les victoires fréquentes face au rival ont renforcé le bilan favorable du rubro-negro dans l’histoire du clássico. Les deux équipes ont remporté le championnat Carioca à 23 reprises avec Flamengo qui l’a gagné 13 fois contre 10 pour Vasco. Dans les confrontations directes entre les deux équipes, l’avantage des rouges et noirs est absolu : 8-1 en finales directes et 3-3 dans des matchs éliminatoires. Au total, les deux équipes se sont affrontés lors de 15 matchs décisifs, avec 11 victoires pour Flamengo et seulement 4 pour Vasco.
Au cours de cette décennie, Flamengo a également battu son record d’invincibilité de 11 matchs sans défaite face à Vasco en enchaînant 17 matchs sans connaître la déroute contre les cruzmaltinos, une série qui a démarré le 25 février 2017 et a connu de grands chapitres en 2019, avec le titre carioca contre le rival après une victoire 2-0, une goleada 4-1 en championnat et un hallucinant match nul 4-4 au match retour du tournoi national. C’était d’ailleurs le tout premier 4-4 de l’histoire du clássico et le match avec le plus grand nombre de buts depuis 1943 et le plus prolifique de l’histoire du clássico au Maracana. Ce n’est qu’en avril 2021 que Vasco a mis fin à cette série noire avec une victoire 3-1, dans un match lors duquel Morato a imité la danse d’Edmundo en 1997.
Au fil des ans, le clássico a également gagné du terrain en salle, sur le sable et même dans les piscines, avec des duels intenses en basket-ball, volley-ball, natation, beach soccer, judo et même football américain. Peu importe la modalité, peu importe le lieu. Flamengo contre Vasco sera toujours un classique électrisant, tendu, suivi par des millions de téléspectateurs. Et quel soulagement pour le sport brésilien de compter dans ses rangs deux clubs aussi gigantesques, aussi chargés d’histoire.
Quelques chiffres sur le Clássico dos Milhões
Quand tout a commencé : la première confrontation a eu lieu le 26 mars 1922, avec une victoire 1-0 de Flamengo contre Vasco dans le cadre du Torneio Início, mais le premier match officiel a été disputé un an plus tard, le 29 avril 1923, avec une victoire 3-1 de Vasco, pour le championnat carioca.
Meilleur buteur : Roberto Dinamite (Vasco): 27 buts
Qui a le plus gagné : Flamengo est devant avec 154 victoires contre 130 pour Vasco et 111 matchs nuls.
Plus larges victoires : Vasco 7-0 Flamengo, 26 avril 1931
- Vasco 5-1 Flamengo, 23 avril 2000
- Vasco 5-1 Flamengo, 6 octobre 2001
- Flamengo 5-1 Vasco, 19 janvier 1938
- Flamengo 6-2 Vasco, 3 octobre 1943
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