AccueilHistoireLuis Suárez : devenu pro pour retrouver son amour de jeunesse

Luis Suárez : devenu pro pour retrouver son amour de jeunesse

Alors qu’il brille aujourd’hui avec l’Atlético Madrid, la vie de Luis Suárez n’a pas toujours été facile. Abandonné par son père lorsqu’il était encore enfant en compagnie de ses six frères, le football l’a sauvé. En effet, lorsque sa femme actuelle, Sofia Balbi, qu’il a connu à l’âge de 15 ans a dû déménager à Barcelone, « Luisito » a d’abord sombré dans des nuits d’ivresse et de fêtes jusqu’à ce qu’il se rende compte que le football était la solution pour retrouver son amour de toujours.

« L’histoire d’amour était un objectif en soi. Probablement, plus important que réussir dans le football, car c’était (une passion) très intense ». Martín Lasarte, ex-joueur et entraîneur uruguayen a résumé ainsi l’histoire de Luis Suárez, attaquant du FC Barcelone et star de la sélection uruguayenne.

La recherche d’un amour perdu qui a conduit Luis Suárez au sommet

Lasarte est celui qui a lancé Suárez dans le grand bain en tant que joueur professionnel avec le club du Nacional, alors qu’il avait 18 ans. Il a également joué le rôle de conseiller du joueur, qui lui confiait toutes ses peines.

« Il a commencé à me parler de sa petite amie et de la distance qui était la seule chose qui les séparait, parce qu’ils étaient très amoureux », se rappelle l’entraîneur. Suárez évoquait toujours à quel point il était loin de sa petite amie qui vivait en Espagne, comme elle lui manquait et comment ils sentaient le manque l’un de l’autre. Ils ne rataient sous aucun prétexte les rares occasions qu’ils avaient de se voir.

Suarez accompagné de sa femme Sofia Balbi
Suarez accompagné de sa femme Sofia Balbi

Suárez a connu la femme qui allait changer sa vie à Montevideo, capitale de l’Uruguay, quand il était encore adolescent. Mais Sofia Balbi a dû déménager en Espagne, à Barcelone. Après qu’elle soit partie, Suárez s’est promis qu’un jour il jouerait dans une des équipes les plus importantes d’Espagne afin d’être plus près d’elle.

Mais jusqu’au jour de la signature de son contrat avec Barcelone, Suárez a dû surmonter de nombreuses difficultés sur le terrain et en dehors.

Les débuts du Pistolero

Né dans la ville de Salto en 1987, Suárez a commencé à jouer au football à l’âge de 7 ans, au Urreta FC, petit club formateur de Montevideo. Toute sa famille avait alors déménagé dans la capitale uruguayenne.

Une enfance difficile

Les parents de Suarez n’avaient pas suffisamment les moyens pour subvenir aux besoins de leurs sept enfants, raconte son ami Pablo Parodi, un ancien voisin de la famille à Montevideo. « C’était une famille très unie. Ils étaient très pauvres. Ils n’avaient pas beaucoup et c’était la mère qui travaillait ».

Depuis son enfance, il a connu de nombreux obstacles. À 9 ans, son père, Rodolfo a quitté sa mère, Sandra à qui il a laissé la garde de ses sept enfants. À cette situation difficile s’ajoutent les difficultés économiques. Ce fut une période très difficile pour les Suárez.

Wilson Piris, son premier agent, raconte comment Suárez tentait d’aider sa famille : « Parfois, il n’avait pas de crampons et jouait avec des crampons prêtés. Il allait à pied aux entraînements pour économiser. Ce sont des choses que tout le monde ne ferait pas à l’âge de 12 ans ».

Suarez et ses coéquipiers de l'équipe jeune de Nacional
Suarez et ses coéquipiers de l’équipe jeune de Nacional

Son habilité balle à pied lui a permis de rejoindre le Nacional, une des plus grandes équipes en Uruguay, alors qu’il avait 14 ans. Mais il a bénéficié de peu d’opportunités de se montrer avec l’équipe. « J’ai commis l’erreur de traîner avec des personnes avec qui je n’aurais pas dû, et de sortir la nuit ».

À son adolescence, Luis a commencé à travailler, à balayer les rues de la ville et à laver des voitures pour rapporter un peu d’argent à la maison pour aider sa famille, même si une bonne partie de ce qu’il gagnait, il le gaspillait dans les soirées et l’alcool. Sa vie désordonnée à commencé à se faire ressentir sur son rendement sur le terrain, avec son club, le Nacional. Le club en est même venu à lui faire un ultimatum.

Sofía Balbi, la femme de sa vie

Suárez arrivait en retard aux entraînements, quand il y allait… Mais tout a basculé lorsqu’à 15 ans, il a rencontré l’amour de sa vie : Sofía Balbi. Cette jeune fille, deux ans plus jeune que lui a changé sa vie, comme il le reconnaît lui-même. Elle l’a éloigné des mauvaises fréquentations et l’a convaincu de ne pas abandonner les études.

D’un coup, Suárez n’était plus un jeune qui ne pensait qu’à s’amuser et qui n’aimait pas s’entraîner. « J’ai presque tout changé quand on a commencé à sortir ensemble. Je l’ai connue à l’âge idéal. J’étais un adolescent, mais je l’ai rencontré à un moment où j’en avais besoin, parce qu’elle ne m’a pas seulement montré le chemin, elle m’a également aidé à savoir qui étaient mes amis et qui ne l’étaient pas« .

« Elle m’a fait comprendre que je n’étais pas bête, mais simplement que je n’avais pas envie de faire les choses. Elle m’encourageait à faire mes devoirs, ou bien elle me les faisait. Pour elle, j’ai fait des choses incroyables comme marcher de Montevideo jusqu’à Soñymar (environ 21 kilomètres) ».

Luis Suarez avec son âme soeur Sofia Balbi
Luis Suarez avec son âme soeur Sofia Balbi

Le départ de Sofia à Barcelone

Mais le rêve n’a pas duré longtemps, car après quelques mois seulement, la famille Balbi a décidé de quitter l’Uruguay pour aller à Barcelone à la recherche de meilleures opportunités.

« Quand Sofia m’a dit qu’elle partait à Barcelone, ça a été très compliqué, pour eux en tant que famille et pour moi, car elle était vraiment importante pour moi. À cause de ma situation financière, il m’était impossible de la revoir. Nous étions un couple d’adolescents qui allait se séparer. La nuit avant notre départ, nous avons tous les deux pleuré toute la nuit. Le jour de son départ, j’avais un match, mais je ne pouvais pas faire autre chose que rester au lit à pleurer et à regarder les lettres qu’elle m’avait laissés. Mon frère a dû venir me sortir du lit pour que j’aille jouer ».

« Le jour où on s’est dit au revoir, j’avais 16 ans et elle allait en avoir 14. C’était un adieu, ravi de t’avoir connu et pas un on se revoit très vite », du fait de notre situation économique.

La rechute et l’ultimatum de son entraîneur

Loin de sa petite amie, le joueur a eu une rechute en terme disciplinaire. Grâce à internet, ils ont maintenu une relation à distance. Sofia lui demandait de rester concentré sur son rêve de devenir joueur professionnel, mais l’attaquant a recommencé à sortir, à boire et à mettre le football de côté jusqu’à ce que le jeune entraîneur des juniors du National, Ricardo « Mormullo » Perdomo, lui adresse un ultimatum qui lui a fait ouvrir les yeux : « Soit tu commences à t’entraîner et à mettre de l’ordre dans ta vie, soit tu t’en vas ! »

Luis Suarez sous les couleurs du Nacional

Le jeune Suárez s’est alors rendu compte que le football pouvait le conduire jusqu’à Sofia. Puis il s’est fixé un objectif : jouer à Barcelone.

Wilson Piris raconte qu’à cette époque, peu de personnes auraient parié sur Suárez. « Je doutais qu’il puisse triompher et avoir un avenir parce qu’il disait qu’il irait jouer à Barcelone … Je disais toujours la même chose : c’est quoi ces histoires de jouer à Barcelone si tu es remplaçant dans la septième équipe du Nacional ? Tu ne vas pas y arriver ». Mais Suárez n’a pas cessé d’y croire.

Des allers-retours en Espagne

Il a recommencé à briller et, de temps en temps, quelqu’un l’aidait pour qu’il puisse aller voir sa petite amie en Espagne.

« Je me suis procuré un billet pour Barcelone et je n’avais pas d’argent pour venir. C’est mon grand frère qui m’a donné de l’argent. Il m’a donné 70 dollars, soit environ 40 ou 50 euros. Le voyage était long. Je me suis perdu, ils m’ont arrêté à la douane … J’avais 16 ans. Je n’avais pas d’adresse, je n’avais rien. Je portais une chemise blanche et du sang a commencé à couler de mon nez. 

Sofia, ma petite amie, m’attendait à l’aéroport, mais cela faisait plus de deux heures que mon vol était arrivé et je ne sortais pas. J’étais détenu et je ne savais pas pourquoi. Ils m’ont dit que je n’avais pas d’endroit où aller. Je leur expliquais que je venais voir ma petite amie qui était venue vivre ici. Alors, ils m’ont demandé avec qui elle vivait. Je leur ai dit qu’elle vivait avec ses parents. Ils m’ont demandé ce que je venais faire et je leur ai dit que je venais me promener. Depuis l’avion, j’avais vu qu’il y avait des montagnes et la plage alors je leur ai dit que je venais voir les montagnes et les plages.

Ils ont ouvert ma valise et une de ses tantes m’avait envoyé un paquet pour un parent et il y avait un numéro de téléphone et l’adresse. J’ai vraiment eu de la chance. Cela faisait 3 ou 4 heures que j’étais arrivé et ils ont appelé le père de ma copine, qui était au travail. Puis ils ont appelé sa mère et tout a fini par se régler. Mais pour ma copine, c’était pire. L’aéroport de Barcelone avait trois ou quatre terminaux, je suis sorti dans un d’eux et elle les avait tous parcourus pour voir où je me trouvais. Jusqu’au moment où je suis arrivé, avec ma chemise blanche et une tache de sang ».

Luis Suarez célébrant un but avec le Nacional
Luis Suarez célébrant un but avec le Nacional

Mario Rebollo, alors entraîneur adjoint du Nacional en 2004 a dévoilé : « Luis sortait avec Sofia, et aujourd’hui encore, il me reproche de lui avoir fait faire la pré-saison. On a interrompu ses vacances (en Espagne) et on ne l’a pas mis titulaire ».

De l’aéroport à l’entraînement

Le premier souvenir de Lasarte au sujet de Suárez, c’est celui d’un jeune qui est allé à l’entraînement, après l’atterrissage d’un vol qui arrivait de Barcelone. « Pour moi, son comportement m’a marqué. Il est venu directement de l’aéroport… Ça m’a beaucoup surpris.  Il était très enthousiaste et ravi de la saison qui allait commencer », a déclaré Lasarte, qui considérait l’attaquant comme un » diamant brut « . Pour l’entraîneur, Suarez ne se laissait pas intimider et prenait des décisions, même s’il était très jeune.

« Il était fâché contre lui-même s’il ne marquait pas, même si son équipe gagnait ».

Finalement, Suarez rejoint l’Europe

L’achat impulsif de Groningen

Luis Suarez, lors de son passage à Groningen
Luis Suarez, lors de son passage à Groningen

En 2006, une « erreur » a rapproché Suárez de Sofia. « J’étais en vacances, en début juin, lorsque j’ai reçu un appel du directeur du club. Nous allons acheter le joueur le plus cher que nous ayons jamais acheté« , raconte Ron Jans, ancien entraîneur du club hollandais Groningen.

« C’était une erreur parce qu’ils étaient allés en Uruguay pour voir un autre joueur. Ils ont assisté à un match, ont vu Suárez et ont dit : c’est lui qu’on veut ! C’était un achat impulsif. Mais c’est une des meilleures décisions que le club a pris ».

Suárez avait des bonnes raisons d’aller vivre en Europe, qui allaient au-delà de sa carrière de joueur. « Il a fait l’impossible. Sofia vivait à Barcelone. Ce n’était pas n’importe quelle relation, et il a fait le nécessaire pour être près d’elle », raconte Rebollo.

Un passage à l’Ajax et un mariage

Une fois sur le continent européen, Suárez a travaillé dur pour s’améliorer et évoluer dans sa carrière. En 2007, il signe à l’Ajax où, en plus d’être heureux sur le terrain, il le sera également en dehors, car il a convaincu les parents de Sofia de la laisser aller vivre avec lui aux Pays-Bas.

C’est d’ailleurs à Amsterdam que Sofia et Luis se sont mariés, en mars 2009. Le couple heureux a actuellement trois enfants : Delfina (née le 5 août 2010), Benjamin (né le 26 septembre 2013) et Lautaro (né le 23 octobre 2018).

Un transfert record à Liverpool

Quatre ans plus tard, il a rejoint Liverpool pour 26,5 millions d’euros, un record pour le club à l’époque. Au sein du club anglais, il a gagné le coeur des supporters grâce à ses buts et avec le nom qu’il a donné à son premier enfant. Il a nommé sa fille Delfina, qui est l’anagramme de Anfield, une curiosité que Luis a pris comme un signe du destin.

Suarez le pistolero du Barça
Suarez le pistolero du Barça

Objectif atteint : el Pistolero signe à Barcelone

Enfin, le 11 juillet 2014, il a accompli la promesse qu’il s’était faite en signant au FC Barcelone, en échange de 81 millions d’euros. Sous les couleurs blaugranas, il a formé un trio de rêve avec deux autres sud-américains, Lionel Messi et Neymar. Il empile alors les buts et remporte de nombreux trophées : Liga (2015, 2016, 2018 et 2019), Coupe d’Espagne (2015, 2016, 2017 et 2018), Supercoupe d’Espagne (2016 et 2018), la Ligue des champions en 2015, ainsi que la Supercoupe de l’UEFA et la Coupe du monde des clubs cette même année.

Après un passage plus que réussi en Catalogne, el pistolero signe dans un autre club espagnol, l’Atlético Madrid en septembre 2020 avec qui il sera champion d’Espagne dès sa première saison. Il y restera deux saisons.

Retour à la maison

Le retour de Suarez en Uruguay avec sa famille
Le retour de la famille en Uruguay

Après avoir confirmé qu’il ne continuerait pas à l’Atlético de Madrid, Luis Suárez a reçu un large éventail d’offres, dont une modeste proposition du Nacional, club qui l’a vu éclore en Uruguay. Après plusieurs jours de spéculation, et une importante mobilisation des supporters qui a eu des répercussions dans le monde entier, Suárez a finalement annoncé qu’il avait trouvé un accord avec le Bolso. Dans sa nouvelle étape au Club Nacional de Football, il aura un contrat jusqu’en décembre, ce qui lui permettra préparer la Coupe du monde 2022, avant peut-être de chercher d’autres défis sportifs.

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Steve André
Steve André
Grand amateur de football, je me suis découvert depuis plusieurs années une passion pour le football sud-américain. La ferveur, l'ambiance, la garra, l'histoire, voilà ce que je veux partager sur ce site.
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