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L’histoire du footballeur frauduleux qui a été testé à River

Parmi les joueurs qui ont eu l’honneur de disputé une rencontre sous les couleurs de River depuis l’arrivée du professionnalisme, que ce soit lors de matchs officiels ou amicaux, on retrouve la présence d’un joueur frauduleux, un joueur fantôme, apocryphe. Un joueur qui n’existait pas, qui n’était pas réel, mais qui a porté le maillot à la bande rouge.

Luis Rodríguez s’appelait en fait… Braulio Castro

Quelques heures avant un match d’été contre Aldosivi à Mar del Plata en 197, un journaliste a demandé son nom au joueur qui, selon le staff technique, allait faire ses débuts ce soir-là. Ce qui est curieux, c’est que le footballeur a répondu évasivement à une question pourtant très simple : »Je ne sais pas comment je m’appelle, demandez au coach« , et c’est alors qu’est apparu le mythique Ángel Labruna qui a « annoncé » que le débutant s’appelait Luis Rodríguez. Pendant le match, les commentateurs sportifs télé et radio ont parlé toute la soirée de ce Rodríguez, tout comme les journaux du lendemain. Cependant, c’était un nom fictif. Aucun Luis Rodríguez n’existait : il s’appelait en réalité Braulio Castro. Mais personne ne le savait.

Bien qu’en 1975, ils aient enfin remporté le titre qui leur était refusé depuis 1957, River traversait une période difficile au début de l’année 1977. Boca avait non seulement été champion deux années consécutives, mais fin de décembre, le Xeneize avait remporté la première finale dans un superclásico, le 1 à 0 du Nacional de 1976 qui, jusqu’en 2018, resterait la seule finale entre Boca et River de l’histoire. Ce n’était pas tout : en 1976, River avait également perdu sa deuxième finale de la Copa Libertadores contre Cruzeiro. Le match précédant le River-Aldosivi à Mar del Plata, 48 heures plus tôt, avait été un désastre : le 3 février, Everton, du Chili, avait battu 6-2 l’équipe de Labruna lors du tournoi hexagonal disputé à Viña del Mar. De nombreux joueurs n’aimaient pas l’entraîneur et parlaient ouvertement de leur intention de le destituer.

Par exemple, Alejandro Sabella, futur entraîneur de la sélection argentine – un homme qui ne laissait jamais échapper un mot de trop -, déclara dans ces heures tumultueuses : « Je suis en désaccord avec Labruna. Je lui ai dit en face : jouer comme ça n’est pas bénéfique pour moi, ni pour lui, ni pour River. » L’entraîneur de River, quant à lui, ne restait pas en reste : « Sur 90 matchs dans l’année, il en a joué 80 et n’a marqué que deux buts. » En attendant le début de la saison officielle, prévue pour le 20 février, River poursuivait sa tournée de matchs amicaux de préparation, et cherchait des renforts. Après avoir assuré le retour du buteur Víctor Marchetti, River négociait avec d’autres attaquants : René Houseman (futur champion du monde et finalement joueur de River en 1981), Fernando Morena (milieu offensif de Peñarol, avant de rejoindre Boca) et Daniel Astegiano (attaquant de Independiente).

Justement, un ancien joueur d’Independiente et de Boca, Alcides « Cacho » Silveira, s’était approché en janvier 1977 du président d’Independiente, Julio Humberto Grondona – qui assumerait deux ans plus tard la présidence de l’AFA – et lui avait offert un obscur attaquant uruguayen d’origine mexicaine. Mais Don Julio ne l’avait pas accepté : « On m’a proposé un gamin uruguayen, Braulio Castro, mais j’en ai assez de ces histoires. Je ne veux rien savoir de choses bizarres. »

Le problème était qu’au sein d’un River en crise, ce même Castro finirait par rejoindre le camp d’entraînement de l’équipe de Labruna à Mar del Plata. Le 5 février, avant le match amical contre Aldosivi, un journaliste d’El Gráfico lui demanda :

-On nous a dit que tu as joué au Nacional de Montevideo, en sélection uruguayenne, au Mexique et que tu es libre de tout contrat. Pourrais-tu nous donner tes informations personnelles ?

-Non, je ne sais pas comment je m’appelle. Demandez au coach.

-Comment ça, tu ne sais pas comment tu t’appelles ?

-Non, je ne sais pas. Demandez à Labruna comment je m’appelle.

Et donc, face à la question posée à Labruna – « Comment s’appelle le nouveau renfort ? » -, le mythe qui partage une statue avec Marcelo Gallardo à l’entrée du club fit preuve de toute sa ruse et répondit avec un nom générique, commun : Luis Rodríguez.

-D’où vient-il ?, voulut savoir le journaliste.

-Je vous le dirai plus tard pour ne pas gêner les négociations.

Avec la présence dans l’équipe de Sabella, Reinaldo Mostaza Merlo et Juan José López, River a battu Aldosivi 4 à 2 lors d’un match où Rodríguez – ainsi nommé par tous les commentateurs – n’a pas fait grand-chose au poste d’ailier gauche : quelques dribbles et pas beaucoup plus, jusqu’à ce que Labruna le remplace à la 66e minute de jeu. C’était une équipe avec si peu d’attaquants que l’Uruguayen fut remplacé par Rodolfo Raffaeli, un défenseur devenu ailier. Quelque chose d’encore plus insolite s’était produit l’année précédente, lorsque le gardien remplaçant, Luis Landaburu, avait joué attaquant en deuxième mi-temps lors d’un match amical contre San Martín de San Juan.

Pour le magazine River, les débuts de Rodríguez ont été « discrets, il faut attendre« . Jorge Kiper, président de la sous-commission de football, a été d’accord avec ce diagnostic footballistique, mais a confié au journaliste d’El Gráfico une information qui ne devait pas, supposément, être divulguée : « Il faut l’attendre, il a quelques similitudes avec son père. Savez-vous qui c’était ? Le ‘Manco’ Castro« .

Magazine El Gráfico sur les débuts de "Luis Rodríguez"
Magazine El Gráfico sur les débuts de « Luis Rodríguez »

En réalité, le dirigeant a commis une erreur : Braulio Castro était le fils de son père homonyme, qui avait joué pour la sélection uruguayenne de 1932 à 1937, et en revanche, le Manco Castro – champion du monde en 1930 – s’appelait Héctor. Mais au-delà du détail, évidemment le mensonge monté entre Labruna, le soi-disant Rodríguez et Silveiro avait déjà été découvert avec l’aveu de Kiper : Braulio Castro (h) était un attaquant uruguayen qui avait joué entre 1972 et 1974 à Nacional puis à Jalisco, au Mexique. On suppose qu’il avait également joué pour l’équipe d’Uruguay lors du championnat sud-américain des moins de 20 ans en 1971, au Paraguay. La décision de falsifier son nom était parce que la Fédération du Mexique ne lui avait pas donné l’autorisation de jouer dans un club d’un autre pays tant qu’il n’aurait pas réglé sa situation avec Jalisco.

Cependant, seul le magazine El Gráfico avait révélé cette supercherie cette semaine-là : le magazine River, en revanche, s’était prêté au jeu à moitié. « Contre Aldosivi, ‘Luis Rodríguez Castro’ a fait ses débuts, et nous mettons entre guillemets son nom de famille car nous sommes convaincus qu’il ne s’appelle pas ainsi, mais il y a des affaires en jeu. Il sera à l’essai pour deux autres matches à Mar del Plata. Contre Aldosivi, il n’a pas montré grand-chose« .

La deuxième chance pour Rodríguez, ou pour Castro, viendrait quatre jours plus tard, lors d’un match nul 2 à 2 entre River et la sélection argentine de César Luis Menotti qui se préparait pour la Coupe du Monde 1978. Le joueur frauduleux a été désastreux : Labruna l’a remplacé à la mi-temps. Après le match, le magazine River a parlé à Castro, qui a pointé du doigt le journaliste d’El Gráfico :

-Comme je joue sans autorisation de Jalisco, j’ai changé de nom de famille pour éviter les ennuis. Mais un journaliste a mal interprété ce que je lui ai dit et a écrit que je ne savais pas comment je m’appelais.

Castro a également fait son auto-critique : « Je n’ai pas joué à mon niveau, je revenais de vacances, j’avais peu de football dans les jambes et j’étais très fatigué à la fin« . Mais Labruna avait déjà pris sa décision et n’a pas attendu le troisième match d’essai, contre Boca à Mar del Plata, pour déclarer qu’il ne l’incorporerait pas dans l’équipe : « La vérité est qu’il n’a pas montré grand-chose, il a mieux joué le premier match que le deuxième. Je ne l’ai pas mis contre Boca car ça allait être un match très disputé« , a déclaré l’entraîneur.

Quelques jours plus tard, River ferait ses débuts avec un 6-2 contre Temperley, le premier pas vers le titre de champion du Metropolitano 1977. Il le ferait sans la présence de Braulio Castro, dont on saurait très peu de choses par la suite, sauf qu’il jouerait 10 matchs et marquerait un but pour Quilmes en 1980. Il y a eu beaucoup de joueurs qui ont joué à l’essai à River lors d’un match amical et n’ont pas été intégrés à l’équipe, comme le Brésilien Julio Cesar en 1983 et Enzo Trossero en 1986, mais il n’y a eu qu’un seul joueur frauduleux. Le faux Luis Rodríguez.

Source : TyC Sports

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Quel est le club de football le plus ancien d’Argentine ?

Dans le football argentin, tout le monde connaît le Gimnasia y Esgrima de La Plata, un club avec 127 ans d’histoire fondé le 3 juin 1887, mais depuis 2022, il n’est plus le club le plus ancien affilié à l’Association du Football Argentin (AFA), car le Club Mercedes, créé le 12 mai 1875, soit 12 ans avant le Lobo, a réussi à obtenir cette affiliation historique après avoir été sélectionné parmi plusieurs équipes pour disputer la Primera D.

Club Mercedes, le premier club de football argentin

Le club de la ville de Mercedes, situé à près de cent kilomètres de la capitale Buenos Aires, s’est affilié à l’AFA en 2022 après près de 150 ans d’attente. Le Club Mercedes s’était porté candidat, avec Everton de La Plata et Estrella de Berisso, pour pouvoir disputer la Primera D, la catégorie la plus basse du football argentin. Bien que les critères utilisés à l’époque pour prendre la décision soient inconnus, on sait que la proposition avait été soutenue par Wado de Pedro, ancien ministre de l’Intérieur et natif de la ville de Buenos Aires.

Dans le Bulletin n° 6221 de l’AFA, la nouvelle de la restructuration des championnats de promotion a été annoncée. Cette restructuration a entraîné l’unification de la Primera C avec la Primera D, de sorte que depuis début 2024, Club Mercedes n’est pas seulement affilié à l’AFA, mais est également professionnel pour la première fois de son histoire.

Lorsque la nouvelle a été annoncée, Guido Pisoni, le président du club, a déclaré à la chaîne sportive TycSports.com : « Je n’aurais jamais imaginé qu’une possibilité de disputer la Primera C puisse se présenter, cela nous a un peu pris de court. Nous essayons de former des groupes de travail et nous ferons un peu de ‘chemin en marchant’. Nous sommes heureux et nous nous préparons de la meilleure façon possible. »

En plus de Gimnasia et de Club Mercedes, il y a deux autres équipes dans la liste des clubs de football les plus anciens d’Argentine. Quilmes, un club de la banlieue de Buenos Aires, a une date de fondation qui a duré jusqu’aux années 40, lorsque celle-ci a été modifiée. Jusqu’à la fin de cette décennie, les habitants de Quilmes célébraient la naissance de leur club le 5 novembre, car c’était ce jour-là, en 1897, que le Cervecero avait été fondé. En 1949, après avoir été promu, ils ont à nouveau célébré leur anniversaire, mais la date de fondation avait changé pour le 27 novembre 1887.

Quant à Rosario Central, il a été créé quelques heures avant Noël, le 24 décembre 1889. Comme c’est le cas pour de nombreux clubs argentins, le premier nom du Canalla était en anglais : Central Argentine Railway Athletic Club. Bien que le club de Rosario soit deux ans plus jeune que celui de La Plata, il a réussi à concourir officiellement plusieurs années auparavant, lorsqu’il a participé à la Copa Competencia de 1903.

Source : tyC Sports

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Les belles histoires cachées derrière les surnoms des clubs argentins

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De nombreux surnoms sont nés de l’ingéniosité de journalistes, tandis que d’autres ont été créés par des rivaux pour se moquer avant d’être fièrement adoptés par leurs destinataires. Un match entre Boca et River, c’est les Xeneizes contre les Millonarios, ou les Bosteros contre les Gallinas. Ces deux derniers étaient à l’origine péjoratifs, mais sont aujourd’hui utilisés par les concernés dans leurs propres chants.

Dans cet article, nous passons en revue les principaux surnoms des grands clubs du football argentin ainsi que leur origine.

Les origines des surnoms des clubs argentins

Dans le football argentin, il n’y a pas un club qui n’a pas de surnom. Dans certains cas, ils en ont même deux ou trois. C’est leur identité. Les plus fanatiques les font tatouer sur leur peau, les supporters les reprennent dans leurs chants et les médias les utilisent comme synonymes pour chaque institution. Ils sont gravés au fer rouge et font partie de l’essence même des équipes.

Beaucoup d’entre eux sont l’œuvre de la créativité journalistique. D’autres ont été inventés par des rivaux dans le but d’humilier et de se moquer, même si les destinataires les ont plus tard assumés avec fierté. Par exemple, le surnom de Gallinas, qui visait à ridiculiser River, a été adopté par les supporters eux-mêmes. C’est d’ailleurs de là que vient le surnom de Gallinero pour évoquer le stade Monumental. Il en est de même pour le surnom de Bosteros du côté de Boca.

Il n’y a pas toujours de preuves formelles sur l’origine des surnoms. Dans ces cas-là, les mythes et légendes populaires jouent un rôle fondamental. C’est le cas par exemple avec Newell’s et Rosario Central, qui ont été baptisés à la suite d’un match de bienfaisance qui n’a jamais été joué et pour lequel il n’y a aucun matériel pour certifier son existence.

Voici les histoires qui se cachent derrière les surnoms des principaux clubs du football argentin.

Les surnoms des clubs argentins de A à Z

Aldosivi – El Tiburón

Le surnom de l’équipe d’Aldosivi a un lien avec la ville où le club a été fondé en 1913. Mar del Plata est une ville portuaire, et c’est pourquoi l’une des équipes les plus populaires de la ville a ce surnom de Tiburón, qui en français veut dire requin.

Autres surnoms : Verde, El equipo de la ciudad, El Más Grande de la Costa Atlántica

Argentinos Juniors – Los Bichos Colorados

Pour Clarín, le 5 août 1957, Diego Lucero a écrit pour la première fois sur les Bichitos Colorados.
Pour Clarín, le 5 août 1957, Diego Lucero a écrit pour la première fois sur les Bichitos Colorados.

Comme dans tant d’autres cas, le surnom de Bichitos Colorados attribué à l’équipe de La Paternal est né de l’ingéniosité d’un journaliste. Le 5 août 1957, le légendaire Diego Lucero a publié dans Clarín (quotidien argentin) son commentaire sur la victoire 1-0 d’Argentinos face à Boca à La Bombonera, intitulé « Honor a los Criollos de la Paternal » dans lequel il évoque les bichitos colorados (les bestioles rouges), le rouge faisant référence à la couleur de leur maillot.

Dans le premier paragraphe, on peut lire : “Cuando ayer, en la orilla del Riachuelo, cancha del Boca, club famoso y equipo que supo de mucha gloria (hoy venido a menos), Mansilla, su centroavanti, reventó la globa contra un madeiro del arco cuidado por Madeira, (iban 5′), pareció que los bichitos colorados de La Paternal eran pan comido para los zeneizis« .

On peut traduire ce paragraphe ainsi : Quand hier, sur la rive du Riachuelo, sur la pelouse de Boca, un club célèbre et une équipe qui a connu la gloire (aujourd’hui en déclin), Mansilla, son avant-centre, a explosé le ballon contre un poteau du but gardé par Madeira (à la 5′ minute de jeu), il semblait que battre les bestioles rouges de La Paternal serait un jeu d’enfant pour les Zeneizis.

El tifón de Boyacá

L’autre surnom d’Argentinos Juniors, « El tifón de Boyacá » a également été popularisé par le titre d’un journal. Après une large victoire face à Defensores de Belgrano, El Lider (journal aujourd’hui disparu), avait titré : « Le Typhon de Boyacá a tout dévasté » en référence à l’emplacement du stade à Boyacá et Médanos (aujourd’hui Juan Agustín García) dans le quartier de La Paternal.

Autres surnoms : El Bicho de La Paternal, El Semillero del Mundo, El Tifón de Boyacá

Arsenal – El Arse

Le surnom d’Arsenal de Sarandí compte parmi les moins représentatifs des équipes de première division, car il ne s’agit que d’un diminutif du nom du club. Cette situation est liée à la courte durée de vie du club, fondé en 1957 seulement.

Cette année-là, un groupe d’amis s’est réuni dans un bar à Sarandí (une ville de la province de Buenos Aires, près d’Avellaneda) et a fondé le Arsenal Fútbol Club. Comme la plupart de ces hommes étaient supporters d’Independiente et de Racing, ils ont choisi les couleurs rouge et bleu clair (de ces deux clubs) pour les combiner sur le maillot et l’écusson du nouveau club. Pour le nom, ils se sont inspirés du club anglais d’Arsenal, qui dans les années 1950 a remporté trois titres et était célèbre pour être l’un des clubs qui présentaient le meilleur football en Europe.

On les surnomme également « los del Viaducto », car leur stade est situé à trois pâtés de maisons de la gare de Sarandí (Avellaneda), qui fait partie du trajet de la ligne de train Roca, qui passe sur l’Avenida Mitre.

Autre surnom : Los del Viaducto

Atlanta – El Bohemio

Entre sa fondation, le 12 octobre 1904, et son installation à Villa Crespo, le 14 janvier 1922, Atlanta a parcouru une grande partie de la ville de Buenos Aires à la recherche d’un endroit où construire son propre stade.

Pendant ce temps, l’institution louait temporairement des stades et son siège social était constamment en mouvement. Pour cette raison, un journaliste leur a donné le surnom de bohémiens, qualificatif destiné aux personnes « qui mènent une vie au jour le jour, en marge du conformisme social » d’après la définition.

Atlético Tucumán – El Decano

Fondé le 27 septembre 1902, l’Atlético Tucumán a été le tout premier club créé non seulement à Tucumán, mais dans tout le nord de l’Argentine. On l’appelle « El Decano » (le Doyen) en raison de son statut de premier club dédié à la pratique du football dans la capitale de la province.

Autres surnoms : El Deca, El Gigante del Norte

Banfield – El Taladro

Le lien de Banfield avec son surnom vient d’un titre de journal. En 1940, l’équipe réalisait une superbe campagne et battait tous ses rivaux. Après une victoire 2-1 contre Independiente, le journal « El Pampero » a écrit “Banfield agujerea a los rivales” que l’on peut traduire par « Banfield perce ses rivaux » d’où son surnom de taladro (perceuse).

À la fin de l’année 1938, un groupe d’associés de Banfield a proposé au jeune homme d’affaires Florencio Sola de prendre la présidence de l’institution. Le club vivait une période très compliquée : l’entité n’avait plus d’équipe de football, elle n’avait presque plus de socios et était au bord de la disparition. Malgré cela, Sola a accepté le défi.

Pour disputer le championnat de deuxième division en 1939, Banfield a obtenu le prêt de nombreux joueurs qui étaient remplaçants en Primera et a formé une équipe de qualité qui est devenue championne, et a gagné son ticket pour jouer dans la plus haute catégorie du football argentin.

En 1940, Banfield a complètement renouvelé son effectif et a réalisé une campagne surprenante, compte tenu de son statut de promu. L’équipe a terminé à la dixième position, avec 11 victoires, 7 matchs nuls et 16 défaites (dont 5 sans jouer, car elle ne pouvait pas participer tant qu’elle n’avait pas de stade pour les recevoir les matchs à domicile), avec de très bons résultats comme les victoires 7-3 contre Atlanta, 6-1 contre Tigre, 5-0 contre Newell, 5-0 contre Lanús (son grand rival), ainsi que des victoires contre Independiente et River.

C’est précisément pour ces larges victoires que le quotidien argentin « El Pampero » a baptisé l’équipe du surnom de « El Taladro » (la perceuse) pour la façon dont elle « perçait » les buts adverses.

Barracas Central – El Guapo

Ce surnom suit le club depuis sa création en 1911, lorsqu’un homme élégant et toujours bien habillé a fondé Barracas Central. Il s’agissait d’Ángel Gardella, où « Saquito » comme on le surnommait, car il portait toujours une veste. Grand architecte de la naissance du club, dont il a été le fondateur, le premier président et même joueur et capitaine, c’est à partir de ses caractéristiques que le surnom « El Guapo » est né pour l’institution.

Belgrano de Córdoba – El Pirata

Los piratas celestes de alberdi, supporters de Belgrano
Los piratas celestes de alberdi, supporters de Belgrano.

L’équipe de Belgrano est surnommée « Los Piratas » (Les Pirates) à cause de ses supporters. À l’occasion d’un match contre le Racing de Córdoba, les supporters de Belgrano ont traversé les tribunes pour aller voler des drapeaux. De plus, on dit que les supporters causaient du grabuge lors de leurs déplacements.

En effet, en 1967, lorsque les tournois nationaux ont été créés, les supporters les plus fidèles de Belgrano ont commencé à se déplacer à travers le pays pour encourager leur club de cœur. La version communément acceptée affirme qu’ils pillaient les bars et les commerces des villes où ils passaient, tout comme des pirates, d’où le surnom. Puis en 1968, un groupe de supporters appelé « Los Piratas Celestes » a été fondé.

Autres surnoms : La « B », Los Celestes

Boca Juniors – Xeneizes ou Bosteros

Un grand ballon cochon à l'hélium avec le maillot de Boca déployé lors du superclasico contre River.
Un grand ballon cochon à l’hélium avec le maillot de Boca déployé lors du superclasico contre River.

Los Xeneizes

Le surnom Xeneizes vient de l’origine génoise des fondateurs du club et de ses premiers supporters.

Lors de la grande vague d’immigration européenne qui s’est produite en Argentine à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le quartier de La Boca était l’une des destinations préférées des Italiens. Au milieu de ce phénomène social, le 3 avril 1905, cinq Génois (Esteban Baglietto, Alfredo Scarpatti, Santiago Sana et les frères Juan et Teodoro Farenga) ont fondé le club Boca Juniors. De ce fait, le surnom de l’institution est lié à l’origine de ses créateurs, car dans le dialecte génois, la région de Gênes est connue sous le nom de « Zena » ou « Xena ». Donc « Xeneize » signifie « né à Xena ».

De plus, le quartier de La Boca (où se trouve le club) est situé à côté du port, donc au moment de la fondation de Boca Juniors, les nombreux immigrants génois qui sont arrivés à Buenos Aires en quête de travail et d’une nouvelle vie sont devenus de grands supporters du club. Les médias ont commencé à identifier Boca avec cette communauté et le surnom de Xeneize s’est établi à jamais au cœur de l’institution.

Los Bosteros

Les supporters de Boca Juniors sont également surnommés « Bosteros » (bosta : pour les excréments de bovins ou de chevaux), ce qui à l’origine était une insulte.

Il y a des contradictions sur l’origine du surnom. Certains prétendent que c’est parce qu’à l’endroit où se trouve aujourd’hui la Bombonera, il y avait autrefois une briqueterie qui utilisait des matières fécales de cheval comme matière première.

D’autres disent que c’est parce qu’après des inondations, les égouts du quartier de Buenos Aires de La Boca se sont effondrés. Un chant moqueur des supporters de River envers ceux de Boca fait référence à ces inondations causées par les sudestadas (Vent fort, avec des pluies persistantes, qui fait généralement monter le Rio de la Plata.).

Lire aussi : Boca Juniors – River Plate : histoire du Superclásico

Cependant, l’origine semble en être une autre. En fait, on appelait les gens du quartier de La Boca « Boteros », car ils devaient utiliser des bateaux pour traverser la rivière bordant le Riachuelo. Les supporters adverses auraient changé « Boteros » par « Bosteros » pour se moquer des supporters de Boca Juniors.

Cependant, au fil des ans, les sympathisants du Xeneize ont repris le surnom et ont commencé à l’utiliser eux-mêmes avec fierté.

Autres surnoms : La Mitad Más Uno, Rey de Copas del Mundo, Bosteros, El Equipo de La Ribera, Boquita

Central Córdoba (Sde) – El Ferroviario

Le Club Atlético Central Córdoba de Santiago del Estero est surnommé « Ferroviario » (cheminot) en raison de sa fondation le 3 juin 1919 par des employés de Ferrocarril Central Córdoba, dont les trains reliaient le nord de l’Argentine à la ville de Córdoba et aux voisins de l’ouest. Un moment historique qui a servi d’inspiration à d’autres clubs de l’intérieur du pays, comme son homonyme de Rosario.

Chacarita Juniors – El Funebrero

Jusqu’à fin 1944, Chacarita avait son stade à la frontière entre la Villa Crespo et le quartier d’où il tire son nom (sur le même terrain où se trouve aujourd’hui le stade d’Atlanta, son grand rival). À seulement trois pâtés de maisons de là, se trouve le Cimetière de Chacarita, l’un des plus populaires de la ville de Buenos Aires, d’où le surnom de « Funebrero » qui signifie funéraire. De plus, de nombreux socios du club travaillaient dans ce cimetière.

Autres surnoms : Chaca, Tricolor

Colón – El Sabalero

Il existe plusieurs versions pour expliquer le surnom de Sabalero, même si toutes sont liées. La première prétend que le surnom a été adopté par les propres supporters du club, qui appartenaient pour la plupart à la classe populaire et se rendaient au Rio Salado pour pêcher le sábalo, un poisson sud-américain d’eau douce que l’ont retrouve dans le bassin du Río Paraná. Beaucoup d’entre eux se dédiaient à la pêche pour se nourrir, en vendant et en consommant le poisson qu’ils pêchaient.

Une autre version est à l’origine plus négative. Le premier terrain de Colón était loin d’être comme le stade majestueux qu’il possède aujourd’hui. Il était fait de terre, sans tribunes ni clôtures, et était utilisé par des adolescents du quartier qui n’avaient nulle part où jouer. Ce terrain était situé en face du Rio Salado. De ce fait, ceux qui jouaient au football sur ce terrain ont été qualifiés par « la classe supérieure » comme des « sabaleros ». C’était une manière de discriminer les secteurs les plus pauvres de la ville, la pêche étant une activité destinée aux plus pauvres.

Enfin, la dernière version est basée sur une anecdote populaire qui raconte qu’au début des années 1900, une grande inondation s’est produite à Santa Fe et a couvert d’eau le « petit terrain » où Colón a fait ses premiers pas, emportant avec elle de nombreux poissons, dont le fameux sábalo.

Autres surnoms : Sangre y Luto, Negro y Raza, Sabalé

Defensa y Justicia – El Halcón

Defensa y Justicia est connu sous le nom de El Halcón (le faucon), en référence au nom d’une société de transport qui relie Constitución à Florencia Varela. En 1981, la compagnie El Halcón est devenue le nouveau sponsor du maillot de Defensa y Justicia. C’est alors que le club a abandonné ses traditionnelles couleurs bleu et blanc pour adopter les couleurs vert et jaune de la société de transport.

Autre surnom : Defe

Defensores de Belgrano – El Dragón

Dans son livre « Corazón Pintado. Défenseurs de Belgrano, un siècle d’histoires uniques et de personnages inoubliables », Martín Sánchez raconte l’origine du surnom El Dragón. En 1983, Hugo Arbona, alors membre du conseil d’administration du club, a pensé à un animal pour identifier le club. « Il fallait en trouver un qui soit courageux et qui puisse rivaliser avec le Tigre de Victoria ».

« Presque sans s’en rendre compte, il a dessiné un dragon. Le pauvre homme a dessiné 185 modèles jusqu’à ce qu’il trouve celui qu’il pensait être le bon à incorporer sur notre maillot », a déclaré l’auteur. Les premiers écussons avec le nouvel insigne « ont été cousus par la mère d’un défenseur central nommé Gil ». Puis Adidas a découvert la nouvelle et a commencé à confectionner les équipements du club.

Autres surnoms : Defe, La Máquina Del Bajo

Deportivo Riestra – El Blanquinegro

Ici, la raison est très simple, le surnom « El Blanquinegro » vient des couleurs du club. Les supporters de Riestra sont surnommés « Los Malevos de Pompeya », car ils ont été fondés par un groupe de voisins du quartier « Nueva Pompeya » de Buenos Aires.

Autre surnom : Los Malevos de Pompeya

Estudiantes – El Pincharrata

Dessin représentant Felipe Montedónica, supporter historique d'Estudiantes de La Plata
Dessin représentant Felipe Montedónica, supporter historique d’Estudiantes de La Plata

Il existe deux versions sur l’origine du surnom de Pincharratas. La première dit que ce surnom vient du fait que des joueurs ainsi que de nombreux supporters de l’équipe étaient des étudiants en médecine de l’UNLP et qu’ils faisaient des expériences sur des rongeurs. Cependant, il existe une autre version qui est plus populaire et répandue parmi les supporters du club de La Plata.

Le protagoniste de l’histoire est Felipe Montedónica, né en 1898 et grand supporter du club depuis sa fondation. Dans une interview pour le journal « El Tiempo », en 1980, il s’est lui-même chargé de dissiper les doutes : « J’avais un petit frère, avec qui je travaillais au Mercado (marché). Comme il y avait beaucoup de rats là-bas, nous les chassions avec un pinche (un bâton avec un pic). Et c’est comme ça, à cause de ces histoires de jeunesse, qu’on nous a donné le surnom de pincharrata. »

En bon fanatique qu’il était, Felipe assistait à tous les matchs à domicile et se déplaçait chaque fois qu’il le pouvait dans tous les stades de la province, en train avec plus d’une centaine d’autres supporters. Au fil du temps, de plus en plus de supporters l’ont reconnu, et le surnom de pincharrata s’est propagé à tous les adeptes d’Estudiantes.

El León

Le club est également appelé « El León » (le lion), un surnom qui a également plusieurs origines. La plus traditionnelle explique que, comme Gimnasia est « El Lobo », le seigneur et maître de la forêt, Estudiantes serait « El León », le roi de la jungle. Une autre version parle de Manuel « León » Santillán, un supporter qui s’est rebellé contre la dictature militaire de 1976-1983 et qui a été tué par la police. En son honneur, son surnom aurait été donné à l’équipe.

Autres surnoms : Pincha

Gimnasia Y Esgrima – El Lobo ou Los Triperos

Croquis du loup dessiné par Julio César Trouet
Croquis du loup dessiné par Julio César Trouet

Los Triperos

Dans les années 20, plusieurs footballeurs de l’équipe de Gimnasia y Esgrima La Plata venaient des villes de Berisso et Ensenada, où abondaient abattoirs et usines de transformation de viande. Comme ils travaillaient avec les tripes des animaux, on les a surnommés Triperos.

El Lobo

Bien que le club ait été fondé en 1887, le surnom de Lobo (loup) n’est né que plus de 60 ans plus tard, par le dessinateur Julio César Trouet, qui travaillait pour le journal « El Día » de la ville de La Plata. Il s’avère que jusqu’en 1953, l’emblème qui identifiait le club était un boucher ensanglanté qui tenait un gros couteau (pour représenter les « triperos« ), mais Trouet sentit qu’il manquait quelque chose et entreprit d’en créer un nouveau. L’idée du loup est née du fait que le terrain de Gimnasia est situé dans la forêt de la ville. De plus, l’équipe était reconnue pour sa ruse et sa rapidité, tout comme l’animal.

Toutefois, la figure du loup n’a pas été immédiatement reprise par les partisans du club. Elle ne l’a été qu’à partir de la grande campagne de 1962, lorsque plusieurs grosses écuries se sont inclinées à El Bosque, avec Gimnasia qui a terminé troisième du tournoi, pour la première fois depuis que le football est professionnel en Argentine.

Los Basureros

Ce surnom a été donné par les supporters du club, car Oscar Venturino, président de l’institution entre 1968 et 1979, était propriétaire d’une entreprise de collecte des ordures ménagères. Bien que ce ne soit pas le surnom le plus populaire, il l’a été dans les années 70.

Mens Sana

Il s’agit d’une partie de la devise du club, mens sana in corpore sana. C’est une citation latine de Juvenal, dont la signification originale est celle du besoin d’un esprit équilibré dans un corps équilibré. Ce n’est donc pas tout à fait le sens de l’expression telle qu’on l’utilise aujourd’hui : « un esprit sain dans un corps sain ».

La 22

C’est le nom de la hinchada du club. Il existe plusieurs versions sur la raison de ce nom. L’une d’elles dit que c’est lié à un ancien chef de la barra brava du club, Marcelo Amuchástegui, connu sous le nom de « El Loco Fierro » (dans le tarot et la quiniela, le numéro 22 est le Fou). Une autre version dit que cela est dû à la rue 22 de la ville de La Plata, car de nombreux supporters célèbres y vivaient.

Autres surnoms : Mens Sana, Basurero, El Decano

Godoy Cruz – El Tomba

Le club a été fondé en 1921, mais a ensuite fusionné avec le club de la Bodega Antonio Tomba. Le propriétaire a cédé au club des terrains auparavant destinés aux écuries pour ses chevaux et ses charrettes. On surnomme les supporters du club « tombas » en hommage au philanthrope.

Autres surnoms : Bodeguero, ​El Expreso​

Huracán – El Globo ou Quemero

Le Globo Huracán présent lors des célébrations des supporters du club.
Le Globo Huracán présent lors des célébrations des supporters du club.

El Globo

L’écusson du Club Atlético Huracán, une montgolfière (globo) avec un H, a été institué en hommage à l’ingénieur argentin Jorge Newbery, qui en 1909 a piloté une montgolfière apportée de France appelée « Huracán » du quartier de Belgrano (Buenos Aires), jusqu’à la ville brésilienne de Bagé, en passant par l’Uruguay. Le club de Parque Patricios s’est inspiré de ce voyage.

Dans un acte rédigé en 1910, les dirigeants du club ont établi que l’équipe porterait un maillot blanc avec l’emblème de la montgolfière Huracán. Plus tard, en mai 1911, le comité de direction de l’entité a accordé à Newbery le titre de membre honoraire et quelques mois plus tard celui de président honoraire.

Lorsqu’en 1914 Huracán est monté en première division du football argentin, les dirigeants ont envoyé un télégramme à Newbery dans lequel ils disaient : « Nous avons rempli notre objectif, le Club Atlético Huracán, a remporté consécutivement trois catégories, accédant à la première division, comme la montgolfière qui a traversé trois Républiques ».

C’est pourquoi Huracán est populairement connu comme « el globo », et qu’un des surnoms connus de San Lorenzo, son rival traditionnel, est « el ciclón » (le cyclone). Cette dénomination a été créée par les hinchas de San Lorenzo, car selon la science, les cyclones couvrent une plus grande zone que les ouragans (huracanes).

El Quemero

Quemero : qui a pour métier ou profession de collecter et de vendre ce qui est de valeur des déchets envoyés à l’incinérateur ou à l’usine de traitement

Ce surnom de Quemero est né du fait de la proximité du stade Tomás Adolfo Ducó avec la Quema Municipal. En effet, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, dans certaines terres proches du Palacio Ducó, on réalisait des brûlées de déchets à ciel ouvert. Parfois, la fumée atteignait les gradins du stade.

Autre surnom : Globito

Independiente – Los Diablos Rojos ou Rey de Copas

Le diable rouge d'Independiente.
Le diable rouge d’Independiente.

C’est lors du championnat de 1926 qu’Independiente a adopté le surnom de Diablos Rojos (Diables Rouges). Ce surnom est né de la plume du journaliste Hugo Marini, responsable des sports pour le journal Crítica, qui s’est inspiré de l’attaque « diabolique » de l’équipe composée de Zoilo Canaveri, Alberto Lalín, Luis Ravaschino, Manuel Seoane et Raimundo Orsi. En 1938, la ligne offensive exceptionnelle composée de Maril, De la Mata, Erico, Sastre et Zorrilla a confirmé pourquoi le club était surnommé ainsi.

Dans les années 70, on a commencé à surnommer Independiente El Rey de Copas (le roi des coupes), en raison du nombre de titres internationaux obtenus, un record mondial aujourd’hui encore.

Autres surnoms : Rojo, Orgullo Nacional

Independiente Rivadavia – La lepra

Ce surnom a été donné péjorativement par les autres clubs, après que le club ait organisé un événement caritatif au profit des personnes souffrant de la lèpre, en affichant des affiches publicitaires avec le mot « LEPRA » écrit en grand.

Autres surnoms : Azul, Azul del Parque, Caudillos del Parque

Instituto de Córdoba – La Gloria

Né en 1918, Instituto commence son histoire footballistique en deuxième division de la ligue de Cordoba, où il sera promu un an plus tard après avoir remporté le championnat sans défaite. Entre 1925 et 1928, le club remporte tous les tournois de de la Liga Cordobesa, ainsi que des matchs amicaux contre des équipes de Buenos Aires et de Rosario, ce qui a valu à cette magnifique équipe le surnom de « El Glorioso », qui deviendra plus tard « Gloria », comme on l’appelle aujourd’hui. A l’époque, Instituto de Córdoba était considérée comme l’une des meilleures équipes du pays.

Lanús – El Granate

Dans le cas de Lanús, la raison est assez évidente. Le surnom du club du sud de la ville de Buenos Aires est tout simplement lié à la couleur grenat de son maillot, qui à travers l’histoire a varié entre le violet, le pourpre et le rouge foncé.

Le choix des couleurs du club a été l’œuvre de l’architecte Carlos Pointis, qui a décidé d’utiliser un maillot grenat avec un col blanc, un short blanc et des chaussettes noires avec du grenat et du blanc.

Autre surnom : Los Globetrotters

Deportivo Morón – El Gallo

Depuis l’époque coloniale, les combats de coqs étaient coutumes dans le pardido de Morón (dans le Grand Buenos Aires). Bien que plus tard une loi ait été instaurée pour officialiser leur interdiction, ces combats ont continué à être organisés dans la clandestinité. Fondée le 20 juin 1947, Morón décida que l’animal ferait partie de son écusson.

Autre surnom : El Gallito

Newell’s – Leprosos / Rosario Central – Canallas

Si me muero que sea de la lepra / si je meurs, que ce soit de la lèpre
Si me muero que sea de la lepra / si je meurs, que ce soit de la lèpre.

Les surnoms de Newell’s et Rosario Central, qui disputent un des clasicos les plus passionnants du football argentin, sont issus du même événement. Il s’agit d’une histoire aussi fascinante qu’invérifiable, car il n’y a aucune preuve que ce soit réellement arrivé, pas de date, pas même une coupure de presse.

Selon la « légende », le surnom est né après que l’hôpital Carrasco de Rosario ait invité les deux équipes les plus importantes de la ville à jouer à un match au profit de l’hôpital qui combattait la maladie de Hensen, communément appelée la lèpre.

Cependant, le match ne s’est jamais concrétisé, car Newell’s a accepté la proposition, mais pas Rosario Central. C’est à partir de cet épisode que les supporters des deux clubs ont commencé à surnommer le rival pour se moquer. Pour ceux de Central, ceux de Newell étaient tous des leprosos (lépreux) pour avoir voulu jouer; et pour ceux de Newell’s, ceux de Central étaient tous des canallas (canailles), pour avoir refusé.

Au fil des années, les supporters de chaque institution ont fièrement adopté un surnom qui, au début, avait été utilisé de manière péjorative. Newell’s soutient cette version des événements sur son site officiel, tandis que Central affirme que « l’origine du surnom est incertaine ».

Autres surnoms : Lepra, Rojinegro

Platense – El Calamar

Au début du XXe siècle, Platense avait son stade à Núñez, à quelques pâtés de maisons de l’endroit où le Monumental a été érigé trois décennies plus tard. Dans ce stade bordant la rivière, il était normal que le terrain soit dominé par la boue et que les footballeurs finissent complètement sales. Malgré ces conditions défavorables, l’équipe était dure à battre à domicile.

En 1908, le journaliste uruguayen Antonio Palacio Zino a écrit : « Vous allez jouer contre Platense ? Sous la pluie et la boue ? Donc, on sait déjà qui va gagner ! Les joueurs de Platense, dans la boue, sont comme des calamars dans leur encre ! ». À partir de ce moment, le surnom est resté gravé dans chaque supporter du club.

Autres surnoms : Marrón, Tense

Racing – La Academia

Les supporters de Racing qui déploient une banderole sur laquelle est écrit "Aguante La Academia".
Les supporters de Racing qui déploient une banderole sur laquelle est écrit « Aguante La Academia ».

Fondé le 25 mars 1903, Racing a dû attendre dix ans pour remporter son premier titre… puis le deuxième, le troisième, le quatrième, et ainsi de suite jusqu’à sept championnats remportés consécutivement. Une prouesse unique et qui est aujourd’hui encore le plus grand exploit réalisé par une équipe argentine.

En 1912, l’entité qui regroupait le football argentin a été divisée en deux, avec d’un côté la Federación Argentina de Fútbol et de l’autre la Asociación Argentina de Fútbol. Racing est restée dans cette dernière et a entamé en 1913 sa brillante série de sept titres consécutifs. Cette année-là, il est devenu le premier champion criollo (composé de joueurs dont les noms ne sont pas anglais), après avoir battu le club de San Isidro en finale 2-0.

On dit qu’on a commencé à les surnommer « La Academia » en 1913, lorsque Racing a remporté son premier de ses sept titres d’affilés. Mais en réalité, le surnom est plutôt né en 1914 lorsque « l’académie » a terminé le championnat invaincu avec 11 victoires et un seul match nul.

Un an plus tard, elle remportait le plus mémorable de tous les championnats de la série, celui qui lui donnerait définitivement son surnom. Racing a remporté le championnat de 1915 avec 22 victoires et deux nuls ; avec 93 buts marqués contre seulement 5 encaissés.

Cette même année, le 1er août 1915, après que Racing ait battu River 3-0, les hinchas ont marché du stade situé dans le Dársena Sud, à La Boca, jusqu’à Avellaneda en criant « Academia, Academia ».

C’est ainsi que le club a commencé à être reconnu comme une « académie de football », en raison de la brillante façon dont l’équipe jouait. Le club albiceleste enseignait le football en Argentine.

Autre surnom : El Primer Grande

River Plate – Millonario ou Gallina

L'extrait de journal qui évoque la Gallina de River Plate.
L’extrait de journal qui évoque la Gallina de River Plate.

Los Millonarios

Le surnom de River Plate remonte aux débuts du professionnalisme argentin, dans les années 1930. Au cours de ces années, River a révolutionné le marché des transferts, en payant de grosses sommes d’argent pour recruter des joueurs pour son équipe, alors que cela ne se faisait pas encore dans les autres clubs du football local.

Antonio Vespucio Liberti, alors président du club, a concrétisé l’achat de Carlos Peucelle, qui évoluait au Sportivo Buenos Aires, en échange de 10 000 pesos (l’équivalent de 2 600 dollars), un chiffre record pour l’époque. Mais il ne s’est pas arrêté là. Un an plus tard, il a récidivé en recrutant Bernabé Ferreyra, pour lequel il a payé 35 000 pesos à Tigre.

Pour donner une idée des montants importants que signifiaient ces sommes, le magazine « Caras y Caretas » a fait un calcul de ce qui pouvait être acheté en 1932 avec ce que Ferreyra a coûté : 11 voitures Opel à quatre cylindres, 514 costumes anglais en cachemire, 516 000 kilos de blé, 5 600 paires de chaussures Harrods et 70 000 billets pour assister à un match de football.

Les achats millionnaires se sont poursuivis, atteignant un total de 105 000 pesos cette année-là, avec les recrutements du gardien de but de Talleres Ángel Bossio, pour 30 000 pesos, de l’attaquant des Quilmes Juan Arrillaga, pour 22 000, du défenseur de Tigre Alfredo Cuello, pour 18 000, et du défenseur de Platense Carlos Santamaría, pour 15 000 pesos.

En 1935, River a refait parler de lui en payant 37 500 pesos pour le milieu de terrain de Gimnasia y Esgrima La Plata, José María Minella. Ainsi, le surnom de « millonarios » s’est installé à jamais dans le club.

Las Gallinas

Pour trouver l’origine du surnom de Gallinas, il faut remonter au 20 mai 1966, lorsque River a affronté Peñarol en finale de la Copa Libertadores. L’équipe argentine a perdu 4-2, après être avoir mené 2-0 à la mi-temps. À son retour au pays, River s’est déplacé à Banfield pour un match de championnat et des supporters ont lancé une poule avec un ruban rouge depuis les gradins derrière les buts gardés par Hugo Gatti.

Quelque temps plus tard, les supporters du Millonario ont adopté la moquerie comme un symbole et ont même composé une chanson bien connue : « Señores, yo soy del gallinero » (Messieurs, je suis du poulailler).

Autres surnoms : La Banda Sangre, La Banda​, El Más Grande

Rosario Central – Los Canallas

Vous pouvez retrouver l’explication de ce surnom de « Canallas » plus haut dans l’article, en compagnie de celui donné à Newell’s : il a été donné par les supporters de La Lepra par rapport au refus du club de participer à un match amical au profit d’un hôpital qui soignait des lépreux.

La Academia Rosarina

Ce surnom est né après avoir gagné un match contre Racing en 1915, La Academia « originale » qui était une des meilleures équipes de l’époque.

San Lorenzo – El Ciclón ou El Cuervo

El Ciclón

San Lorenzo a commencé à se faire appellé El Ciclón (le cyclone) après qu’un journaliste de l’époque, Hugo Marini, responsable des sports pour le journal Crítica, l’ait utilisé pour faire référence à la vitesse et à la force avec laquelle l’équipe azulgrana attaquait et était capable de « retourner » les matchs dans les années 1930. Les larges victoires que l’équipe infligeait à ses adversaires ont fait qu’on l’a surnommé « El Ciclón de Boedo ».

En revanche, bien qu’il n’y ait aucune preuve pour le certifier, un mythe populaire propose une autre version: le surnom aurait été créé par les propres supporters du club, pour souligner que d’après la science, un cyclone est plus gros qu’un ouragan, par opposition à son éternel rival, le Club Atlético Huracán.

El Cuervo

Les jeunes joueurs de San Lorenzo avec le père Lorenzo Massa en haut à droite.
Les jeunes joueurs de San Lorenzo avec le père Lorenzo Massa en haut à droite.

Le surnom de « Cuervos » vient de la similitude de la couleur noire du corbeau et les soutanes sacerdotales du père Lorenzo Massa.

San Lorenzo a été fondé en 1908 par un groupe de jeunes qui, pour honorer le prêtre Lorenzo Massa (qui les a beaucoup aidés dans la création du club), ont donné son nom au nouveau club. Le prêtre Massa n’a accepté qu’à condition que ce nom soit utilisé pour honorer le saint martyr de la foi et le premier triomphe des forces patriotiques menées par le général San Martín dans la bataille de San Lorenzo (qui s’est produite en 1813 entre les armées argentine et espagnole, dans la ville de San Lorenzo, sur les rives du fleuve Paraná).

Ce surnom de cuervos a été donné par les quemeros (supporters de huracán), qui l’ont trouvé en s’inspirant d’une scène du film d’Angel Magaña, où une femme, qui en voyant passer « El cura Lorenzo » lui dit cruz cuervo, en référence à un quartier très pauvre et sans instruction qui n’acceptait pas les prêtres parce que les gens pensaient qu’ils apportaient de la malchance.

Du coup, comme les soutanes des prêtres étaient noires à cette époque, on les identifiait de façon désobligeante comme des « corbeaux » (cuervos), et le club a commencé à être appelé ainsi par ses équipes rivales qui utilisaient ce surnom pour les humilier.

Autres surnoms : En plus de Cuervo et Ciclón, le club de Boedo a eu bien d’autres surnoms tout au long de son histoire. Avant même que le club s’appelle San Lorenzo, on les appelait Los Forzosos de Almagro, puis sous le nom actuel, on les a surnommés Los gauchos de Boedo, car l’équipe jouait avec une attaque qui venait de Campana, qui était une zone rurale du coup les gens l’ont identifié avec ce surnom bien traditionnel.

On les a ensuite appelés Los Santos de Boedo en raison de leur appartenance au San Lorenzo Mártir, Los Matadores (c’est ainsi que l’on appelait l’équipe championne invaincue du Metropolitano 1968) et Los Carasucias (en référence à l’attaque de 1964, caractérisée par sa jeunesse et son audace).

San Martín de San Juan – El Santo

Le club de la province de San Juan a toujours été identifié comme le « santo » (Saint), bien que le surnom n’ait aucune connotation religieuse. Ceux qui ont fondé le club le 27 septembre 1907 l’ont baptisé ainsi en l’honneur du général José de San Martín, militaire argentin dont les campagnes ont été décisives pour l’indépendance de l’Argentine, du Chili et du Pérou, et qui est considéré comme l’un des libérateurs les plus importants d’Amérique du Sud.

Au fil des années, ce sens s’est un perdu et aujourd’hui, tous les clubs appelés « San Martín » en Argentine sont surnommés « santo« , même si à l’origine leur nom n’a rien à voir avec la figure du général.

Autres surnoms : Santo Sanjuanino, El Más Grande de Cuyo, Verdinegro

San Martín de Tucumán – El Ciruja

Le surnom de l’autre club de Tucuman a un lien avec les origines modestes de ses supporters. Contrairement aux sympathisants de l’Atlético Tucumán, connus au départ comme les « yeux verts » ou « pitucos » (qui appartiennent à la classe supérieure), ceux de San Martín avaient un statut social inférieur et étaient appelés « cirujas » (« clochards ») ou « verduleros » (marchands de légumes) en raison de leur proximité avec le marché de Abasto.

Autre surnom : El Santo

Sarmiento de Junín – El Verde

Le « Verde » ou « Verdolaga » doit son surnom à la couleur du club, qui l’a accompagné tout au long de son histoire jusqu’à aujourd’hui. Bien qu’à ses débuts, l’équipe arborait un maillot à rayures verticales vert et blanc, comme à l’époque les tissus n’étaient pas de bonne qualité, il a été décidé qu’il valait mieux faire le maillot entièrement vert pour éviter qu’ils déteignent.

Autre surnom : Guerrero

Talleres de Córdoba- Tallarines, La T ou Matadores

Le surnom « Tallarines » (nouilles) dérive du nom du club Talleres, tout comme « La T », qui est tout simplement l’initiale de son nom.

On appelle également les joueurs de Talleres, les « Matadores« , même si ce surnom est moins utilisé, qui vient du fait que le club détient un vieux record de 66 matchs sans défaite dans l’ancienne Liga Cordobesa.

Autre surnom : Albiazul

Temperley – El Gasolero

Après avoir été promu en 1974, Temperley a recruté plusieurs renforts pour affronter la nouvelle saison en Primera División. Malgré l’effort économique, le club a terminé à la dernière position du classement. Cependant, l’AFA a annulé les relégations et le club s’est donc maintenu dans la catégorie.

Pour cette raison, l’équipe de la zona Sur a été contrainte de changer de stratégie. Le club a réduit les frais de déplacement, réduit les salaires de ses joueurs et recruté des joueurs des divisions inférieures pour des sommes minimes. À la surprise générale, Temperley a terminé en tête du groupe D du Torneo Nacional de 1975, avec neuf victoires, quatre nuls et trois défaites.

“Es como el Gasolero, porque anda mucho y gasta poco” (C’est comme le Diesel, car il roule beaucoup et dépense peu), a écrit le journal La Unión, dans une référence éloquente au faible coût du carburant utilisé par les véhicules diesel.

Autre surnom : Celeste

Tigre – Los Matadores

La Barra del Matador, de Tigre.
La Barra del Matador, de Tigre.

Il existe deux versions pour expliquer le surnom de « matadores ». Celle qui est liée aux couleurs de San Lorenzo, qui est également surnommée ainsi, et une autre qui fait référence à l’attaque de 55 qui marquait énormément de buts (Héctor de Bourgoing, Norberto Méndez, Luis Cesáreo, Eugenio Aguilar et Nicolás Gómez).

Le 3 août 1902, un groupe de 12 jeunes décide de fonder le Club Atlético Tigre. Au cours de son histoire, le club a changé plusieurs fois de couleur pour son maillot. Lors de son premier match de football, il a disputé la rencontre avec un maillot bleu et rouge vif, un short noir et des chaussettes noires. Entre 1911 et 1919, Tigre a commencé à utiliser un maillot avec des rayures verticales bleues et rouges.

Lorsque le club a rejoint l’Association de football amateur (Asociación Amateur de Foot-ball) en 1919, il a dû changer le modèle de son maillot, car l’entité avait déterminé que San Lorenzo de Almagro, fondée 5 ans plus tard, devait conserver son maillot traditionnel avec ses rayures bleues et rouges. Du coup, le club est revenu à ses premières couleurs avec son maillot bleu et rouge vif jusqu’aux années 70, avant de revenir à son modèle à rayures.

Comme il était identique à celui utilisé par San Lorenzo, qui à l’époque était connu sous le nom de matadores (voir plus haut dans l’article), Tigre a également été identifié avec ce surnom. Le club cuervo a perdu son surnom des années plus tard, avec le déclin de son jeu, mais le « Matador de Victoria » est aujourd’hui encore un symbole du Club Atlético Tigre.

Autre surnom : Azules del Norte

Unión de Santa Fe – El Tatengue

Si vous cherchez aujourd’hui un synonyme de tatengue, le mot le plus approprié serait « cheto ». Unión a été fondé le 15 avril 1907 dans la capitale de Santa Fe, habitée par les personnes les plus riches et les mieux éduquées. Autrement dit, la classe supérieure.

Dans l’argot de l’époque, le mot tatengue désignait les personnes au statut social élevé et les plus raffinées, c’est pourquoi les supporters du club ont commencé à être surnommés ainsi.

Autres surnoms : Tate, Rojiblanco, Albirojos, Club de la Avenida

Vélez Sarsfield – El Fortín

Le surnom de Vélez a pour origine son stade de football, et cela pour deux raisons. Le terrain de Vélez était situé dans le quartier de Villa Luro, dans la ville de Buenos Aires. Inauguré le 16 mars 1924, il était célèbre pour avoir accueilli en 1928 le premier match nocturne de l’histoire du football argentin.

Ce surnom est né quatre ans plus tard, le 13 juillet 1932, avec un article écrit pour le journal Crítica par le journaliste Hugo Marini, sur le match que Vélez et San Lorenzo devaient jouer le lendemain qu’il avait titré : « ¿San Lorenzo hará rendir mañana el Fortín de Villa Luro? » que l’on peut traduire par « San Lorenzo provoquera-t-il demain la reddition de la Forteresse de Villa Luro ? ».

Pour trouver ce titre, le journaliste s’est inspiré, d’une part, des quatre tours d’éclairage qui ressemblaient à des tours de guet et donnaient l’impression d’être dans une forteresse. D’autre part, l’équipe était alors invaincue à domicile en championnat, avec cinq victoires et un nul, c’est pourquoi il a écrit que le terrain de Vélez était imprenable, comme une forteresse.

Pour l’anecdote, ce match a été remporté par San Lorenzo sur le score de 4-1, mais cela n’a pas empêché le surnom de « Fortín » de rester à jamais dans le cœur des supporters.

Lorsque le club a déménagé à Liniers, grâce aux efforts de son président José Amalfitani, il a emporté avec lui le surnom du stade, qui s’est ensuite propagé à l’institution et même aux supporters (Los Fortineros).

Les surnoms de clubs argentins moins connus

  • Ferrocarril Oeste : El « Verdolaga »
  • Quilmes : Los « Cerveceros »
  • Central Córdoba de Rosario : Los « Charruas »
  • Argentino de Rosario : Los « Salaitos »
  • Los Andes : Los « Milrayitas »
  • Nueva Chicago : Los « Toritos »
  • All Boys : El « Albo »`
  • Excursionistas : Los « Villeros »
  • Instituto de Córdoba : La « Gloria »
  • Flandria : El « Canario »
  • Almagro : El « Tricolor »
  • San Miguel : El « Trueno Verde »
  • Almirante Brown : La « Fragata »
  • Deportivo Italiano : Los « Tanos »
  • Deportivo Español : Los « Gallegos »
  • Dock Sud : El « Doque »
  • Lamadrid : El « Carcelero »
  • San Telmo : Los « Candomberos »
  • Sarmiento de Junín : Los « Guerreros »
  • Tristán Suarez : Los « Lecheros »
  • Cañuelas : Los « Tamberos »
  • Douglas Haig : Los « Fogoneros »
  • Olimpo Bahia Blanca : Los « Aurinegro »

A lire aussi :

Enzo Francescoli, le prince devenu roi

Après avoir remporté la Coupe du monde 1950, l’Uruguay a passé des années sans briller en Coupe du monde, ne se qualifiant qu’à quelques reprises et n’atteignant pratiquement jamais les huitièmes de finale. Cependant, même sans grands résultats, le football du pays a révélé au monde des joyaux tels que Pedro Rocha, Rodolfo Rodríguez, Fernando Morena et un milieu de terrain qui a enchanté la planète pendant plus d’une décennie, principalement sous le maillot de River Plate : Enzo Francescoli, considéré par beaucoup comme l’un des plus grands joueurs uruguayens de tous les temps. Extrêmement habile, doté d’une incroyable vision du jeu et d’un sens du but à faire pâlir d’envie bien des attaquants, Francescoli a été la star de l’équipe nationale uruguayenne tout au long des années 1980 et jusqu’au milieu des années 1990. Il est l’un des rares joueurs du pays à ne pas avoir joué dans les plus grands clubs uruguayens (Peñarol et Nacional) et est plus adulé en Argentine (où il vit actuellement) que dans son pays d’origine. La raison ? Francescoli a tout simplement explosé à River Plate et fait aujourd’hui encore partie des plus grandes idoles du club. Avec les Millonarios, il a été exceptionnel, et a remporté de nombreux titres (dont une Libertadores en 1996) et plusieurs distinctions individuelles. Son passage en France lui a valu l’idolâtrie d’un jeune joueur qui brilla des années plus tard : Zinédine Zidane, qui a même donné à son fils le prénom de la star uruguayenne : Enzo.

Enzo Francescoli, le prince du football

Ses débuts au Montevideo Wanderes

Né à Montevideo, la capitale uruguayenne, Francescoli avec pour club de préféré Peñarol. Il aurait d’ailleurs aimé commencer sa carrière de joueur avec l’équipe aurinegra, mais il a été déçu par la façon dont les essais de l’équipe se déroulaient, car il était plus amené à regarder les autres qu’à jouer. En 1980, il décide alors de débuter sa carrière au Montevideo Wanderes, un club peu connu dans le pays, mais qui était fier d’avoir révélé au monde le grand défenseur chilien des années 1970, Elías Figueroa. Habile dès son plus jeune âge, Francescoli est rapidement surnommé « El Príncipe », en référence à l’ex-joueur des Wanderers, Aníbal Ciocca. Élégant et rapide, il est également comparé à la star uruguayenne d’antan, Juan Schiaffino.

Enzo Francescoli au Montevideo Wanderers

Son passage au club de Montevideo est remarquable, il mène l’équipe à de grandes campagnes dans le championnat uruguayen, dont une place de vice-champion en 1980 et sur le podium juste derrière les deux grandes équipes du pays, Peñarol et Nacional, lors des années suivantes. Incapable de remporter un titre en club, Francescoli remporte son premier titre en 1983 avec son équipe nationale.

L’Uruguay remporte la Copa América

Malgré son jeune âge, Francescoli est appelé en équipe nationale uruguayenne et s’illustre lors de sa première compétition officielle disputée avec la Celeste, la Copa América 1983. L’édition de cette année-là n’a pas de pays hôte et les matchs se déroulent donc dans différents pays. Lors de la phase de poule, l’Uruguay termine en tête de son groupe avec trois victoires et une défaite en quatre matchs. Qualifiée pour les demi-finales, la Celeste y retrouve le Pérou. Au match aller, l’Uruguay s’impose 1-0 à Lima. Au match retour, à Montevideo, un match nul 1-1 assure à l’Uruguay une place en finale contre le Brésil.

Francescoli lors de sa première Copa América en 1983

La finale se disputait également en matchs aller-retour. Le match aller s’est joué en Uruguay dans un stade Centenario plein à craquer. La Celeste a montré sa « garra » et, grâce notamment à un but de Francescoli, s’est imposée 2-0. Le match retour s’est déroulé au Fonte Nova, à Salvador. Le Brésil a ouvert le score par l’intermédiaire de Jorginho en première mi-temps, mais Aguilera a égalisé en seconde période pour offrir à l’Uruguay un match nul 1-1 et le titre de champion. Il s’agissait du 12e trophée remporté par la Celeste et du tout premier pour Francescoli, qui a été énorme tout au long de la compétition. Ses performances ont suscité l’intérêt de River Plate, qui a recruté la star uruguayenne peu après la Copa.

La naissance d’une idole

Les débuts de Francescoli avec River

La première année de Príncipe à River est irrégulière. Il alterne les bons et les mauvais moments avec l’équipe de Buenos Aires et, à l’instar de son équipe, fait une saison médiocre. Cependant, en 1984, il réalise des matchs brillants et marque de nombreux buts. Ses performances lui valent le titre de meilleur buteur du championnat argentin de cette année-là avec 24 buts, ainsi que le titre de meilleur joueur sud-américain de l’année. Il reçoit une offre de l’América de Cali (Colombie), mais préfère rester à River. L’histoire prouvera qu’il a fait le bon choix en restant en Argentine.

Son premier titre

En 1985 et 1986, Francescoli confirme tout son talent et montre aux yeux de tous qu’il est hors du commun. Il continue à marquer des buts et à réaliser des actions remarquables, ce qui lui permet de remporter le prix de meilleur joueur d’Argentine et l’idolâtrie des supporters. Francescoli atteint les sommets en janvier 1986, pendant la pause du championnat argentin, en inscrivant le but le plus célèbre et le plus beau de sa carrière : un spectaculaire retourné acrobatique lors d’un match amical électrisant contre l’équipe nationale de Pologne, que River remporte 5-4. Dans la foulée, il aide River à remporter le championnat argentin et devient une fois de plus le meilleur buteur de la compétition avec 25 buts. C’est l’apogée de Francescoli à River et l’impulsion dont il a besoin avant de disputer sa première Coupe du monde.

Sa première Coupe du monde

À l’âge de 24 ans, Francescoli est la seule star de l’Uruguay lors de la Coupe du monde 1986. La Celeste espère s’appuyer sur son statut de double championne du monde pour créer la surprise, mais elle réalise une campagne médiocre, et s’incline 1-0 en huitième de finale face à l’Argentine de Maradona. Avant cela, l’équipe s’était qualifiée en terminant parmi les meilleurs troisièmes, sans avoir gagné un seul match : 1-1 contre l’Allemagne, 0-0 face à l’Écosse et une cuisante défaite 6-1 face au Danemark. C’est lors de ce match que Francescoli a marqué son premier et unique but en Coupe du monde. L’Uruguayen déclara plus tard dans une interview au journal argentin « El Gráfico » que cette Coupe du monde a été le moment le plus embarrassant de sa carrière.

« On ne réalisait pas que l’on se ridiculisait. C’est la seule chose pour laquelle je m’excuserais auprès de tous les Uruguayens »

La Coupe du monde lui donne toutefois de la visibilité et la possibilité de jouer en Europe. Le joueur est recruté par le Racing Club de Paris, récemment promu en première division française, et fait ses valises pour la France. Le point noir de ce transfert : il n’a pas eu l’occasion de faire partie de l’équipe de River qui a remporté la première Libertadores de l’histoire du club, en 1986.

L’aventure européenne

De Paris à Marseille

Enzo Francescoli sous les couleurs du Matra Racing

Francescoli débarque à Paris pour jouer dans l’équipe la plus traditionnelle de la capitale française, qui commence à rivaliser avec le Paris Saint-Germain, fondé en 1970. L’équipe reçoit le soutien financier de la société Matra et change même de nom pour devenir Matra Racing en 1987. Francescoli continue à réaliser d’excellentes performances et est élu meilleur joueur étranger de France en 1987. Grâce à lui, le club parisien échappe à la relégation et se bat même pour les premières places du classement, mais il se rend compte qu’il est impossible de gagner quoi que ce soit, même avec l’argent de Matra. En 1989, l’Uruguayen accepte donc l’offre du champion de France en titre de l’époque, l’Olympique de Marseille, et quitte le club parisien, qui fera faillite en 1990 et perdra définitivement sa place de meilleure équipe de la capitale au profit du PSG.

Enzo Francescoli lors d'un match entre l'OM et Nice

A Marseille, Francescoli remporte enfin un titre : la Ligue 1, remportée brillamment par l’équipe qui comprenait, outre l’Uruguayen, le buteur Jean-Pierre Papin et des grands joueurs comme Waddle et Tigana. Pendant sa courte période à l’OM, Francescoli devient l’idole du jeune Zinédine Zidane, enchanté par le football de l’Uruguayen. L’idolâtrie était telle que, des années plus tard, Zidane donna à son fils le prénom de Francescoli : Enzo Zidane.

Son dernier Mondial

Francescoli sort d’un doublé en Copa América avec l’Uruguay en 1987, menant son équipe au titre remporté en Argentine, et d’une place de finaliste en 1989 (perdue contre le Brésil) lorsqu’il arrive en Italie pour disputer sa deuxième et dernière Coupe du Monde en 1990. La campagne de la Celeste est encore une fois irrégulière, avec une victoire 1-0 contre la Corée du Sud, un match nul 0-0 contre l’Espagne et une défaite 3-1 contre la Belgique. L’équipe réussit une nouvelle fois à se qualifier pour les huitièmes de finale en faisant partie des meilleurs troisièmes. Cependant, lors de la phase à élimination directe, l’équipe est éliminée par le pays hôte, l’Italie de Schillaci et Roberto Baggio, qui l’emporte 2-0. Ce fut le dernier match de Francescoli en Coupe du monde. Il faudra attendre 1995 pour que la star brille à nouveau sous le maillot de l’équipe nationale.

L’aventure italienne

Après la Coupe du monde 1990, Francescoli ne rentre pas en France et reste en Italie pour jouer à Cagliari. Une nouvelle fois dans un petit club, il doit tout faire pour aider l’équipe sarde à éviter la relégation en deuxième division, ce qu’il parvient à faire en organisant le jeu de son équipe et en marquant des buts importants. Lors de sa troisième saison dans le Calcio, Francescoli aide Cagliari à obtenir une surprenante sixième place en Serie A et à se qualifier pour la Coupe de l’UEFA. Avec 7 buts inscrits cette année-là, il réalise sa meilleure saison sur le sol italien. En 1993, Francescoli accepte une offre du Torino, alors vainqueur de la Coupe d’Italie.

Enzo Francescoli avec Cagliari

Au Toro, Francescoli ne parvient pas à répéter les bonnes performances des années précédentes et ne remporte aucun titre, même s’il n’est pas passé loin de gagner la Coupe d’Italie, la Serie A et la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. À 33 ans, il sait que la fin de carrière approche, il décide alors de revenir à River Plate, son club de cœur.

Une fin de carrière faite de consécration

Lorsqu’il revient d’Europe pour jouer à River Plate, Francescoli fait l’objet de critiques, surtout dans son pays. Beaucoup doutent alors que la star de 34 ans puisse jouer un rôle important. Mais il montre rapidement qu’il a encore de beaux jours devant lui. En 1994, il finit meilleur buteur du tournoi d’ouverture et aide River à remporter un nouveau titre de champion. En 1995, il ne gagne rien avec River, mais il brille avec l’équipe nationale uruguayenne, en remportant sa troisième Copa América à domicile grâce à une victoire en finale face au Brésil, alors champion du monde en titre. Cette année-là, Francescoli est élu meilleur joueur sud-américain de l’année. La star décide de se retirer de l’équipe nationale après ce triomphe, mais reviendra pour quelques apparitions plus tard, mais sans grand éclat. Il voulait se consacrer exclusivement à son River.

Une année parfaite

Si River ne gagne rien en 1995, l’histoire allait être différente en 1996. Aux côtés de jeunes promesses comme Sorín, Ortega, Almeyda, Crespo et Gallardo, il est le maestro et le leader de l’équipe qui remporte la Copa Libertadores de cette année-là, exactement 10 ans après son premier sacre. River ne concède que deux défaites dans la compétition et bat une nouvelle fois les Colombiens de l’América de Cali en finale (2-0) dans un Monumental de Núñez plein à craquer. C’est le couronnement de Francescoli et de cette génération de pépites de River Plate. L’équipe est alors la meilleure du continent et Francescoli la plus grande idole du club. La star uruguayenne déclara plus tard que cet exploit, ainsi que le titre de la Copa América en 1995, ont été les meilleurs moments de sa carrière.

Enzo Francescoli embrasse la Copa Libertadores remportée avec River Plate en 1996

Le duel face à son fan

Dans la foulée, il remporte un autre trophée : le championnat d’ouverture argentin, avec neuf points d’avance sur son dauphin. River arrive alors plein de confiance avant le match le plus important de la saison : la Coupe intercontinentale, face à la Juventus de Del Piero, Deschamps et Zidane, le Français qui avait Francescoli comme idole. Dans l’affrontement entre Francescoli et son fan, Zizou et son équipe prennent le dessus et remportent la Coupe. River manquait l’opportunité de dépasser son rival Boca au nombre de titres mondiaux.

Triple champion d’Argentine

Après le choc de la perte de ce Mondial des clubs en 1996, Francescoli joue de nouveau un rôle décisif dans le sacre de River en Argentine, en remportant le championnat d’ouverture et le championnat de clôture en 1997. Cette année-là, River bat le record de remporter deux titres en quatre jours : la Recopa Sudamericana contre São Paulo et le Tournoi d’ouverture, après un match nul 1-1 lors du match décisif contre Argentinos Juniors, un résultat qui a assuré le titre aux « Millonarios ». En pleine période de gloire, Francescoli sait qu’il est temps de raccrocher les crampons, même si c’est douloureux.

Les adieux d’un joueur de génie

Enzo Francescoli et ses fils lors de son match d'adieu avec River Plate

Francescoli fait ses adieux au football après une brillante saison en 1997. Le crack est accueilli avec joie et émotion dans un Monumental de Núñez plein à craquer. C’est ainsi que s’achève la carrière de l’une des plus grandes idoles de River Plate et du meilleur joueur uruguayen des années 1980 et 1990. Curieusement, après la retraite de Francescoli, River mettra longtemps à briller à nouveau dans les compétitions internationales (pas avant 2014), ne remportant que des compétitions nationales et accumulant les déceptions historiques, comme la relégation en 2011. Les performances d' »El Príncipe » ont marqué à jamais l’histoire du football. Son talent et son style de jeu ont enchanté le public des Amériques et du monde entier, faisant de lui un joueur de légende.

Son parcours professionnel en bref

Les clubs où il a joué

  • Montevideo Wanderes-URU (1980-1982),
  • River Plate-ARG (1983-1986 et 1994-1997),
  • Racing Club Paris-FRA (1986-1989),
  • Olympique de Marseille-FRA (1989-1990),
  • Cagliari-ITA (1990-1993),
  • Torino-ITA (1993-1994).

Palmarès

En club

  • 1 Copa Libertadores da América (1996),
  • 1 Supercopa de Libertadores (1997),
  • 5 championnats d’Argentine (1985-1986, 1994-Apertura, 1996-Apertura, 1997-Clausura et 1997-Apertura) avec River Plate.
  • 1 Championnat de France (1990) avec l’Olympique de Marseille.

Avec la sélection d’Uruguay

  • 3 Copas Américas (1983, 1987 et 1995).

Les principaux titres individuels remportés par Francescoli

  • FIFA 100: 2004
  • Joueur sud-américain de l’année : 1984 et 1995
  • Meilleur buteur du championnat argentin : 1984 (24 buts), 1985-1986 (25 buts) et 1994 (12 but)
  • Joueur de l’année en Argentine : 1985 et 1995
  • Meilleur joueur étranger de l’année en France : 1990
  • Meilleur buteur étranger de l’histoire de River Plate
  • Élu plus grand joueur de l’histoire de River Plate: 2008
  • Élu dixième meilleur joueur du 20e siècle par France Football : 1999
  • Meilleur buteur uruguayen de l’histoire du football argentin : 137 buts en 236 matchs

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Racing – Independiente : histoire du clásico de Avellaneda

Le clásico entre Racing et Independiente, qui oppose les deux clubs populaires de la ville d’Avellaneda, compte plus de 100 ans d’histoire, ce qui fait de lui un des clásicos les plus historiques et plus chauds d’Argentine.

La ville d’Avellaneda, qui fait partie du grand Buenos Aires, et ses quelques 350 000 habitants sont coupés en deux au moment de supporter les couleurs des deux principales équipes installées depuis le début du XXe siècle dans la ville, et qui font parties des plus importantes du pays transandin : Club Atlético Independiente et Racing club. Rouge d’un côté et albiceleste de l’autre, ce match est considéré comme le deuxième plus important du football argentin du fait de son histoire et de ses nombreux supporters, qui ne se trouvent pas uniquement dans les limites de la ville, mais sur tout le territoire argentin.

Les origines du clásico de Avellaneda

La naissance du Racing Club

Le 12 mai 1901, des élèves du colegio Nacional Central créent l’équipe de Barracas al Sud, la première du pays à être fondée par la population locale, contrairement aux autres clubs, qui ont été créés par des Anglais. Quelques années plus tard, une grande partie des membres quittent le club pour en former un nouveau : les Colorados Unidos del Sud. Mais ils se rendent vite compte que c’était une erreur, car Barracas s’est retrouvé amoindri suite à cet exode, tandis que la nouvelle équipe n’a jamais réussi à décoller.

Le 25 mars 1903, lors d’une réunion à laquelle assistent les membres des deux clubs, il est décidé que la meilleure chose à faire pour les deux institutions est de réunir leurs forces sous un même nom. L’une des personnes qui y assistait (d’origine française) a alors montré un magazine automobile français, où on pouvait lire sur la couverture : Racing Club. C’est ainsi qu’a été fondée la première équipe de cette histoire.

La naissance du Independiente Football Club

En 1904, les employés de l’un des plus grands magasins de Buenos Aires nommé A la ciudad de Londres, forment un club qu’ils appellent Maipu Banfield, pour disputer des matchs contre d’autres marques commerciales. Les travailleurs les plus jeunes qui font partie de l’équipe ne sont alors pas autorisés à jouer les matchs, ils ne peuvent que les regarder. Du coup, ils se sont réunis et après en avoir discuté, ils ont décidé de quitter le club. D’autres équipes leur ont ouvert les portes, mais les jeunes employés ont voulu créer leur propre club et montrer leur indépendance par rapport aux autres équipes. C’est ainsi que le 1er janvier 1905 (date officielle de fondation du club) est né le Independiente Football Club.

Période amateur : la première rencontre entre Racing et Independiente

Le premier match officiel

Le premier match officiel entre les deux équipes s’est disputé le 9 juin 1907 pour le tournoi de troisième division, alors que le football argentin se jouait encore au niveau amateur. Dès cette première confrontation, on a commencé à sentir la rivalité qui existerait entre les deux institutions. D’abord parce que les fans du Racing n’étaient pas d’accord avec l’idée de partager un quartier avec une autre équipe, car ils étaient arrivés quelques années avant. Puis, avec l’arrivée d’Independiente à Avellaneda, le club a obtenu le soutien des travailleurs et des classes inférieures, qui se sentaient déjà identifiés à l’équipe. Alors que les fans de Racing étaient plutôt des employés municipaux et d’un statut supérieur. Et cette différence génère toujours des rivalités, comme cela arrive dans d’autres classiques à travers le monde.

Quelques jours avant le match, les murs des rues d’Avellaneda, ont été peints avec le résultat du match qui, selon les supporters de la Academia, serait de 40-0 pour eux. Cela semble ridicule et exagéré, mais ils avaient leurs raisons de penser comme ça. Racing luttait pour le titre et était invaincu dans le tournoi. Tandis que « el rojo » était l’équipe qui avait souffert le plus de but, et venait d’être battu 21-1 lors de la journée précédente. Personne n’imaginait une possible victoire pour Independiente.

Le tout premier clásico de Avellaneda, le 9 juin 1907

Le match s’est déroulé sur un terrain situé dans la rue Manuel Ocantos avec les deux équipes qui arboraient des couleurs différentes de celles d’aujourd’hui : Independiente jouait en blanc, tandis que les joueurs du Racing portaient un maillot celeste avec du rose.

Quelques minutes avant le début du match, Independiente n’arrivait toujours pas à réunir les onze joueurs à mettre sur le terrain. Rosendo Degiorgi (fondateur, président et capitaine du club) s’est alors approché de l’entraîneur du Racing, Luis Carbone, pour lui proposer qu’ils prennent les points et que le match soit joué, mais en amical. Carbone n’a pas accepté, estimant que la meilleure chose à faire pour son équipe était de jouer et de marquer le plus de buts possible, ce qui serait important dans la lutte pour le titre. Du coup Independiente a dû rentrer sur le terrain avec une équipe qu’il a dû improviser sur le moment.

Dès le coup de sifflet initial, tout s’est déroulé de manière inattendue. Independiente a pris une avance de 2-0 en première période. Mais Racing a su réagir et est revenu à 2-2, avec le score qui s’est maintenu ainsi jusqu’à la 85e minute de jeu. Alors que le match touchait à sa fin, le fondateur et capitaine de Independiente, Degiorgi, a décroché un tir puissant qui a donné la victoire au Rojo dans le premier Clásico de Avellaneda de l’histoire.

Suite à cette défaite honteuse, le coach de l’équipe perdante s’est approché de Degiorgi et lui a proposé de lui acheter les points de la victoire afin d’éviter l’humiliation, et parce qu’ils en avaient besoin pour jouer le titre. Mais la réponse a été claire et nette : NON. Ils leur avaient donné une chance avant la rencontre, mais maintenant Independiente ne vendrait sa victoire pour rien au monde. Une autre raison qui a cimenté la rivalité entre Racing et Independiente.

A savoir : Racing Club a remporté son premier titre national de première division en 1913. Independiente a dû attendre jusqu’en 1922.

Le premier match parmi l’élite

Quelques années plus tard, les deux équipes se sont affrontés pour la première fois en première division du football argentin, le 12 décembre 1915. Le match a eu lieu dans le premier stade du Rojo, dans le quartier de Crucecita. L’équipe locale a gagné 2-1 mais les points lui ont ensuite été retirés et la victoire a été donnée au Racing, car Independiente avait fait participé un joueur qui n’était pas autorisé à jouer.

Les 15 années qui ont suivi, Racing est devenu une des équipes qui a le plus gagné en Argentine. Il a été neuf fois champion national, dont sept titres consécutifs (de 1913 à 1919), un record absolu du football argentin, inégalé jusqu’à aujourd’hui encore. C’est à ce moment-là que la presse a baptisé le club « La Academia« , pour le beau football qu’il pratiquait. Quant à Independiente, durant cette période il n’a obtenu que deux titres.

Durant cette période amateure en première division, le Clásico de Avellaneda a été disputé à 18 reprises, avec 8 victoires pour chacun et deux matchs nuls. Ce match était considéré par les amateurs de football comme le match le plus populaire du pays, vu qu’à cette époque Boca Juniors et River Plate jouaient dans différentes associations de la AFA et ne s’affrontaient donc presque jamais. Pendant le football amateur, Racing et Independiente étaient les principaux protagonistes du football argentin.

L’arrivée du professionnalisme

Le professionnalisme a fait son apparition en Argentine en 1931. Lors de ce premier tournoi, le match Independiente-Racing a été tout proche d’être le premier clásico à être disputé dans cette nouvelle étape du football local, car il était programmé lors de la première journée. Mais les dirigeants de la Academia ont demandé à reporter le match, car ils n’avaient pas eu le temps de monter leur équipe. Independiente a accepté leur requête, du coup le match allait se jouer à la fin du championnat. Les habitants d’Avellaneda ont dû attendre jusqu’au 27 septembre de la même année, pour le compte de la 18e journée, pour voir les deux équipes de la ville s’affronter.

C’est dans l’ancien stade de Racing que s’est joué ce premier Clásico d’Avellaneda de la période professionnelle et la rencontre méritait d’être épique. Et elle l’a été. En effet, jamais plus on a revu un tel résultat entre les deux équipes. Racing a battu son rival 7 buts à 4, ce qui a fait de ce match, le match avec le plus de buts inscrits de l’histoire de tous les clásicos en Argentine dans l’ère professionnelle.

Le premier clásico de l’ère professionnelle : Racing -Independiente 7-4

Lors du match reporté, qui s’est donc joué après la dernière journée de championnat, Racing s’est rendu sur la pelouse du Rojo et à gagner à nouveau, cette fois sur le score de 4-1.

Cette différence de résultats entre les deux équipes était due aux situations différentes que vivaient les deux institutions. Le Racing Club était à son apogée, et remplissait son placard à trophées. Cela a d’ailleurs été la meilleure période de son histoire. Les hinchas d’Independiente ont dû attendre plusieurs décennies avant de voir leur équipe triompher de façon significative.

Les années 40 : les plus gros scores

Pour se venger de cette terrible défaite concédée en 31, il faudra attendre neuf petites années. Lors du championnat de 1940, Independiente est arrivé en tant que double champion, après avoir remporté les titres de 38 et 39. Sur son terrain, le Rojo a été largement supérieur, et grâce à son attaque historique composée de Erico, De La Mata, Maril, Zorrilla et Sastre, a étrillé son rival 7 buts à 0. C’est la plus grosse victoire de l’histoire du Clásico de Avellaneda.

Arsenio Erico

Le Paraguayen Arsenio Erico a été l’un des buteurs de cet après-midi magique pour le Rojo. L’attaquant a inscrit le nombre incroyable de 295 buts avec l’équipe d’Avellaneda. Des buts qui l’ont aidé à atteindre de nombreux records. Aujourd’hui encore, il est le meilleur buteur de l’histoire du club, et ce total n’est pas près d’être battu. Ce total lui permet également de se positionner en tête des meilleurs buteurs du football argentin, raisons pour lesquelles la FIFA l’a élu meilleur joueur paraguayen de tous les temps. Pour revenir au clásico, Arsenio Erico est également le meilleur buteur de ces confrontations directes, avec 19 réalisations.

En 1945, Independiente a à nouveau battu son rival, lors du premier clásico joué en dehors d’Avellaneda, sur un score de 5-1. À la fin des années 40, le Racing a enfin pu se venger des deux grosses défaites souffertes durant la décennie grâce à une victoire face au Rojo à domicile 5 buts à 2.

Les années 60 : de nombreuses polémiques

Pour la suite, on passe directement en novembre 1961 pour évoquer un des clásicos qui a été le plus violent. Racing avait déjà été sacré champion, mais un derby reste un derby et il faut le jouer à fond. Le match s’est joué sur la pelouse de la Academia, et la rencontre était équilibrée, jusqu’au moment où les joueurs ont commencé à s’échanger des coups, provoquant une bagarre générale, qui a contraint l’arbitre à suspendre le match pendant une trentaine de minutes. Si cela était arrivé aujourd’hui, c’est sûr que le match aurait pris fin suite à ces débordements. Mais après avoir calmé les esprits, l’arbitre a pris la décision d’expulser quatre joueurs de chaque côté, un nombre record d’expulsion lors d’un clásico. Le match s’est ensuite terminé sur un match nul 1-1.

Durant cette décennie, la rivalité entre les deux clubs a été consolidée en raison de toutes les polémiques. En mai 1965, a eu lieu un nouveau match plein de controverses. La Academia gagnait 2-0 contre Independiente, mais en deuxième période, l’arbitre Dellacasa, connu pour ne pas hésiter à sortir des cartons rouges, a signalé deux penalties pour le Rojo. Considérant que ces derniers étaient litigieux, les joueurs du Racing ont fortement protesté contre l’arbitre. Résultat, l’arbitre a sorti cinq cartons rouges, ce qui a fait que Racing n’avait plus le nombre de joueurs nécessaires sur la pelouse selon le règlement. Le match a alors été arrêté alors qu’il restait 23 minutes à jouer. L’AFA a décidé de reprendre le match un autre jour, mais ces minutes n’ont jamais été rejouées. Dellacasa a été suspendu pendant 3 mois.

A savoir : Independiente a remporté sa première Copa Libertadores en 1964. Racing l’a gagné en 1967. Ce clásico est le premier en Argentine à avoir été joué entre deux équipes championnes d’Amérique.

Les années 70 : le tour d’honneur du Rojo

La dernière journée du championnat de 1970 n’était pas adaptée pour les cardiaques, avec River Plate et Independiente qui se disputaient le titre. Les Millonarios ont battu leur rival de la journée 6-0, et comptaient donc à ce moment-là 2 points de plus que le Rojo et une différence d’un petit but de plus. Independiente se déplaçait au Cilindro avec pour mission de gagner afin de soulever le trophée de champion.

Racing a rapidement mené au score, mais à la 21e minute de jeu, l’arbitre Dellacasa (bien connu à Avellaneda) a accordé un pénalty pour Independiente. Tarabini s’est chargé de le tirer, mais son tir a été repoussé par le gardien Agustín Cejas. Mais l’arbitre a ordonné de re-tirer le penalty, car le gardien s’était avancé. Une nouvelle fois, Cejas a arrêté le penalty, mais Dellacasa a une fois de plus signalé que le gardien s’était avancé. À la troisième tentative, Tarabini a enfin égalisé.

Alors qu’il ne restait plus que 9 minutes à jouer et que les deux équipes étaient à égalité 2-2, Independiente a inscrit le but qui lui a donné la victoire, ce qui lui a permis de remporter le titre. Le Rojo a alors fait un tour d’honneur (tradition en Argentine lorsque l’on est champion) sur le terrain de son grand rival pour la première fois. Racing n’a encore jamais eu le privilège de pouvoir le faire sur le terrain d’Independiente.

Nous arrivons maintenant à une période importante de l’histoire du Clásico de Avellaneda. De leur première confrontation, jusqu’en 1974, le Racing était devant son rival en terme de résultats. Mais lors de cette décennie a commencé l’âge d’or d’Independiente, qui lui a permis de renverser pour la première fois les statistiques en sa faveur. Une différence qui dure jusqu’à aujourd’hui encore. De plus, le Rojo a remporté 4 Copa Libertadores et trois coupes intercontinentales au cours de ces années. C’est ainsi que ce clásico a été le premier en Argentine à se disputer entre deux équipes championnes du monde.

A savoir : il y a peu de villes au monde qui peuvent se vanter d’avoir deux clubs qui ont été champions mondiaux : Milan, Madrid et Buenos Aires. Avellaneda a également l’honneur d’être la plus petite ville à y être arrivé.

En 1979, deux derbys ont beaucoup fait parler d’eux. Le premier s’est disputé le 2 septembre sur la pelouse de Racing. L’équipe locale gagnait 2-0 grâce à des buts de Cárdenas et Rodríguez. Mais les visiteurs n’ont eu besoin que de 13 minutes pour renverser le score. Ricardo Bochini, l’une des plus grandes idoles d’Independiente, se souvient de cet après-midi :

« Nous perdions 2-0, les joueurs du Racing m’ont chauffé et m’ont énervé … En 15 minutes, j’ai délivré trois passes décisives et nous avons gagné 3-2 »

Un peu plus d’un mois plus tard, les deux équipes se sont re-rencontrées, mais cette fois sur la pelouse d’Independiente. Racing menait 1-0, lorsqu’à la 40e minute, le match a été suspendu pour une agression sur un des arbitre de touche. Le match s’est terminé le 22 novembre à La Bombonera, où Racing l’a remporté 3-2.

Les années 80-90 : Le Racing invincible

1983 est une année dont les supporters d’Independiente se souviennent avec beaucoup de satisfaction. Le 22 décembre, le Rojo a reçu le Racing dans son stade, avec la mission de gagner pour devenir champion d’Argentine. En plus de cela, la Academia avait déjà été condamné à la relégation lors de la journée antérieure. Grâce à des buts de Ricardo Guisti et Enzo Trossero, Independiente a fait le tour d’honneur pour la deuxième fois face à son grand rival, tandis que le Racing pleurait pour sa première et unique descente de l’histoire du club.

Le Racing a mis trois ans pour remonter en première division, et donc de pouvoir à nouveau disputer le Clásico de Avellaneda. Les joueurs et les hinchas de la Academia voulaient absolument remporter ce match afin de se venger de leur dernière défaite avant de descendre. Mais ils n’ont pas pu faire mieux qu’un match nul. Ce qu’ils ne savaient pas à ce moment-là, c’est que le Racing commençait une série de matchs consécutifs sans perdre, et qui deviendrait la plus longue de l’histoire du clásico. Au total, ce furent 16 matchs invaincus entre 1986 et 1994 ! Le milieu de terrain uruguayen Rubén Paz, une des plus grandes idoles de l’histoire de Racing a ainsi rappelé de ses propres mots :

« Dès mes débuts en 1987, tout s’est bien passé pour moi. Nous perdions 1-0 et j’ai égalisé. Je n’ai jamais perdu contre eux, je leur ai mis des buts et j’ai bien joué. Que puis-je demander de plus ? « 

Independiente a mis fin à la série de défaites avec une victoire 2-0 en 94. Un an plus tard, Marcelo Delgado a marqué un but magnifique au Doble Visera pour égaliser dans le temps additionnel. C’est l’un des souvenirs les plus mémorables pour les hinchas de la Academia.

En 1998, le Racing a réussi à mettre fin à une très mauvaise série sur le terrain de son rival. Cela faisait 17 ans qu’il ne gagnait pas dans le stade du Rojo, mais une victoire a enfin pu changer cette statistique. Mais une fois encore, le match a été entaché d’une polémique. Alors que Racing menait 2-0, une coupure de courant suspecte a contraint l’arbitre de suspendre le match, qui a repris 3 jours plus tard. Independiente a réduire le score, mais la Academia a réussir à mettre un nouveau but, l’emportant ainsi 3-1.

Les années 2000

En 2001, Racing a été sacré champion d’Argentine, 35 ans après son dernier titre. Le Clásico de Avellaneda a été vital pour y parvenir, car la Academia avait égalisé en toute fin de match grâce à un but de Gabriel Loeschbor. Ce but s’est avéré décisif car le Racing a été champion avec seulement un petit point d’avance sur River au classement.

Le pire du Clásico

Ces matchs font parler d’eux pour la grande passion des supporters. Ce sont des matches différents, pour lesquels il n’y a pas de favoris au coup d’envoi. Peu importe la forme des équipes, tout peu arriver. Les supporters les plus fanatiques disent même qu’ils préfèrent battre leur grand rival que de se sacrer champion. C’est le type de match où les entraîneurs et les joueurs disent qu’il faut laisser la vie sur le terrain. Et cette phrase, certains hinchas l’interprètent trop à la lettre.

En 2002, lors de l’avant match du Clásico de Avellaneda, des sympathisants des deux clubs se sont affrontés dans plus d’un endroit de la ville. Mais le plus grave s’est passé à quelques mètres du stade. Une vingtaine de personnes ont été admises dans des hôpitaux avec des blessures par balle et par armes blanches. Un jeune de 24 ans (supporter d’Independiente) est alors décédé dans l’ambulance à cause de la gravité de ses blessures. Il a été le martyr n° 165 de la violence dans le football argentin. C’est pour cette raison qu’actuellement les matchs se jouent sans supporters visiteurs…

En 2003, l’un des événements les plus curieux de l’histoire de ce grand duel s’est produit. Les frères Milito se sont affrontés sur le terrain. Gabriel jouait pour Independiente et Diego pour le Racing. En plus, celui qui jouait pour le Rojo était défenseur, et celui de la Academia attaquant. Impossible de faire mieux ! Cette année-là, le match s’est joué sur le terrain de Lanús. À un moment du match, Gabriel a coupé une contre-attaque du rival en faisant faute, et Diego a demandé à l’arbitre de lui mettre un carton rouge. Le temps d’un match, les liens de sang ont été oubliés et chacun défendait ses couleurs.

En 2005, d’après de nombreuses personnes, on a pu voir le plus beau but de l’histoire de ce clásico. Le 11 septembre, au Doble Visera, Independiente a facilement battu son rival quatre buts à zéro, grâce à un triplé de l’attaquant Nicolas Frutos, qui a bien sûr été l’homme du match. Mais ce que personne n’attendait, c’est qu’un jeune joueur de 17 ans à peine, lui volerait la vedette en inscrivant le quatrième but. Le petit bijou dont nous parlons a été inscrit par un joueur qui aujourd’hui fait les beaux jours de Manchester City : Sergio Aguero.

Actualité

Independiente a connu la descente en 2013, sa première relégation en plus de 100 ans d’histoire. Du coup, le derby de la ville ne s’est pas joué pendant quelque temps. Mais l’équipe est vite remontée, et a remporté la première rencontre contre son grand rival.

Actuellement, le Rojo compte un avantage de 19 victoires en matchs officiels, après en avoir compté 22, ce qui correspondait à la plus grande différence entre les deux équipes de l’histoire de ce clásico.

En tout, la Academia et le Rojo se sont affrontés à 234 reprises, entre coupes nationales, coupes internationales, première division et période amateure. Racing compte 70 victoires contre 89 de son rival et 75 matchs nuls.

Voisins mais pas amis

Comme c’est généralement le cas à travers le monde, le fait que Racing et Independiente partage la même région, ville ou quartier aide au fait que la rivalité entre les deux clubs soit encore plus forte. Mais à Avellaneda, on retrouve une situation que l’on ne peut pas voir partout, et qui en rajoute une couche à cette inimitié entre les supporters. Seulement 300 mètres séparent les stades des deux clubs.

Racing a été le premier à s’installer dans le secteur (au début du siècle dernier) entre les rues Alsina et Colón. Le stade a été agrandi au fil des années et, dans les années 20, il pouvait accueillir 30 000 personnes. En 1946, le président Perón (supporter du club) accorda un prêt pour la construction d’un nouveau stade plus moderne. Le 3 septembre 1950, le nouveau stade, nommé Président Perón, plus connu sous le nom de Cilindro a été inauguré.

Independiente au contraire, n’est arrivé dans la zone qu’en 1928. Le lieu choisi était un marais situé derrière le stade de Racing. Les gérants du Rojo de l’époque ont alors dû assécher le marais et le remplir de terre pour pouvoir construire le stade. Le 4 mars 1928, le stade qui quelques années plus tard se fera appeler Doble Visera a été inauguré. En 2005, il a été remodelé et a été renommé Libertadores de América.

La proximité des stades du Racing et d’Independiente

Les « traîtres »

Souvent considérés comme des traîtres par les supporters, il y a des joueurs qui ont joué pour les deux équipes d’Avellaneda durant leur carrière. Le mot traître est fort, mais pour les supporters qui vivent pour leur couleur, et qui le dimanche font des gros efforts pour soutenir leurs joueurs, il n’y a pas d’autres mots pour refléter ce qu’ils ressentent lorsqu’un joueur que l’on a soutenu passe dans le camp adverse.

L’ex joueur Miguel Ángel Ludeña peut en témoigner, lui qui a défendu les couleurs du Racing en 88 et 89, et remporté des titres continentaux. Lorsqu’il a décidé de rejoindre Independiente la saison suivante, les hinchas de la Academia ne lui ont pas pardonné et ont tiré sur sa voiture en pleine rue.

L’ex joueur et entraîneur José Omar Pastoriza, sait également ce que c’est de passer d’un club à l’autre, lui qui est passé par les deux équipes sur le terrain, et sur le banc.

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Argentine : retour sur la journée des clásicos

On a eu droit à un week-end de folie en Argentine avec le Superclásico, le clásico de Avellaneda, de La Plata, de Rosario et plus encore dans le cadre de la 7e journée de la Copa de la Liga Profesional.

La septième journée de la Copa Liga Profesional, celle des clásicos, s’est jouée entre le vendredi 29 septembre et le lundi 2 octobre. Elle a débuté par le match entre Tigre et Vélez, qui s’est soldé par un score nul et vierge.

Samedi, San Lorenzo a arraché l’égalisation dans le temps additionnel face à son rival Huracán, Rosario Central a battu Newell’s grâce à un golazo d’Ignacio Malcorra, Independiente a été chercher la victoire chez son voisin Racing au Cilindro, ce qui a entraîné la démission de Fernando Gago, et Banfield a pris une bouffée d’air frais en s’imposant face à Lanús.

Dimanche, River a remporté le Superclásico contre Boca à la Bombonera, tandis que le clásico de La Plata entre Estudiantes et Gimnasia s’est terminé sur un score nul et vierge. À Santa Fe, Colón et Unión se sont également quittés sur un 0-0 et, tout comme Talleres et Belgrano dans le derby de Cordoba.

Découvrez ci-dessous tous les résumés de cette journée des clásicos.

La journée 7 de la Copa de la Liga

Tigre 0-0  Vélez

Arsenal 1-0 Defensa y Justicia

  • 45+8′ Juan Bautista Cejas (p) (ARS)

San Lorenzo 1-1 Huracán

  • 61′ Ignacio Pussetto (HUR)
  • 90+8′ Adam Bareiro (p) (SLO)

Rosario Central 1-0 Newell’s

  • 86′ Ignacio Malcorra (ROS)

Racing 0-2 Independiente

  • 5′ Alexis Canelo (IND)
  • 86′ Braian Martínez (p) (IND)

Banfield 1-0 Lanús

  • 38′ Juan Bisanz (BAN)

Boca 0-2 River

  • 41′ Salomón Rondón (RIV)
  • 90+6′ Enzo Díaz (RIV)

Colón 0-0 Unión

Estudiantes 0-0  Gimnasia

Talleres 0-0 Belgrano

Barracas Central 1-1 Sarmiento

  • 3′ Juan Ignacio Diaz (BC)
  • 10′ Guido Mainero (CSA)

Godoy Cruz 1-1 Instituto

  • 28′ Jonas Acevedo (INS)
  • 56′ Tadeo Allende (GOD)
httpv://www.youtube.com/watch?v=oDzbE–Wzqw

Platense 0-0 Argentinos

Atlético Tucumán 0-0 Central Córdoba

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Le maillot « interdit » : le jour où River a joué avec les couleurs de Boca

Le 20 août 1980, l’équipe de Labruna affrontait le PSV Eindhoven dans le cadre du Trophée Joan Gamper, organisé par le FC Barcelone. Comme les Néerlandais portaient du blanc, les Espagnols ont prêté aux triples champions d’Argentine un maillot jaune et bleu (et bordeaux). Avec les couleurs de son éternel rival, River a remporté la confrontation aux tirs au but.

43 ans se seront écoulés depuis l’un des plus grands paradoxes de l’histoire de River Plate : le match au cours duquel les Millonarios ont porté les couleurs de Boca. En tournée en Espagne pour disputer le Trophée Joan Gamper 1980, l’équipe alors entraînée par Ángel Labruna et triple championne d’Argentine en titre (Metro et Nacional 79, et Metro 80) a joué avec un maillot de Barcelone qui n’était pas le traditionnel maillot blaugrana, mais un maillot alternatif du club catalan : jaune avec une bande bleue (et bordeaux).

A cette époque, l’industrie textile faisait son entrée dans le monde du football. Les noms des marques de sport commençaient à apparaître sur les maillots des équipes, comme le logo Topper qui a accompagné la bande rouge à partir de 1977. En mars 1980, River arborait le trèfle Adidas pour la première fois lors d’un match de Copa Libertadores contre le Sporting Cristal, bien qu’il s’agissait d’un contrat temporaire, valable uniquement pendant cette compétition (River est repassé chez Adidas en 1983, et ne les a plus quitté depuis).

C’est précisément à l’occasion du Gamper 1980, le trophée amical qui marque le début de saison du FC Barcelone, que River a fait ses débuts avec une troisième marque sur son maillot le 19 août contre Vasco da Gama : Olimpia, une entreprise argentine qui habillera le club jusqu’en 1982, selon l’excellent livre « La camiseta de River » de Javier Maluf.

Cependant, le lendemain du match contre les Brésiliens – que River a perdu 3-2 – le club de Núñez n’a pas pu porter son tout nouveau maillot. Lors du match contre les Néerlandais du PSV Eindhoven pour la troisième place du Trophée Gamper, River a dû recourir à un maillot alternatif en raison de la similitude avec le maillot blanc de son adversaire. C’est alors que l’on a apporté en urgence et de manière inattendue dans le vestiaire du Camp Nou, les maillots aux couleurs « interdites » du grand rival, le jaune et le bleu de Boca, que le club avait utilisés comme deuxième maillot les années précédentes, notamment par un certain Johan Cruff.

« L’équipe néerlandaise s’est présentée tout en blanc, et River a donc dû recourir d’urgence à un maillot jaune alternatif utilisé les saisons précédentes par le club hôte, Barcelone. Il s’agissait d’un maillot de l’équipementier Mont Halt« , explique Maluf dans son livre. Avec le maillot du club organisateur, River a fait match nul 0-0 et il a fallu recourir à la séance de tirs au but pour déterminer qui allait finir sur le podium du tournoi.

Duel aérien lors de la rencontre entre River et le PSV en 1980.

Ce qui est d’autant plus curieux, c’est qu’en portant les mêmes couleurs que Boca, River s’est imposé 4-2 au terme d’une séance de tirs au but qui échappe généralement au club de Núñez – et qui, au contraire, est souvent favorable à son grand rival. Le gardien Ubaldo Matildo Fillol n’a pas arrêté un seul tir, mais deux Néerlandais – Van der Meulen et Valke – ont tiré à côté. Le seul Argentin qui à manquer son tir est Omar Labruna, le fils du célèbre Angel, entraîneur et légende du club.

En l’absence de vidéo (sur YouTube on trouve seulement des images du match contre Vasco da Gama), il reste néanmoins une poignée de photos du match contre le PSV Eindhoven pour témoigner d’un événement qui a vraiment eu lieu. River a joué avec la plupart de ses habituels titulaires – à l’époque on pouvait voir des joueurs jouer deux matches d’affilée en 24 heures – du coup on peut voir des coupures de presse de deux idoles arborant les maillots jaune et bleu (et bordeaux) : Norberto Beto Alonso et Ramón Díaz.

Beto Alonso fait la couverture du magazine Goles.

Bien que des collectionneurs de River aient essayé d’obtenir les maillots portés lors de ce match – qui, malgré le paradoxe, sont également considérés comme des objets cultes en raison de leur particularité – cela a été impossible jusqu’à présent (du moins c’est ce que l’on croit) car dès la fin du match, les joueurs ont dû les rendre à leur propriétaire, Barcelone. Cependant, Emiliano Abreu – propriétaire de plus de 600 maillots historiques de River et l’un des associés de Match Day Auctions, une société qui vend aux enchères des maillots portés pendant les matchs – a récupéré un maillot qui pourrait être l’une de ces rares exceptions.

Plus précisément, Abreu (@emi_coleccionmomumental sur Instagram) a ajouté à sa collection personnelle, il y a deux mois, un de ces maillots jaune, bleu et bordeaux que le FC Barcelone portait à la fin des années 1970. Au dos figure le numéro 16 qui, à l’époque où le banc des remplaçants était composé d’un gardien et de quatre joueurs, correspondait généralement à un attaquant. Leopoldo Jacinto Luque est entré en jeu en deuxième mi-temps contre le PSV : ce maillot correspond-il à celui porté par le santafesino, champion du monde 1978 à l’Argentine ? Abreu ne peut pas l’affirmer avec certitude.

Maillot de Barcelone avec le numéro 16 sur le dos

Peu de gens savent qu’en plus d’avoir porté le maillot du FC Barcelone, River a également porté celui de l’autre géant du pays, le Real Madrid. C’était en 1965, toujours en Espagne, lors d’un match amical au Santiago Bernabéu contre l’équipe locale : étant donné la similitude des maillots blancs du Real et de River, les Merengues ont prêté un maillot rouge aux visiteurs lors de ce match qui s’est terminé sur un score de 3-1 en faveur du club madrilène.

En outre, River a également joué avec le maillot d’une troisième équipe espagnole : c’était en 1975, lors d’un tournoi d’été à Huelva, dans le sud de l’Espagne, lors d’une confrontation face à l’Athletic Bilbao, qui arborait son traditionnel maillot blanc et rouge à rayures verticales. À l’époque, les délégations voyageaient avec un seul équipement. River a donc dû utiliser un autre maillot et, comme cela s’est produit cinq ans plus tard à Barcelone, l’équipe organisatrice du tournoi Colimbino, le Recreativo de Huelva, leur a prêté un jeu de maillots. Ce soir-là, River a joué en bleu et blanc et s’est incliné 5 à 3.

Si on recule encore plus loin dans le temps, cette situation de recours au maillot du club local en raison de la similitude avec le maillot de l’adversaire s’est également produite lors de la finale de la Copa Ibarguren 1942. La finale contre la Liga Cordobesa s’est jouée au Viejo Gasómetro, l’antre de San Lorenzo. Pour éviter toute confusion, on a prêté des maillots bleus avec des liserés rouges à River. En effet, les Millonarios ont joué avec le maillot de San Lorenzo, mais seulement pendant la première mi-temps. Après le coup de sifflet initial, un jeu de maillots est arrivé du Monumental, avec lequel la Maquina a fini par s’imposer sur un score fleuve de 7-0.

Le livre de Maluf passe en revue d’autres cas, comme lorsque River a joué avec des maillots de Belgrano de Córdoba en 1925, de Peñarol (Uruguay) entre 1928 et 1930, de San Martín de Tucumán et de l’Atlético Concepción en 1944, du Torino (Italie) entre 1951 à 1966 et de Cipolletti en 1966. On peut également évoqué un cas particulier lorsqu’en 2017, River a joué en vert contre Independiente en hommage au club brésilien de Chapecoense, après le tragique accident d’avion qui a touché l’équipe avant de disputer la finale de la Copa Sudamericana. Mais en bleu et jaune, comme contre le PSV, cela n’est arrivé qu’une seule fois.

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Les origines d’Estudiantes, club fondé par des supporters de Gimnasia

Ce 4 août marque le 118e anniversaire du jour où un groupe d’étudiants universitaires s’est réuni pour fonder le Club Atlético Estudiantes, une institution à l’histoire glorieuse dans le football argentin et international. Ce qui est curieux dans l’origine du Pincha, c’est que les éléments majeurs de sa création étaient des socios de Gimnasia.

Comment se fait-il que des membres de Gimnasia aient fondé Estudiantes ?

Bien avant de devenir triple champion d’Amérique (1968, 1969 et 1970), Estudiantes est né à La Plata, le 4 août 1905, dans le magasin de chaussures Nueva York, sur l’Avenida 7. C’est là qu’un groupe de jeunes lycéens et étudiants a signé l’acte fondateur du Club Atlético Estudiantes, dont l’activité principale serait le football masculin.

Ce groupe d’étudiants a pris une telle décision après avoir été « ignoré par d’autres institutions », selon la voix du Pincha sur son site officiel. Cette autre institution n’était autre que Gimnasia, son grand rival. Oui, Estudiantes a été fondé grâce à des socios du Lobo qui ont quitté le club.

Gimnasia y Esgrima La Plata existe depuis le 3 juin 1887. Ses activités principales étaient essentiellement des sports d’intérieur représentés par son nom (gymnastique et escrime), mais le club comptait également des membres qui jouaient au football. Fin 1904, leurs terrains ont été cédés à l’Université nationale de La Plata afin d’y construire l’internat du Collège national, ce qui a fait que les joueurs de football se sont retrouvés sans endroit où jouer.

Après de nombreuses discussions, le 4 août 1905, ce groupe de footballeurs du Tripero a fini par fonder Estudiantes. Et pour en rajouter sur les liens entre les deux équipes, le premier conseil d’administration du León fut présidé par Miguel Gutiérrez, qui, quelques années auparavant, avait exercé la même fonction à Gimnasia.

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Boca Juniors – River Plate : histoire du Superclásico

Boca Juniors contre River Plate, le clásico le plus réputé au monde, un des spectacles sportifs les plus importants, un match que tous les amoureux du football rêveraient de voir une fois dans leur vie de leurs propres yeux, à la Bombonera ou au Monumental. Mais comment en est-on arrivé là ? Découvrez l’histoire du Superclásico.

Les origines de Boca et de River

River Plate et Boca Juniors sont originaires du même quartier. En effet, les deux clubs sont nés dans le quartier de La Boca, dans la zone portuaire de Buenos Aires, aux racines génoises, et ont possédé leurs premiers terrains sur les Docks Sud du port de Buenos Aires.

Terrains de Boca et de River en 1938
Les terrains de Boca et de River, dans les Docks Sud du port de Buenos Aires (photo de 1938)

River Plate a déclaré sa fondation le 25 mai 1901, issu de la fusion des équipes du quartier, Santa Rosa et La Rosales. Néanmoins, tout indique que la fondation effective a eu lieu le 15 mai 1904. Le nom du club viendrait d’une des caisses déchargée pour la construction du quai n.3 où un des fondateurs, Pedro Martínez, aurait vu écrit River Plate, traduction en anglais de Río de la Plata. Ses couleurs ont toujours été le blanc et le rouge, les mêmes que le drapeau de Gênes, dont étaient issus de nombreux habitants de La Boca. River a disputé ses premiers matchs dans le Dock Sud du port de Buenos Aires, dans le quartier de La Boca, ce même quartier où le 3 avril 1905 Boca Juniors a fait son apparition.

Boca Juniors a ainsi été fondé le 3 avril 1905, par des adolescents, fils d’Italiens et voisins de La Boca, quartier de travailleurs immigrants et de forte identité Génoise (« Xeneize » en dialecte). Boca Juniors a connu trois ou quatre couleurs de maillots avant d’adopter le bleu avec une large bande jaune horizontale. La première couleur, le rose a été utilisé seulement lors de deux rencontres. Ensuite, le club a adopté un maillot blanc avec des fines rayures noires. Puis un maillot couleur céleste avec des lignes toutes fines blanches et bleues. C’est en avril 1906 que Boca Juniors a finalement commencer à vêtir le fameux maillot bleu et jaune, inspiré d’un drapeau vu sur un bateau suédois.

équipe de Boca Juniors en 1906
L’équipe de Boca Juniors 1906

De la même origine et séparés par seulement quelques rues, la rivalité a grandi naturellement. Mais cela a commencé à devenir incontrôlable à partir des années 1920, lorsque River a déménagé à Recoleta et a commencé à jouer au stade Alvear y Tagle. Finalement, River a fini par s’installer à Núñez dans les années 1930, le quartier huppé de la ville, où il a inauguré le stade Monumental. River s’est alors construit une image élitiste, contrastant avec la facette populaire de Boca, enraciné dans son quartier bien-aimé.

Malgré la distance, River n’a jamais oublié son vieux frère. Tout comme les xeneizes. Tous deux ont commencé à remporter des titres dans le football argentin, à compter sur de plus en plus de supporters et à nourrir une rivalité épique, qui paralyse l’Argentine et fait déchainer des passions qui contagient même les joueurs. Un duel entre Boca et River n’est pas un simple clásico. C’est un superclásico.

Quelques chiffres

Quand tout a commencé : certaines sources citent la rencontre du 02 aôut 1908, que Boca a remporté 2-1, à Dársena Sur. Mais, le premier match officiel a eu lieu le 24 août 1913 avec une victoire de River Plate 2-1, dans le stade du Racing.

Meilleur buteur : Ángel Labruna (River Plate): 16 buts

Qui a le plus gagné (en matchs officiels) : Boca Juniors – 92 victoires. River a gagné à 87 reprises. Il y a eu 84 matchs nuls.

Scores les plus larges : Boca Juniors 6-0 River Plate, le 23 décembre 1928

  • River Plate 0-4 Boca Juniors, 12 mars 1972
  • River Plate 5-1 Boca Juniors, 19 octobre 1941
  • River Plate 4-0 Boca Juniors, 19 juillet 1942

Pour plus de chiffres : River – Boca : le superclasico en chiffres

La naissance du Superclásico

Les deux institutions sont issues du même berceau, du même quartier, ont la même origine. Mais une d’elles ne s’y sentait pas bien, comme si l’environnement ne lui convenait pas, contrairement aux bleu et jaune. Du coup, ils sont partis pour rejoindre le quartier huppé de la ville. En héritage, ils ont seulement conservé les couleurs du drapeau génois sur leur maillot : le blanc et le rouge.

L'équipe de River Plate 1908
L’équipe de River Plate 1908

Une rivalité est née entre les deux clubs, remplie de chapitres électrisants, parfois tragiques, souvent polémiques et avec des stars de la plus haute lignée du football. Quand on pense au football argentin, on pense automatiquement à Boca et à River, le plus grand duel des Amériques. Un des plus importants au monde. C’est une rivalité qui dépasse l’entendement.

Pour un boquense, il est insupportable de perdre contre son ancien voisin qui a abdiqué de ses racines. Pour un millonario, perdre contre les bosteros provoque la plus grande des douleurs, une blessure dans son orgueil.

Un Superclásico, c’est la synthèse de toutes les caractéristiques que l’on retrouve lors d’un match à Buenos Aires : gros titres provocateurs, délire de des supporters avant le match, matchs rugueux, des beaux buts (parfois controversés), des dribbles, presque toujours une expulsion (ou deux, trois…), contestations de l’arbitrage et, bien sûr, beaucoup de chambrage de la part des vainqueurs pendant des semaines, voire des mois, voire des années.

La première confrontation

Après la naissance des deux clubs à La Boca, désireux de reprendre la trajectoire victorieuse du doyen du football argentin, le Alumni Athletic Club, Boca et River ont divisé leur vie quotidienne dans le quartier génois de la ville au début du XXe siècle et se sont affrontés pour la première fois entre 1908 et 1913, avec des matchs disputés tous les ans jusqu’à une interruption de près de dix ans, qui a débuté en 1919 et ne s’est terminée qu’en 1927, lorsque Boca a rencontré ses rivaux et a gagné 1-0.

Ainsi, la première confrontation entre les deux équipe a eu lieu le 2 août 1908 dans le petit terrain que les xeneizes possédaient dans la Dársena Sur du port de Buenos Aires. On sait seulement que les locaux l’ont emporté sur le score de 2-1, car à l’époque, on n’accordait pas beaucoup d’importance à ce jeu introduit par les Anglais par le port de Buenos Aires.

La première victoire de River a eu lieu le 24 août 1913 dans l’ancien stade en bois du Racing Club de Avellaneda et cela a eu une incidence majeure, car il s’agissait du tout premier match officiel entre les deux équipes. Cándido García et Antonio Ameal Pereyra, ont inscrit les buts des rouge blanc, et Marcos Mayer, celui de Boca. Score final 2-1.

La plus large victoire

Boca - River 1928
Match entre Boca et River en 1928 qui s’est terminé sur le score de 6-0

En 1928, Boca a gagné contre River sur le score sans appel de 6-0, résultat qui est aujourd’hui encore, le plus large de l’histoire du clásico, et qui démontre la bonne phase que vivait les xeneizes durant cette période, lors de laquelle ils ont même fait une tournée en Europe lors de laquelle ils ont remporté 15 victoires en 19 matchs, contre seulement 3 défaites et un nul.

Pour plus de curiosités sur le clásico : River-Boca : 10 curiosités sur le superclásico

Le « superescándalo »

C’est alors que le 20 septembre 1931, un duel fatidique surnommé « Super scandale » a décrété la grande rivalité entre les deux clubs.

Boca-River 1931
Boca-River 1931

Après que River ait ouvert le score au quart d’heure de jeu, l’arbitre de la rencontre a signalé un penalty polémique en faveur de Boca à la 28e minute, que Francisco Varallo s’est chargé de tirer. Le gardien de River, Jorge Iribarren, repousse le tir, puis la reprise, mais la balle revient dans les pieds de Varallo qui l’a pousse au fond des filets. Cependant, le joueur de Boca, confessa plus tard, qu’il avait commis une faute en tenant la jambe du gardien pour pouvoir marquer. L’arbitre, qui a validé le but, expulsa également 3 joueurs de River pour protestation. Les joueurs expulsés ont refusé de quitter la pelouse, ce qui a entraîné des incidents sur la pelouse, puis dans les tribunes. Les joueurs de River ont alors décidé de quitter le terrain, mécontents des décisions de l’arbitre.

La tension sur le terrain a fini par se refléter sur les supporters, provocant des conflits dans les tribunes et en dehors du stade.

Finalement, le tribunal pénal de la Liga Argentina de Football, décidera de punir River en donnant les points à Boca, qui a alors fini champion cette année-là. À partir de ce jour, les duels entre les deux équipes n’ont plus jamais été amicales, alors qu’il ne s’agissait que de la dixième rencontre de l’histoire entre les deux équipes.

Millonarios vs Bosteros

Après cet épisode, River a commencé à s’émanciper dans le football argentin et a impressionné tout le monde en recrutant des grands noms de l’époque comme Carlos Peucelle (pour 10 000 pesos en 1931) et Bernabé Ferreyra (pour 35 000 en 1932), des extravagances à l’origine du fameux surnom du club : les millonarios. Et cela a porté ses fruits car le club a remporté le titre national en 1932.

En 1938, River a inauguré son stade, le Monumental, qui est devenu le grand symbole de sa grandeur dans le football argentin, au point d’être le stade de prédilection de la Sélection Argentine. Lors de son inauguration, le club a invité Peñarol pour disputer la rencontre.

Deux ans plus tard, en 1940, Boca a répondu en inaugurant La Bombonera, qui est également devenu un symbole de la passion de Boca pour son quartier et ses supporters. Le match inaugural a eu lieu contre San Lorenzo.

La Máquina de River et le provocateur Labruna

La máquina de River
La máquina de River

Dans les années 40, la rivalité s’est intensifié avec la force des deux équipes dans le football argentin et la naissance de l’inoubliable « Máquina » du River multi-champion avec des joueurs comme Pedernera, Moreno, Loustau et Labruna. Ce dernier a inscrit 16 buts lors de rencontres face à Boca et a été l’un des plus grands symboles de l’inimitié millonaria envers le rival.

Labruna a même déclaré que s’il était entraîneur de Boca, « il ferait tout pour perdre tous les matchs juste pour abaisser son rival ». Aussi, Labruna avait pour habitude de se boucher le nez quand il allait jouer à La Bombonera pour provoquer son rival. La raison ? Le surnom de bosteros qu’ont donné les supporters de River à leurs rivaux, faisant allusion à la forte odeur provoquée par les fameuses inondations qui avaient lieu dans la zone de La Boca. Une autre explication autour de ce surnom vient de l’odeur d’une usine de briques située près du club, qui utilisait des déjections d’animaux comme matière première.

En 1942, River a fait son premier tour olympique en tant que champion d’Argentine au cœur de La Bombonera, après un match nul 2-2 contre son rival, exploit qu’il reproduira en 1955 et en 1985-1986. Boca n’a quant à lui fait qu’un seul tour olympique au Monumental contre River. C’était en 1969, aussi après un match nul 2-2 qui a permis au xeneize de remporter le titre national.

La tragédie de la Puerta 12

Tragédie de la Puerta 12
Tragédie de la Puerta 12

Après la belle époque de River dans les années 40 et l’équilibre entre les deux équipes dans les années 50 et 60, le clásico a fait les gros titres du pays à cause d’une tragédie. Le 23 juin 1968, après un match nul et vierge au Monumental, les supporteurs, qui souffraient non seulement du résultat sans saveur, mais également du froid, voulaient quitter le stade bondé de monde le plus rapidement possible.

Mais alors que les supporters de Boca se dirigeaient vers la porte 12, située dans un tunnel sombre et hostile sous les énormes marches qui composait la tribune des visiteurs, ils se sont retrouvés face à une porte fermée. Face à l’afflux massif de personnes qui poussaient pour descendre, cela a déclenché une véritable avalanche qui a coûté la vie à 71 personnes, par suffocation et par le choc de la chute lors de la dénommée «Tragédie de la puerta 12». Il y a eu également plus de 60 blessés. On dit que la propre police (du gouvernement dictatorial de Juan Carlos Onganía) a fermé la porte en représailles contre les supporters qui ont jeté des verres avec de l’urine et des excréments contre les policiers qui étaient dans les rues en dehors du stade.

Cela a été la plus grande catastrophe de l’histoire du football argentin. Et les coupables n’ont jamais été retrouvés ni accusés.

Les années 70 : les premières victoires continentales

Dans les années 70, le Superclásico a repris sa belle histoire avec des matchs décisifs. Tout d’abord en 1972 avec un hallucinant 5-4 pour River contre Boca, au stade de Vélez, qui est devenu l’un des matchs les plus incroyables de l’histoire du duel et aussi celui avec le plus grand nombre de buts marqués (l’ancien record datait de 1938 avec une victoire de River 5-3). Cette même année, River a éliminé son rival du Championnat National en demi-finale avec une victoire 3-2, mais a fini par s’incliner contre San Lorenzo en finale.

En 1976, lors de la première finale nationale entre les deux de l’histoire du football argentin, Boca a pris sa revanche. Boca et River se sont affronté pour le titre au Cilindro (stade du Racing), et c’est les xeneizes qui se sont imposés 1-0 grâce à un but de Suñé, titre qui a propulsé le club vers les victoires de ses premières Copa Libertadores, en 1977 et 1978.

Carlos García Cambón, meilleur buteur du superclásico

Carlos García Cambón
Carlos García Cambón

Avant cela, en 1974, une large victoire de Boca 5-2 contre River a consacré Carlos García Cambón, auteur de quatre buts, record encore aujourd’hui inégalé lors d’un superclásico. Bien que Boca vivait une belle période sur le plan continental, c’est River qui avait le dessus sur le sol national. Tout d’abord en 1977, lors d’un match décisif pour le championnat argentin, l’équipe s’est imposée 2-1 après avoir été mené au score, grâce à un but inscrit dans les dernières minutes par Pedro González, qui a quasiment assuré le titre en pleine Bombonera. L’année suivante, un clásico au Monumental s’est terminé sur la victoire de River 1-0 avec un but marqué par Labruna… Mais le fils ! Avec son père en tant que coach.

Les années 80 : River surclasse Boca

Dans les années 1980, River a pris l’avantage sur son rival lors des superclásicos. En mars 1980, les millonarios ont gagné 5-2 contre Boca en pleine Bombonera. En septembre 1981, nouvelle victoire sur le terrain xeneize 3-2 avec des buts de Kempes, Passarella et García. À noter que cette année-là, Maradona a disputé son premier superclásico en avril et a marqué un but lors de la victoire 3-0 de son équipe.

Plus tard, en 1986, River a achevé une année inoubliable en réalisant un tour olympique à la Bombonera avant le début de la rencontre pour célébrer le titre national, remporté près d’un mois avant la rencontre. Afin d’éviter les conflits, ils l’ont fait éloignés des tribunes et des virages où se trouvent les barras bravas de Boca. La fête a été d’autant plus grande que River a battu son rival 2-0, avec un doublé de Norberto Alonso. Cette même année, River a également remporté sa première Copa Libertadores et le mondial des clubs avec un effectif mémorable.

Durant ces années, Boca a connu une période de disette sur le plan national qui a duré de 1981 à 1992.

Les années 90 : River remporte des titres mais perd contre son rival

Dans les années 90, le duel a été marqué par des hauts et des bas. D’abord, River a appliqué un 3-0 (buts de Francescoli, Gallardo et Ortega) à son rival en pleine Bombonera en 1994, année lors de laquelle les millonarios ont remporté le titre en restant invaincu en championnat. Puis River a remporté une nouvelle Copa Libertadores en 1996.

Mais malgré sa belle équipe, River n’a gagné que 2 matchs sur 14 entre octobre 1992 et mai 1999 lors de duels nationaux disputés contre Boca, qui en a remporté 9 (et 3 matchs nuls). Un d’entre ces matchs a été la victoire 4-1 de Boca avec trois buts de Caniggia, le 14 juillet 1996, deux jours après le titre continental remporté par River.

Les années 2000 : le Boca de Bianchi

À la fin de la décennie, Boca a entamé une série de duels historiques face à son rival en Copa Libertadores. Sous le commandement de Bianchi, les Xeneizes ont éliminé River en quarts de finale, en 2000 sur un score de 3-0 sans appel lors du retour du légendaire Palermo après sa blessure, qui est entré en seconde période et a marqué le but de la victoire, faisant ainsi se taire l’entraîneur de River, Américo Gallego, qui avait déclaré avant le match que si Boca faisait jouer Palermo, il ferait jouer Enzo Francescoli, alors à la retraite, sous-entendant que l’attaquant de Boca n’était pas en état de fouler la pelouse.

La gallinita de Tévez

Mais le grand moment du superclásico en Libertadores a eu lieu en 2004, lors des demi-finales. River avait l’opportunité de mettre fin à l’hégémonie de Boca dans la compétition, qui avait remporté trois titres entre 2000 et 2003. Lors du match aller, Boca s’est imposé 1-0 à la Bombonera. Sans supporters visiteurs (ce qui deviendra la norme) afin d’éviter des confrontations entre supporters, la « bataille » a eu lieu sur le terrain, avec des discussions, des agressions verbales, des griffures, et des nerfs à fleur de peau. Lors du match retour, au Monumental, River a gagné 2-1, mais cette rencontre a été marquée par la célébration de Carlos Tévez (Boca) qui après avoir marqué a imité une poule pour provoquer les supporters de River, surnom qu’ils ont donné aux millonarios depuis 1966. Lors de la dispute des tirs au but, c’est Boca qui l’a finalement remporté, se qualifiant ainsi une fois de plus pour une finale.

La chute et la renaissance de River

En 2011, River a touché le fond en étant relégué en Primera B du football argentin, provoquant les moqueries des boquenses qui ont surnommé leur rival RiBer Plate.

Les millonarios ont ensuite relevé la tête, et en 2014 ont éliminé leur rival historique lors des demi-finales de Copa Sudamericana après un 0-0 à la Bombonera et une victoire 1-0 au Monumental. River a ensuite remporté la compétition.

L’attaque au gaz au poivré

En 2015, River a une nouvelle fois éliminé Boca, cette fois en huitièmes de finale de Copa Libertadores. Et avec une nouvelle polémique. Après avoir gagné 1-0 à la maison, River s’est déplacé à la Bombonera sachant qu’un nul lui suffisait. Après une première mi-temps sans but, alors que les deux équipes revenaient sur le terrain pour jouer la deuxième période, les joueurs de River ont été attaqués avec de la bombe lacrymogène gaz poivre faite maison par des supporters xeneizes, qui les ont aspergé lorsqu’ils se trouvaient dans le tunnel d’accès à la pelouse.

Quatre joueurs de River ont été gravement touchés aux yeux et à la peau par le gaz. Après plus d’une heure d’attente, l’arbitre a finalement décidé d’annuler le match et Boca a été éliminé par la Conmebol. Le club a également été condamné à une amende de 200 000 $ et à 4 matchs de la compétition à huit-clos. River finira par remporter la Libertadores, avec Gallardo à la tête de l’équipe.

En 2017, les deux équipes ont disputé la deuxième finale sur le plan national de l’histoire du Superclásico : la Supercopa Argentina, qui réunit le vainqueur du championnat (Boca) et celui de la Copa Argentina (River). Le match s’est disputé à Mendoza et River a gagné 2-0.

La Superfinale en Copa Libertadores

En 2018, le plus grand chapitre de l’histoire du superclásico s’est écrit : la finale de Copa Libertadores. Au match aller, à la Bombonera, les deux équipes se sont séparées sur un résultat nul 2-2. Pour le match retour, qui devait se jouer au Monumental, une série d’incidents, avec des supporters de River qui ont attaqué l’autocar de Boca et le manque d’organisation et de sécurité ont fait que le match a été reporté pour être disputé dans une ville, bien loin de Buenos Aires : au stade Santiago Bernabéu, à Madrid.

Et sur le sol espagnol, après avoir été mené au score, River l’a finalement remporté 3-1, résultat qui a couronné les millonarios lors de la plus grande finale de l’histoire, confirmant sa supériorité lors des matchs à élimination directe : sur 17 matchs éliminatoires ou décisifs, River en a gagné 12, contre seulement cinq victoires pour Boca.

Depuis, le duel entre les deux géants argentins se poursuit en terme de rivalité, de provocations et de polémiques. Avec les matchs sans supporters visiteurs, que ce soit au Monumental ou à la Bombonera, les bagarres en dehors du terrain ont diminué, mais cette rivalité se ressent toujours sur la pelouse. Lorsque les joueurs portent ces maillots, ils ressentent le poids de l’histoire et toute la pression entre anciens frères qui se détestent, mais qui dans le fond, n’auraient pas de raison d’exister l’un sans l’autre.

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La littérature et le cinéma regorgent d’histoires de grands menteurs qui ont accompli des exploits inimaginables. Des gens qui se sont fait passer pour des médecins, des personnes célèbres et même des pilotes de ligne. Il en va de même dans le domaine du sport. Un Brésilien a réalisé un exploit qui, de nos jours, serait impossible. Simplement en faisant semblant et en inventant des histoires, Carlos Henrique Raposo a réussi à vivre du football professionnel pendant 20 ans sans même taper dans un ballon.

Kaiser, le plus grand footballeur n’ayant jamais joué au foot

Né dans le Rio Grande do Sul en 1963, Carlos Henrique Raposo a toujours rêvé d’être célèbre. Il veut passer sa vie à voyager, être interviewé et à être aimé du public. Lorsqu’il se rend compte que le football est l’une des professions qui peut lui offrir tout cela et bien plus encore, Raposo décide de tenter sa chance pour devenir footballeur professionnel alors qu’il sait à peine taper dans un ballon.

Arrivé à Rio de Janeiro alors qu’il est encore gamin, il joue dans les équipes de jeunes de Botafogo et Flamengo, avant de commencer à passer d’un club à l’autre, échappant toujours aux matchs grâce à ses amitiés avec des journalistes, des grands noms du football (Carlos Alberto Torres, Ricardo Rocha, Renato Gaúcho, Romário, Edmundo, Gaúcho, etc.) et à son look d’athlète. C’est d’ailleurs du fait de sa ressemble avec le mythique Franz Beckenbauer qu’il a gagné le surnom de « Kaiser ». Vous l’aurez compris, ce n’est pas par rapport à ses capacités footballistiques. Généralement il signait des contrats très courts, de trois mois, touchait les primes à la signature et restait au club pendant cette période.

Carlos Kaiser, Gaúcho et Renato Gaúcho.
Carlos Kaiser, Gaúcho et Renato Gaúcho.

« C’est un ami à nous, une personne formidable, un être humain extraordinaire. Son problème, c’était le ballon (rires). Je ne l’ai jamais vu jouer nulle part. C’est le Forrest Gump du football brésilien. Il raconte des histoires, mais les dimanches après-midi à 16 heures, au Maracanã, il n’a jamais joué. J’en suis sûr« , a déclaré l’ancien défenseur Ricardo Rocha lors d’une interview accordée à globoesporte.com le 8 mai 2011.

Une tactique de Raposo consistait à dire qu’il n’était pas en forme et il passait deux semaines à s’entraîner et à courir autour du terrain. Au moment de jouer, il trouvait toujours une excuse.

« Je demandais à quelqu’un de me lancer le ballon et je manquais la balle. Ensuite, je touchais l’arrière de ma cuisse et je passais 20 jours à l’infirmerie. Il n’y avait pas de résonance (magnétique) à l’époque. Et quand les choses se corsaient, j’avais un ami dentiste qui me donnait un certificat attestant qu’il s’agissait d’un foyer INFECTIEUX dentaire ».

Carlos Henrique Raposo, dans une interview accordée à globoesporte, le 8 mai 2011.

Carlos Henrique Raposo, un escroc de génie

En 1986, par exemple, Raposo se rend dans un bar où il rencontre Maurício de Oliveira Anastácio, du Botafogo. Grâce à son charisme, Raposo réussit à convaincre le joueur de l’aider à réintégrer l’équipe alvinegra. Pour ce faire, le « roi de la ruse » prépare un faux CV dans lequel il prétend avoir joué pour le géant argentin Independiente, qui avait remporté la Copa Libertadores deux ans plus tôt. A ce moment-là, il y avait un un Carlos Enrique (sans le H) qui jouait à Independiente, une coïncidence qui l’a bien aidé.

Mais les mensonges ne suffisent pas. Pour ne pas éveiller les soupçons, Carlos doit changer fréquemment d’équipe. Renato Gaúcho, l’un de ses nombreux amis, l’emmène alors à Flamengo. Là, en plus d’utiliser son charisme et de simuler ses blessures, il se munit d’un faux téléphone (un jouet) avec lequel il fait semblant de négocier en permanence avec des équipes européennes (!).

Carlos Henrique Raposo

Il n’avait probablement pas imaginé qu’il irait aussi loin. Dès la fin de son contrat avec Flamengo, Carlos Kaiser connaît sa première expérience internationale en signant à Puebla, au Mexique. Il a ensuite joué à El Paso, aux États-Unis, au Gazélec Ajaccio, en France, ainsi qu’à Fluminense, Vasco, América, Palmeiras, Guaraní et Bangu.

Le jour où il a failli être démasqué

C’est à Bangu qu’il a failli être démasqué. En 1989, quelques minutes avant le début d’un match, le président Castor de Andrade exigea la convocation de Raposo. L’entraîneur de l’époque, Moisés, convoque alors l’attaquant, qui reste sur le banc. Alors que le match battait son plein et que Bangu était mené 2-0, certains supporters ont commencé à insulter le président alvirrubro. Alors qu’il s’échauffait pour entrer en jeu, Raposo décida de s’en prendre aux supporters, et de se battre avec eux, ce qui lui a valu de se faire expulser par l’arbitre. Dans les vestiaires, lorsque le président lui a demandé des explications, il s’est défendu en disant qu’il ne permettrait pas qu’on insulte son « deuxième père », ce qui lui a valu une fois pour toutes la sympathie de Castor de Andrade et un renouvellement de contrat de six mois (!).

Carlos Kaizer qui s'entraîne avec le Gazélec Ajaccio

Un événement peu commun s’est également produit en France, où le Kaiser a dû effectuer une séance d’entraînement devant le public. Nerveux et craignant d’être découvert, le Brésilien a dû faire preuve d’ingéniosité pour cacher ses carences avec le ballon : « Le stade était petit, mais il était plein. Je pensais que j’allais juste entrer pour saluer les supporters, mais il y avait beaucoup de ballons. Nous devions nous entraîner. Ils allaient se rendre compte que j’étais mauvais. J’ai commencé à prendre les ballons les uns après les autres et à les frapper vers les supporters tout en les saluant et en embrassant l’insigne sur le maillot. » Il a offert 50 ballons aux supporters et a gagné ainsi une nouvelle journée de tranquillité.

L’histoire de Carlos Henrique Raposo est même devenue un documentaire, en 2018, réalisé par Louis Myles, producteur de la BBC britannique, sous le nom de « Kaiser : The Greatest Footballer Never to Play Football » – (Kaiser, le plus grand footballeur n’ayant jamais joué au foot), un documentaire qui a par ailleurs été plutôt bien accueilli par le public et les critiques.

Raposo a annoncé sa « retraite » à l’âge de 41 ans, sans avoir jamais joué un match. Aujourd’hui, à 59 ans, il gagne sa vie en tant que personal trainer, mais tout le monde le connaît comme la plus grande arnaque du football mondial.

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