Gonzalo Montiel est entré dans l’histoire du football argentin. Non seulement l’une des médailles des champions du monde porte son nom, mais il a également été chargé de tirer le penalty qui a apporté la gloire éternelle à l’équipe nationale et a scellé la victoire contre la France lors de la finale très disputée au stade de Lusail au Qatar.
A 25 ans et sans faire de bruit, il a su être performant chaque fois que l’entraîneur Lionel Scaloni lui a fait confiance pour remplacer Nahuel Molina. Il avait déjà montré son talent lors de la séance de tirs au but contre les Pays-Bas en quart de finale en convertissant son tir au but, et lors du match décisif, lorsqu’est venu son tour de tirer le penalty, les supporters de River ont su que l’Argentine allait être championne. Gonzalo, qui a fait ses débuts en 2016 avec le Millonario, n’a jamais manqué un penalty de toute sa carrière. Sur les 10 penaltys qu’il a tiré, il a marqué les 10. Une nouvelle fois, il a fait preuve de sérénité et a transformé le tir décisif en prenant le gardien Hugo Lloris à contre-pied, pour la plus grande joie de tout le peuple argentin qui a vu sa sélection remporter la Coupe du monde 36 ans après son dernier sacre mondial.
Sur les réseaux sociaux, l’ex-défenseur de River aujourd’hui à Séville a posté des photos d’une nuit inoubliable pour lui et tous ses coéquipiers. Des images avec le trophée tant convoité, avec Lionel Messi et sa famille sur la pelouse de l’immense stade qatari qui restera dans la mémoire de tous les Argentins. Son exploit a également été célébré dans le quartier Esperanza, un quartier humble de González Catán, témoin de ses sacrifices pour atteindre le sommet.
L’enfance de Gonzalo Montiel à González Catán
L’histoire de Gonzalo ressemble à celle de nombreux autres jeunes du football argentin. Il a grandi à González Catán, où son père était maçon et sa mère femme de ménage. Pendant que ses parents travaillaient, Gonzalo accompagnait son grand-père pour vendre des fruits. C’est d’ailleurs à lui qu’il doit son deuxième prénom, Ariel, en référence à Ariel Ortega. Alors que Gonzalo n’avait que 7 ans, son grand-père est mort suite à une querelle de voisinage. C’est à lui que Gonzalo dédie tous ses buts.
Des membres de la famille de Gonzalo Montiel vivent toujours dans ce quartier de La Matanza, située dans la banlieue ouest de Buenos Aires, ainsi que de nombreuses connaissances, amis et voisins qui l’ont vu faire ses débuts dans le football au Club Social y Deportivo El Tala, où il a commencé à jouer et à dessiner la carrière qui, des années plus tard, le mènera au sommet du football.
Le joueur a raconté le sacrifice de son enfance à un média local de La Matanza en 2018. « J’avais dix ans et je me rendais tous les jours de Virrey del Pino, à González Catán, à Villa Martelli, où s’entraînaient les équipes de jeunes de River. Au début, ma mère m’accompagnait, mais comme elle travaillait et devait demander des heures, je me suis débrouillé pour y aller tout seul ».
« J’allais à l’école, puis à l’entraînement et je rentrais le soir… Tous les jours. Comment était le voyage ? Je voyageais seul. Je prenais le bus 620, une camionnette jusqu’à Liniers et de là le bus 28. Deux heures et demi à l’aller et autant au retour. Je l’ai fait pendant près de deux ans, jusqu’à ce que je m’en lasse. J’ai dit à mes proches que je n’en pouvais plus et j’ai demandé à vivre dans la pensionnat de River. Ils me manquaient et j’avais besoin d’eux, même si je jouais les durs. Mais j’appréciais et savais qu’il y avait plus la-bas que ce que j’avais à la maison ».
Ses efforts ont fini par payer, et il a eu la chance de jouer pour le River de Gallardo. Dans les équipes de jeunes, il a joué dans toutes les positions de la défense, ainsi qu’au milieu de terrain. Il a été capitaine et champion en U17, une saison qui lui a permis de se faire remarquer auprès de l’entraîneur de l’équipe principale. En l’espace de trois mois, Gallardo l’a considéré comme un titulaire indiscutable et l’a qualifié de « pompier », car il pouvait le faire jouer à n’importe quel poste et il faisait le boulot.
En 2018, en plus de remporter la Copa Libertadores avec River, il a pu réaliser un autre de ses rêves : terminer la maison de ses parents. Depuis le jour où il est devenu joueur professionnel, ses deux objectifs ont été d’aider ses parents à finir leur maison, ainsi que de terminer le lycée, pour offrir le diplôme à sa mère.
Les habitants du quartier affirment que lorsque Gonzalo rentrait chez lui, il avait l’habitude de tirer des penaltys pour de l’argent sur les potreros de Catán. C’est peut-être la raison pour laquelle il a pu tirer sans pression ce qui était sans doute le penalty le plus difficile de sa carrière.
En 2021, le FC Séville l’a recruté en échange de 8,5 millions d’euros et cette année, et depuis ce 18 décembre, il sait combien pèse la Coupe du monde. Son tir décisif a plongé tout le pays, dont le quartier La Esperanza de González Catán, où, il y a quelques mois de cela, un artiste lui a rendu hommage en peignant une fresque à son effigie après son sacre en Copa América au Brésil sur laquelle on peut lire les mots « fierté d’un quartier ». L’œuvre, située à deux rues de la maison où il a grandi, est une source de fierté pour le voisinage. Une fierté qu’ils partagent désormais avec le reste du pays.
D’ailleurs, l’artiste Mauro Swam, qui avait peint cet hommage a de nouveau exposé son art dans le quartier immédiatement après le sacre mondial : il a dessiné Montiel avec le maillot albiceleste, la médaille de champion et la Coupe du monde dans la main. On peut également voir écrit « Esperanza, quartier d’un champion du monde ».
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